Au moins 3 141 personnes ont été tuées en Haïti entre le 1er janvier et le 30 juin 2025, selon un rapport accablant publié ce 11 juillet par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH).
Le rapport souligne que l’escalade de la violence des gangs en dehors de Port-au-Prince a franchi un seuil critique, faisant plus de 1 000 morts et provoquant le déplacement forcé de centaines de milliers de personnes entre octobre 2024 et juin 2025.
Une violence qui s’étend au-delà de Port-au-Prince
Alors que Port-au-Prince était déjà en proie à l’insécurité, les gangs étendent désormais leur emprise vers le Bas Artibonite, le Centre, et les zones frontalières avec la République dominicaine, où 1 018 personnes ont été tuées, 213 blessées et 620 autres enlevées.
Le massacre de Pont Sondé (octobre 2024, plus de 100 morts) a marqué un tournant, déclenchant une spirale de représailles entre gangs et milices d’autodéfense.
A Mirebalais, une ville d’environ 100 000 habitants, a été entièrement vidée de sa population sous la pression des violences.
« Les violations des droits humains en dehors de Port-au-Prince s’intensifient dans les régions du pays où la présence de l’État est extrêmement limitée. La communauté internationale doit renforcer son soutien aux autorités, qui sont les premières responsables de la protection de la population haïtienne », a déclaré Ulrika Richardson, Coordonnatrice résidente des Nations Unies et cheffe par intérim du BINUH,
Le rapport met en lumière l’absence criante de l’État dans les zones rurales, laissant les civils sans protection ; des exécutions sommaires commises aussi bien par les gangs que par des groupes d’autodéfense, voire des forces de sécurité ; et un bilan macabre de 4 864 assassinats recensés sur l’ensemble du pays sur la même période.
Malgré le déploiement d’unités policières spécialisées et l’appui de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), les autorités peinent à reprendre le contrôle.
Risques régionaux et appels à l’action
L’ONU alerte sur les dangers d’une contagion régionale, avec une augmentation du trafic d’armes et d’êtres humains vers les pays voisins, insistant sur l’urgente nécessité de renforcer l’embargo sur les armes et d’appuyer les institutions judiciaires haïtiennes.
« Le peuple haïtien est pris au piège entre la terreur des gangs, les abus des milices et les violations commises par les forces de sécurité. La communauté internationale doit agir maintenant », a déclaré le Haut-Commissaire aux droits de l’homme.
Le rapport alerte sur l’expansion territoriale des gangs qui menace désormais la stabilité du pays et sous-région des Caraïbes. Il recommande de doter la police haïtienne de ressources et de formation adéquates pour lutter contre les gangs, dans le respect des droits humains ; de créer des tribunaux spécialisés pour juger les crimes de masse et la corruption ; de maintenir le BINUH à pleine capacité pour soutenir la gouvernance haïtienne ; d’étendre la mission MMAS et d’appliquer strictement l’embargo sur les armes.
Alors que Haïti sombre dans un chaos sans précédent, le rapport de l’ONU sonne comme un ultime avertissement : sans une mobilisation internationale massive et une réforme en profondeur de l’État, le pays ne pourra pas se redresser.