Plus personne n’est épargné par la fureur des colons israéliens, plus que jamais déterminés à expulser les Palestiniens de leur propre territoire.
Une équipe de CNN a été attaquée ce week-end en Cisjordanie par un groupe de colons israéliens alors qu’elle enquêtait sur la mort suspecte d’un Américain de 20 ans.
Le journaliste Jeremy Diamond, basé à Jérusalem pour CNN, a confirmé que leur véhicule avait été pris pour cible lors d’un déplacement dans le village palestinien de Sinjil.
« La vitre arrière a été brisée, mais nous avons pu fuir sans blessure », a rapporté Diamond lundi soir sur le réseau X, précisant que cet épisode reflète « une infime partie de ce que vivent les Palestiniens quotidiennement face à la violence croissante des colons ».
L’équipe couvrait l’affaire Saif al-Din Kamil Abdul Karim Musalat, un citoyen américain d’origine palestinienne, décédé le 11 juillet.
Sa famille, installée à Sinjil, accuse des colons israéliens de l’avoir battu et d’avoir empêché les secours d’atteindre le jeune homme à temps. Ce drame a attiré l’attention internationale, notamment en raison de la nationalité de la victime.
L’armée israélienne a, une fois de plus, parlé d’une erreur et promet une énième enquête.
Selon Deadline, cette agression survient dans un climat déjà tendu pour les journalistes en Cisjordanie, en particulier ceux qui tentent de documenter les actes violents attribués aux colons israéliens.
La Foreign Press Association (FPA), qui représente des centaines de journalistes étrangers en Israël et dans les territoires palestiniens, a publié mardi un communiqué dénonçant une tendance inquiétante. « C’est la deuxième attaque contre des journalistes étrangers à Sinjil en juillet », a rappelé la FPA, citant un précédent incident survenu le 4 juillet contre une équipe de Deutsche Welle. « Les colons agissent en plein jour. Aucun suspect n’a été arrêté à ce jour », a souligné l’organisation, qui s’inquiète d’un sentiment d’impunité croissant, a rapporté Deadline.
D’autres attaques récentes ont également été documentées. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a, de son côté, évoqué le cas du journaliste palestinien Issam al-Rimawi, passé à tabac par des colons dans le village d’al-Mughayyir, jusqu’à en perdre connaissance. La FIJ alerte aussi sur des tirs de sommation de l’armée israélienne en direction de reporters, comme cela s’est produit le 28 mai près de Jénine, alors qu’un groupe de journalistes internationaux voyageait dans un véhicule estampillé « presse ».
Le 2 juin, des soldats israéliens masqués ont également empêché des reporters d’accéder à la région de Masafer Yatta, pourtant au centre d’un documentaire oscarisé, No Other Land. Les réalisateurs eux-mêmes avaient convié la presse pour témoigner de la situation.
Pour la FPA, ces incidents ne sont pas isolés. Elle affirme que l’armée israélienne empêche désormais systématiquement les journalistes d’entrer dans plusieurs camps de réfugiés palestiniens du nord de la Cisjordanie, où des milliers d’habitants ont été déplacés.
« L’espace laissé à la presse pour couvrir la vie des Palestiniens se réduit dangereusement », alerte la FPA, qui appelle le gouvernement israélien à garantir la sécurité des journalistes et à traduire en justice les auteurs de violences — qu’ils soient civils ou militaires.
Pendant ce temps, l’accès à la bande de Gaza reste fermé à la presse internationale, sauf cas exceptionnel dans le cadre d’un accompagnement de l’armée israélienne. Début juin, plus de 200 médias et ONG de défense de la liberté de la presse ont publié une lettre ouverte exigeant un accès immédiat, indépendant et sans restriction au territoire.