Wall Street s’effondre sous le poids des tarifs douaniers de Trump – une chute historique d’une moyenne de 5,76 % en une journée

Emmanuel Paul

Wall Street s’effondre sous le poids des tarifs douaniers de Trump – une chute historique d’une moyenne de 5,76 % en une journée

Une secousse majeure a frappé les marchés boursiers américains ce vendredi, entraînant une chute spectaculaire des indices principaux, alors que le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine atteint un nouveau sommet de tension.

Le Dow Jones a chuté de plus de 2 231 points, soit 5,5 %, provoquant un effet domino sur l’ensemble des places financières mondiales.

L’affolement des marchés fait suite à l’annonce par la Chine de l’imposition de droits de douane de 34 % sur l’ensemble des produits américains, une mesure de représailles directe face à la décision du président Donald Trump d’augmenter considérablement les taxes sur les importations chinoises – un taux qui devrait grimper jusqu’à 54 % dès le 9 avril, selon les estimations de CNN Business.

Le Dow Jones termine la semaine avec une baisse dépassant 10 % par rapport à ses plus hauts de décembre, entrant officiellement en phase de « correction ». Le S&P 500, indice de référence pour de nombreux investisseurs institutionnels, a enregistré la plus lourde perte avec 5,97 %, ce qui représente une destruction de valeur boursière de 5060 milliards de dollars en deux jours, selon Howard Silverblatt, analyste principal chez S&P Dow Jones Indices.

Le Nasdaq Composite, dominé par les entreprises technologiques, a plongé de 5,82 %, basculant en territoire baissier pour la première fois depuis 2022, avec un recul de plus de 20 % par rapport à son sommet, selon CNN.

Cette dégringolade représente la plus importante perte sur deux jours pour le Dow Jones depuis mars 2020, au début de la pandémie de Covid-19, comme le souligne Sam Stovall, stratège en chef des investissements chez CFRA Research.

« Les investisseurs réagissent à une série de signaux extrêmement négatifs. Les tarifs ne sont pas seulement une question de politique commerciale, ils touchent la structure même du commerce mondial », a-t-il expliqué sur CNN.

Depuis sa réélection, le président Trump a intensifié les tensions commerciales avec Pékin. En février, il a imposé un tarif supplémentaire de 10 % sur tous les produits chinois, doublé à 20 % en mars. L’annonce de cette semaine fait grimper ce taux à 54 %, une augmentation considérée comme explosive par les experts financiers.

« Les marchés réagissent peut-être insuffisamment, surtout si ces tarifs s’avèrent définitifs, étant donné les effets en cascade potentiels sur la consommation et le commerce mondiaux, » a alerté Matt Burdett, responsable des actions à Thornburg Investment Management.

Cette escalade tarifaire a ravivé les craintes d’un effondrement économique mondial. JP Morgan a revu à la hausse ses prévisions, estimant désormais à 60 % la probabilité d’une récession aux États-Unis et dans le monde en 2025, un chiffre qui pourrait encore augmenter si d’autres nations suivent la Chine dans cette spirale de mesures de rétorsion.

Lors d’une allocution vendredi près de Washington, le président de la Fed, Jerome Powell, a exprimé ses inquiétudes :

« Bien que l’incertitude demeure élevée, il devient désormais évident que les hausses de tarifs seront bien plus importantes que prévu. Il en sera probablement de même pour les effets économiques, qui incluront une inflation plus forte et une croissance plus lente. »

Il a mis en garde contre l’impact prolongé des hausses tarifaires sur l’inflation et le ralentissement accru d’une économie déjà fragile.

Paradoxalement, les dernières statistiques de l’emploi publiées vendredi révèlent que 228 000 emplois ont été créés en mars, contre 117 000 en février, selon le Bureau of Labor Statistics. Un résultat encourageant, mais largement éclipsé par la tourmente tarifaire.

« Malheureusement, le marché ne se concentre plus sur l’emploi, mais exclusivement sur les tarifs douaniers et les guerres commerciales, alors que les États-Unis jouent à un jeu dangereux avec le reste du monde, » a regretté Chris Zaccarelli, directeur des investissements chez Northlight Asset Management.

Les valeurs technologiques ont été particulièrement impactées. Apple, dont une grande partie de la production est localisée en Chine, a enregistré une baisse de 7,3 %, après avoir déjà subi une perte de plus de 9 % la veille. Les investisseurs manifestent une aversion marquée pour les actifs à risque.

Simultanément, les prix du pétrole se sont effondrés drastiquement. Le brut américain a plongé de 7,4 % à 61,99 $ le baril, atteignant son niveau le plus bas depuis 2021. Le Brent, référence internationale, a chuté de 6,5 %. Les inquiétudes concernant un ralentissement global de la demande énergétique pèsent considérablement.

L’or, traditionnellement valeur refuge, a connu une volatilité inhabituelle : après avoir culminé à 3 130 dollars l’once, il s’est replié aux environs de 3 030 dollars.

Dans une tentative d’apaiser les marchés, le président Trump a partagé un message encourageant suite à un échange avec To Lam, le secrétaire général du Parti communiste vietnamien :

« (Lam) m’a dit que le Vietnam souhaitait ramener ses tarifs à ZÉRO s’il parvenait à un accord avec les États-Unis. Je l’ai remercié au nom de notre pays et lui ai dit que j’attendais avec impatience une rencontre dans un avenir proche. »

Cette communication a momentanément ravivé l’optimisme des marchés. Nike, fortement implanté au Vietnam, a progressé de 3 %. Cependant, ce rebond fut éphémère.

L’indice VIX, communément appelé le thermomètre de la peur de Wall Street, s’est envolé de 50 %, témoignant d’une anxiété extrême. CNN indique que son indice « Fear & Greed » a atteint son plus bas niveau annuel, confirmant un climat de panique généralisée.

Les rendements des obligations du Trésor américain à 10 ans sont tombés nettement sous les 4 %, les investisseurs privilégiant les valeurs refuges, accentuant davantage la pression sur les marchés actions.

Face à cette augmentation des tarifs, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine menace de précipiter l’économie mondiale dans une récession prolongée. Les acteurs économiques, du particulier aux grandes entreprises, se préparent à traverser une période d’instabilité exceptionnelle.

Tandis que Trump affirme que « c’est le moment de s’enrichir comme jamais auparavant », la réalité des marchés et les signaux économiques racontent une tout autre histoire — celle d’un système mondial sous tension, à la croisée des chemins.

Basé sur un reportage de CNN. Traduction et adaptation par Emmanuel Paul.

 

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