Pour l’administration Trump, tous les moyens sont bons quand il s’agit d’atteindre les chiffres de déportations visés.
L’agence fédérale ICE (Immigration and Customs Enforcement) utilise désormais une application sophistiquée pour localiser les personnes susceptibles d’être expulsées rapidement, alors que l’administration Trump redouble d’efforts pour atteindre des objectifs de déportation jugés sans précédent.
Conçue pour faciliter les arrestations, l’application permettrait aux agents de localiser en temps réel des personnes faisant l’objet d’ordres d’expulsion.
L’outil — dont une version préliminaire aurait été appelée ATRAC (Alien Tracker) — est présenté comme une carte interactive où s’affichent des “points chauds” de présence de migrants en situation irrégulière.
Selon The New York Times, plus de 700 000 individus y sont répertoriés, avec des profils structurés à la manière de fiches d’identité simplifiées.
Garrett Ripa, directeur du bureau ICE à Miami, a expliqué au journal : “La carte thermique indique où les ordres définitifs de renvoi peuvent être exécutés. L’agent peut ensuite zoomer sur ces zones pour intervenir.”
Le développement de cette technologie aurait bénéficié du concours du milliardaire Elon Musk et de sa société DOGE, avant que celui-ci ne se retire du projet récemment, toujours selon The New York Times cité par The Independent.
L’efficacité de l’outil repose sur la mise en commun de données issues de plusieurs agences gouvernementales, notamment le FBI, l’ATF (Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives), le U.S. Marshals Service, et même la Sécurité sociale. Des projets d’intégration de données supplémentaires — provenant des services du logement, du travail, de la santé ou encore de l’IRS — sont à l’étude, selon les informations obtenues par The Independent.
L’agence fédérale en charge de l’immigration dit également compter sur la collaboration de la population générale pour fournir des informations pouvant conduire à l’arrestation d’immigrants. Elle a d’ailleurs félicité les personnes ayant déjà appelé la Tip Line.
Dans une vidéo publiée le mois dernier sur X (anciennement Twitter), l’ICE montre l’arrestation de plusieurs hommes devant un magasin à Baltimore. En légende, l’agence écrit : “Quand vous appelez notre Tip Line, nous écoutons !”, a fait remarquer The Independent.
Ces dispositifs s’inscrivent dans une campagne stratégique menée par Stephen Miller, conseiller principal de du président Donald Trump et architecte de sa politique anti-immigration.
The Wall Street Journal rapporte qu’il aurait sommé les responsables d’ICE d’intensifier les arrestations après des résultats inférieurs aux ambitions présidentielles.
Toujours selon ce média, Miller aurait demandé aux dirigeants de l’agence s’ils pensaient pouvoir atteindre le chiffre symbolique d’un million d’expulsions d’ici la fin de l’année. Il aurait même proposé de cibler des lieux comme les parkings de Home Depot ou les magasins 7-Eleven pour identifier des migrants à interpeller, rapporte The Independent.
Dans plus de 20 États, les agents auraient reçu l’ordre d’arrêter des migrants dans les tribunaux — y compris juste après que leurs affaires ont été classées sans suite — ou dès l’émission d’un ordre de renvoi par un juge, d’après des documents internes obtenus par The Washington Post.
Ces directives auraient été à l’origine d’une vague d’interventions musclées, notamment dans le comté de Los Angeles, où des manifestations ont dégénéré en affrontements violents avec la police. En réaction, le président américain avait autorisé le déploiement de 4 000 membres de la Garde nationale.
Les immigrants présents depuis moins de deux ans aux États-Unis seraient, dans de nombreux cas, directement placés dans une procédure de renvoi accéléré sans avoir accès à une audience devant un juge.
Les spécialistes de l’immigration conseillent désormais aux immigrants en situation irrégulière, et à ceux présents depuis moins de deux ans aux États-Unis, de limiter leurs déplacements dans la mesure du possible.
Au sein des communautés haïtiennes, ce sont des milliers de personnes qui sont maintenant susceptibles d’être expulsées, avec la décision de la Cour suprême ayant autorisé l’administration Trump à révoquer le statut légal des bénéficiaires du programme de libération conditionnelle, mieux connu sous le nom de programme Biden.
Pour les détenteurs du statut de protection temporaire, ils peuvent désormais respirer pour l’instant en attendant la décision de l’administration ou du juge en charge du dossier.
Sources : The Independent, The New York Times, The Wall Street Journal, The Washington Post