Un juge fédéral de New York a imposé mercredi un nouveau revers à l’administration Trump, en exigeant la reprise immédiate d’un programme de protection destiné aux jeunes immigrants victimes de violences.
La décision intervient plusieurs mois après la suppression de ce dispositif par les services fédéraux d’immigration, privant des milliers de jeunes d’un filet de sécurité essentiel.
Un programme suspendu en juin et jugé indispensable par la justice
Le juge fédéral Eric Komitee, de la cour de district de Brooklyn, a ordonné à U.S. Citizenship and Immigration Services (USCIS) de recommencer à examiner les demandes de protection contre la déportation déposées par les bénéficiaires du statut Special Immigrant Juvenile (SIJS). Ce statut est accordé aux enfants et adolescents ayant été abusés, négligés ou abandonnés par un parent, après une procédure conjointe d’État et fédérale.
L’USCIS avait brusquement mis fin en juin à un programme lancé en 2022 permettant à ces jeunes, souvent sans ressource ni soutien familial, de demander une protection temporaire contre l’expulsion en attendant qu’un visa devienne disponible. Le juge a suspendu cette décision gouvernementale le temps que la procédure judiciaire, initiée par plusieurs plaignants en juillet, suive son cours.
Un droit de « respirer » le temps qu’un visa devienne disponible
Le statut SIJS, créé en 1990 avec un rare soutien bipartisan au Congrès, ne confère pas automatiquement la résidence légale permanente. Il permet toutefois aux bénéficiaires de demander un visa et, à terme, une carte verte. Mais les quotas annuels provoquent des délais parfois interminables, en particulier pour les ressortissants de certains pays d’Amérique latine.
Sous l’administration Biden, les jeunes dotés du statut SIJS pouvaient obtenir une protection contre la déportation ainsi qu’un permis de travail, en attendant que leur tour arrive sur la liste d’attente des visas. Depuis la suppression du programme par le gouvernement Trump, ces jeunes se retrouvaient immédiatement exposés à l’expulsion, sans droit de travailler légalement — et surtout sans possibilité d’obtenir la résidence permanente en cas de renvoi vers leur pays d’origine.
Pour l’avocate Stephanie Ellie Norton, du National Immigration Project et représentante des plaignants, la décision judiciaire vient rappeler une évidence juridique et humaine. Elle a déclaré :
« Le cœur de la décision du tribunal, c’est que le gouvernement ne peut pas simplement retirer le tapis sous les pieds de centaines de milliers de jeunes comme il l’a fait, sans tenir compte de la manière dont ils ont construit toute leur vie autour de la politique existante. »
Un impact immédiat pour les jeunes protégés et les nouveaux demandeurs
L’ordonnance du juge est claire :
- Les anciens bénéficiaires du programme pourront de nouveau renouveler leur demande de protection ;
- Les nouveaux demandeurs auront le droit de soumettre une requête ;
- L’USCIS devra également reprendre le traitement des demandes de permis de travail associées à ce statut.
Le ministère de la Sécurité intérieure (DHS) et l’USCIS n’ont pas réagi publiquement à la décision. Selon The Independent, les agences « n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires ».
Un litige majeur pour l’avenir des protections humanitaires
La procédure judiciaire se poursuit, le juge n’ayant pas encore statué sur la certification d’un recours collectif. Pour les organisations de défense des droits des immigrants, cette affaire pourrait devenir l’un des dossiers les plus importants de l’ère Trump en matière de protection humanitaire.
En attendant, la décision offre un répit bienvenu à des milliers de jeunes souvent arrivés très tôt aux États-Unis, scolarisés, et engagés dans des démarches administratives longues et complexes. Beaucoup affirment avoir fondé leur vie sur la stabilité que leur apportait la mesure mise en place avant son abrogation.



