Un drone explose sur une base SWAT à Kenscoff, deux agents tués

Darbouze Figaro

Une explosion de drone, survenue dans des circonstances troubles sur la base des agents de l’unité d’élite SWAT engagés sur le front à Kenscoff, commune située à l’est, en altitude, au-dessus de Port-au-Prince, a coûté la vie à deux agents le mardi 19 aout 2025. Cet incident, qualifié « d’erreur fatale » par un syndicat de police, intervient dans un contexte sécuritaire extrêmement tendu dans la commune, marqué par de récentes prises d’otages.

Le drame a frappé en plein cœur d’un bastion de l’ordre. Une déflagration, causée par l’explosion d’un engin volant, a secoué la base abritant les agents d’’unité d’élite de la Police Nationale d’Haïti (PNH) à Kenscoff. Le bilan est lourd : deux policiers ont perdu la vie et cinq autres ont été blessés, selon le maire de la commune, Massillon Jean, qui a confirmé les faits sans toutefois en détailler les circonstances exactes, renvoyant la communication à la hiérarchie policière.

Une « erreur fatale » et une absence de coordination

La version avancée par une source syndicale pointe du doigt un grave dysfonctionnement interne. Sidel Mathieuiny, porte-parole du Syndicat National des Policiers Haïtiens (SYNAPOHA), a évoqué sans ambages une « erreur fatale » attribuée à une « absence de coordination entre les unités terrestres et les services de contrôle aérien ». Cette déclaration laisse entendre que le drone à l’origine de l’explosion pourrait être un appareil ami, dans le cadre d’une opération qui aurait tragiquement mal tourné.

En réaction à cette tragédie, le directeur général a.i de la PNH, André Jonas Vladimir Paraison, s’est rendu sur place dans la soirée pour tenter de soutenir le moral des troupes, ébranlé par la perte de leurs collègues.

La version officielle du gouvernement : un « accident »

En fin de soirée, le gouvernement est sorti de son silence par le biais d’un communiqué officiel. Contredisant partiellement la thèse de l’erreur interne, la version étatique apporte un élément nouveau et surprenant. Elle qualifie l’événement « d’accident » et avance que le « drone kamikaze » aurait été « transporté par des habitants dans un geste de bonne foi » avant d’exploser sur le site.

Au nom de l’État, le Premier Ministre, Alix Didier Fils‑Aimé, également Président du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), a rendu hommage  au courage, au dévouement et au sacrifice des forces de l’ordre. « L’État réaffirme solennellement qu’aucun sacrifice ne sera vain », assure le communiqué, promettant de « renforcer la sécurité nationale et affirmer sans équivoque l’autorité de l’État ».

Un contexte sécuritaire délétère

Cet incident dramatique survient après une nouvelle journée de violences à Kenscoff. Tôt mardi matin, des bandits armés ont une nouvelle fois envahi l’orphelinat Sainte Hélène de l’organisation Nos Petits frères et sœurs. Selon le maire Massillon Jean, les assaillants y ont kidnappé au moins deux personnes et ont volé une ambulance ainsi que des réserves de nourriture.

Cet établissement était déjà au cœur de l’actualité tragique du pays après l’enlèvement, le dimanche 3 août dernier, de neuf personnes, dont la responsable irlandaise Gena Heraty et un enfant de trois ans. Le maire a indiqué ce mardi qu’au moins cinq de ces otages avaient été libérés, sans pouvoir révéler leur identité.

Face à cette escalade, les craintes sont vives. Interrogé par Le Nouvelliste, le maire Massillon Jean a exprimé son inquiétude : « Je crains que cet incident n’affecte le moral des policiers sur le terrain. L’ennemi peut aussi profiter de cette situation pour lancer des attaques ».

Alors que la PNH mène vraisemblablement une enquête pour élucider les circonstances exactes de cette explosion, la population de Kenscoff et la nation toute entière restent sous le choc, partagées entre le deuil et la crainte d’une nouvelle dégradation de la sécurité dans la zone.

https://ctninfo.com/fr/un-drone-explose-sur-une-base-swat-a-kenscoff-deux-agents-tues/

https://x.com/CtNinfo/status/1957821826043900013

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