Les agents de l’immigration américaine ont effectué une nouvelle descente dans une entreprise familiale spécialisée dans la fabrication de barres nutritionnelles à Cato, dans l’État de New York.
Selon plusieurs témoignages recueillis par CNN, le raid a provoqué la panique parmi les employés et a fortement ralenti la production.
Lenny Schmidt, cofondateur et vice-président de Nutrition Bar Confectioners, raconte son expérience :
« Les agents envahissaient l’usine. Il y avait probablement plus d’une centaine d’agents, à pied, en quad, avec des chiens », a-t-il expliqué.
Les forces fédérales ont encerclé le site et forcé les portes de l’usine. « Ils ont pénétré de force dans le bâtiment… en utilisant, je crois, des pieds-de-biche », a ajouté Schmidt lors d’un entretien avec la journaliste Laura Coates.
À l’issue de plusieurs heures de fouilles, des dizaines d’employés ont été interpellés.
L’opération s’inscrit dans une campagne nationale visant les lieux de travail soupçonnés d’employer des sans-papiers.
À l’intérieur, la production s’est arrêtée net. Les sorties ont été scellées et les employés rassemblés dans des espaces clos.
« Ils ont encerclé tous nos travailleurs, semblant cibler uniquement les employés hispaniques », a dénoncé Schmidt. « Plus tard, ils les ont escortés vers des fourgonnettes. »
Un ouvrier guatémaltèque, résidant légal aux États-Unis, a confirmé la scène. « Ils ont entouré le bâtiment. Tout le monde a eu peur », a-t-il témoigné.
Selon lui, les agents n’ont montré aucun mandat et n’ont pas donné de justification. « Ils nous ont demandé de quel pays nous venions, si nous avions la permission d’être aux États-Unis. Ils exigeaient nos papiers. »
Après avoir présenté sa carte d’identité, il a été relâché. Mais il a précisé que certains collègues disposant de permis de travail avaient pourtant été emmenés.
L’entreprise défend sa légalité
Nutrition Bar Confectioners, fondée en 1978, affirme respecter toutes les obligations légales.
« Nous vérifions chaque personne selon les lois en vigueur et nous obtenons les documents nécessaires », a insisté Schmidt. « Tous nos employés disposent des pièces requises pour travailler légalement. »
Pourtant, l’ICE a confirmé à la chaîne locale WSTM que l’intervention faisait partie d’une « opération d’application de la loi autorisée par un tribunal ». L’agence n’a pas fourni de détails supplémentaires. Environ 60 personnes auraient été arrêtées, selon des témoins interrogés par CNN.
Cette descente n’est pas un cas isolé. Le même jour, une opération similaire a eu lieu à Ellabell, en Géorgie, sur un site de Hyundai. Selon les autorités, 475 travailleurs, en majorité des ressortissants coréens, ont été interpellés. Il s’agit de la plus vaste opération menée jusqu’ici dans le cadre de la politique de fermeté du président Donald Trump contre l’immigration sur les lieux de travail.
Depuis plusieurs mois, l’administration cible particulièrement les secteurs de la fabrication et de l’agriculture, où la main-d’œuvre immigrée est souvent majoritaire.
La gouverneure de New York, Kathy Hochul, a fermement dénoncé l’opération de Cato :
« Ce qu’ils ont fait, c’est briser des familles travailleuses qui cherchent simplement à bâtir une vie ici, comme des millions d’immigrés avant eux », a-t-elle déclaré.
Des travailleurs traumatisés
Au-delà des arrestations, l’impact humain est considérable. Certains employés libérés sont revenus travailler immédiatement.
« C’est déchirant… J’ai vu l’un d’eux pointer en rentrant. J’ai été bouleversé. Je lui ai serré la main et je l’ai pris dans mes bras », a raconté Schmidt, affirmant que la production est gravement affectée.
« Nous allons tourner probablement à la moitié de notre capacité, voire moins, jusqu’à ce que nous retrouvions certains de nos employés », a regretté le vice-président de Nutrition Bar Confectioners, dans un entretien à CNN.
L’entreprise prévoit de lancer dès ce week-end un processus de recrutement pour remplacer les travailleurs arrêtés. Mais pour Schmidt, l’avenir reste sombre.
« Ce qui nous rend performants, ce sont nos merveilleux employés. Nous espérons et prions pour qu’ils soient en sécurité, qu’ils rentrent auprès de leurs familles et, espérons-le, qu’ils reprennent le travail. »
La petite ville de Cato, située à 30 miles de Syracuse, dépend largement de l’activité de cette usine. Le raid a créé un choc dans cette communauté rurale où de nombreux immigrés, notamment originaires du Guatemala et du Nicaragua, contribuent au tissu économique local, a fait remarquer CNN.
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