L’administration Trump a récemment procédé à l’expulsion d’un joueur de football professionnel Vénézuélien vers le Salvador après avoir mal interprété son tatouage comme un symbole d’affiliation à un gang, selon les déclarations de son avocate.
Ce tatouage n’était en réalité qu’un hommage à son équipe de cœur, le Real Madrid.
Jerce Reyes Barrios, d’origine vénézuélienne, s’était exilé de son pays natal après avoir participé à des manifestations s’opposant au gouvernement autoritaire de Nicolás Maduro.
Entré légalement sur le territoire américain, il avait initié une demande d’asile. Toutefois, son tatouage, figurant une couronne sur un ballon de football accompagnée du mot « Dios », a été considéré par les autorités comme une preuve d’appartenance au gang Tren de Aragua.
Son avocate, Linette Tobin, a réfuté cette allégation, précisant que le tatouage était simplement inspiré du Real Madrid. « DHS allègue que ce tatouage prouve une affiliation à un gang. En réalité, il l’a choisi parce qu’il ressemble au logo de son équipe de football préférée », a-t-elle déclaré à HuffPost.
Malgré la présentation de documents attestant de son casier judiciaire vierge et plusieurs témoignages confirmant son absence de liens avec tout gang, Reyes Barrios a été placé en détention sécurisée, puis transféré au Texas avant d’être déporté au Salvador sans avertissement.
L’administration Trump s’est appuyée sur l’Alien Enemies Act, une législation peu utilisée, pour justifier la déportation de centaines de migrants vénézuéliens vers le Salvador. Cette loi autorise le président à ordonner l’arrestation et l’expulsion d’individus jugés « ennemis » sans procédure judiciaire classique.
Bien qu’un juge fédéral ait suspendu les expulsions sous cette loi, des vols ont continué, violant une injonction verbale exigeant leur arrêt. L’administration Trump persiste à considérer le gang Tren de Aragua comme une menace terroriste liée au régime vénézuélien, une position vivement contestée par les avocats et défenseurs des droits humains.
Reyes Barrios fait partie d’un groupe de migrants transférés dans une prison salvadorienne, connue pour ses conditions de détention particulièrement préoccupantes.
Dans un document présenté devant une cour américaine, l’American Civil Liberties Union (ACLU) a alerté sur les mauvais traitements et les disparitions forcées qui y sont documentés. « Si le président peut désigner n’importe quel groupe comme ennemi sous cette loi, alors il n’y a aucune limite à qui peut être envoyé dans une prison salvadorienne », a déclaré Lee Gelernt, avocat de l’ACLU, cité par HuffPost.
Un autre cas notable concerne un migrant identifié par les initiales JABV. Repéré par son frère dans une vidéo sur les réseaux sociaux, il possédait pourtant un casier judiciaire vierge et attendait une audience pour sa demande d’asile. Son avocat, Osvaldo E. Caro-Cruz, a contesté l’identification erronée, soulignant que ses tatouages—représentant une rose, une horloge et une couronne avec le prénom de son enfant—n’avaient aucune connexion avec des organisations criminelles.
Malgré des décisions de justice favorables pour certains migrants, d’autres n’ont pas bénéficié de cette protection. Plusieurs avocats ont signalé que leurs clients avaient été précipitamment conduits vers des aéroports et embarqués sur des vols vers le Salvador, parfois sans préavis.
Le président salvadorien Nayib Bukele, grand fan de Trump, a diffusé des images de migrants déportés arrivant dans les centres pénitentiaires du pays, défiant ouvertement l’ordonnance du juge américain interdisant ces déportations. Entre-temps, les défenseurs et les proches des migrants demeurent sans contact avec de nombreuses personnes déportées au Salvador, ignorant leur situation actuelle.
Face à ces déportations considérées comme arbitraires, les organisations de défense des droits humains réclament une révision des protocoles employés par l’administration Trump. L’ACLU et divers avocats exigent le retour des migrants expulsés aux États-Unis pour poursuivre légalement leurs procédures d’asile.
Une porte-parole du Département de la Sécurité intérieure (DHS), Tricia McLaughlin, a néanmoins défendu ces expulsions, affirmant que les preuves collectées par les services de renseignement justifiaient ces mesures. « Nous sommes confiants dans nos conclusions », a-t-elle déclaré à HuffPost.