L’étudiant de l’Université Columbia Mahmoud Khalil, qui détient une carte de résidence aux États-Unis, pourrait bientôt recouvrer sa liberté.
Un juge fédéral a suspendu, mercredi, la détention du citoyen palestinien emprisonné depuis plus de trois mois sans accusation pénale. Cette décision pourrait permettre sa libération dès vendredi, sauf si l’administration Trump fait appel d’ici là, comme l’a rapporté The New York Times.
Le juge Michael E. Farbiarz, chargé du dossier, a bloqué l’usage d’une loi peu appliquée, invoquée par le secrétaire d’État Marco Rubio qui considérait la présence de M. Khalil comme une menace pour la politique étrangère des États-Unis. Toutefois, le magistrat a reporté l’entrée en vigueur de sa propre ordonnance à vendredi matin, à 9 h 30, pour laisser aux autorités le temps de formuler une réponse judiciaire, selon The New York Times.
Dans sa décision, le juge a noté que Khalil risquait de subir des conséquences irréparables s’il restait détenu, notamment « des atteintes à sa réputation et à sa carrière, ainsi qu’à sa liberté d’expression », peut-on lire dans la citation tirée de The New York Times.
M. Khalil, diplômé de l’Université Columbia, a été arrêté en mars dans le cadre des mesures prises par l’administration Trump contre les manifestations pro-palestiniennes sur les campus.
Il fut l’un des premiers étudiants non citoyens ciblés dans ce contexte, a rappelé le journal new-yorkais.
Le département d’État avait justifié cette arrestation en avançant que Khalil aurait contrevenu à l’intérêt national en lien avec la lutte contre l’antisémitisme. Mais le juge Farbiarz a estimé que cette base juridique ne pouvait justifier une détention ou une expulsion, la qualifiant implicitement d’inconstitutionnelle.
L’un de ses avocats, Ramzi Kassem, co-directeur de la clinique juridique CLEAR à la City University of New York, a salué la décision :
« Mahmoud a maintenu depuis le premier jour que le gouvernement ne pouvait pas le détenir ou l’expulser sur la seule parole de Rubio. Aujourd’hui, le tribunal lui a donné raison », a-t-il déclaré, cité par The New York Times.
Toutefois, cette décision ne clôt pas l’affaire.
Des semaines après son arrestation, les autorités ont avancé de nouvelles accusations : Mahmoud Khalil aurait omis de mentionner certaines affiliations associatives lors de sa demande de carte verte. Des allégations que ses avocats réfutent fermement, mais elles pourraient théoriquement être utilisées pour prolonger sa détention ou entamer une procédure de déportation.
Le juge a toutefois estimé qu’il est « très improbable » que ces seuls éléments suffisent à le garder emprisonné, selon The New York Times.
Le flou demeure : si les autorités utilisent ces motifs alternatifs pour relancer une procédure, M. Khalil pourrait ne pas être libéré vendredi comme prévu. Le juge Farbiarz a précisé que sa décision d’interdiction de déportation ne s’appliquait qu’au motif initial lié au secrétaire d’État, laissant la porte ouverte à d’autres démarches administratives.
La famille de Mahmoud Khalil, installée à New York, espère un retour rapide.
Son épouse, le Dr Noor Abdalla, a exprimé son souhait de voir son mari à la maison à temps pour la fête des Pères :
« Je ne me reposerai pas tant que Mahmoud ne sera pas libre, et j’espère qu’il pourra être avec nous pour vivre sa première fête des Pères avec Deen dans ses bras », a-t-elle confié à The New York Times.
Khalil n’est pas le seul concerné. Plusieurs autres étudiants ou résidents permanents visés pour des raisons similaires, comme Rumeysa Ozturk, Badar Khan Suri et Mohsen Mahdawi, ont été libérés ces dernières semaines.
Une autre résidente permanente, Yunseo Chung, n’a même pas été arrêtée après une décision judiciaire empêchant sa détention dans un contexte similaire.
L’affaire Khalil, qui a suscité de vives inquiétudes en matière de liberté d’expression et de respect des droits constitutionnels, continue de faire écho dans le monde universitaire et parmi les défenseurs des droits civiques.