Moins d’un mois après avoir argumenté au tribunal que la situation sécuritaire en Haïti s’était améliorée pour retirer le TPS pour les immigrants haïtiens, l’administration Trump vient de relancer l’alerte maximale sur Haïti.
Le 15 juillet dernier, les autorités américaines ont élevé leur niveau d’alerte et déconseillent désormais formellement tout déplacement vers le pays.
Le département d’État des États-Unis a publié, lundi 15 juillet, un avis classant Haïti en niveau 4 – le niveau le plus élevé dans sa grille de recommandations aux voyageurs.
Cette décision intervient alors que le gouvernement américain a décidé de mettre fin au statut de protection temporaire (TPS) accordé à des centaines de milliers de ressortissants haïtiens vivant légalement aux États-Unis.
Selon le communiqué publié par le département d’État, la violence en Haïti atteint un niveau critique, notamment dans la capitale Port-au-Prince, où les gangs armés sont désormais qualifiés d’« organisations terroristes ».
« Haïti est sous état d’urgence depuis mars 2024. Les crimes impliquant des armes à feu sont fréquents : vols à main armée, carjackings, agressions sexuelles et enlèvements contre rançon », précise l’avis de sécurité cité par Black Enterprise.
Le document insiste également sur le risque élevé d’enlèvements, notamment ciblant les citoyens américains. Des cas de rançons s’élevant à plusieurs centaines de milliers de dollars ont été rapportés.
Toujours selon les autorités américaines, les hôpitaux haïtiens fonctionnent avec des moyens très limités, rendant toute réponse d’urgence difficile, voire impossible. Le département d’État rappelle qu’en cas d’incident grave, l’assistance consulaire pourrait être très restreinte.
L’avertissement concerne également les passages frontaliers entre Haïti et la République dominicaine. Washington met en garde ses ressortissants contre toute tentative de franchir illégalement la frontière, précisant que cela pourrait entraîner de lourdes amendes au moment de quitter le territoire dominicain.
Cette décision suscite une vive incompréhension au sein de la communauté haïtienne-américaine, qui dénonce une politique incohérente. Comment, demandent-ils, justifier le retour forcé de migrants haïtiens alors même que le pays est jugé trop dangereux pour les citoyens américains ?
« On nous dit que le pays est trop instable pour que des Américains s’y rendent, mais assez sûr pour que des Haïtiens y soient déportés ? », a commenté un militant interrogé par Black Enterprise, qui dénonce une incohérence grave et une politique à double standard.
À mesure que la situation sécuritaire se détériore et que les mécanismes d’aide humanitaire s’amenuisent, de nombreux Haïtiens sur le sol américain se retrouvent dans un état de grande incertitude.
Pour eux, l’éventuelle perte du TPS signifie le retour vers un pays en guerre ouverte, où ni l’État ni les institutions ne peuvent garantir leur sécurité.
L’alerte de niveau 4 publiée par les États-Unis ne fait que renforcer le sentiment que Haïti est désormais livrée à elle-même, hors d’atteinte des standards internationaux de protection et de gouvernance.