Un citoyen canadien, résident permanent et fervent partisan de Trump, s’est vu refuser l’entrée aux États-Unis après des décennies de présence

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul
Journalist/ Storyteller
Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Chris Landry, citoyen canadien détenteur d’une carte verte et installé aux États-Unis depuis l’âge de trois ans, a été refoulé à la frontière alors qu’il tentait de revenir au pays dimanche dernier, après une visite familiale au Canada.
Âgé de 46 ans, Landry vit à Peterborough, dans le New Hampshire, où il travaille dans l’industrie manufacturière. Il rentrait de Nouvelle-Écosse avec plusieurs de ses enfants — tous citoyens américains — lorsqu’il a été intercepté au poste frontalier de Houlton, dans le Maine.
Il affirme avoir été retenu pendant environ cinq heures. « Je me sentais traité comme un criminel », a-t-il confié à la chaîne WMUR, décrivant l’expérience comme « un véritable cauchemar éveillé ».

« Je suis résident légal depuis 1981 », a-t-il expliqué à NBC 10 Boston, ajoutant qu’il traverse la frontière chaque année sans jamais avoir rencontré de problème. Ce n’est que cette fois-ci, dit-il, qu’on lui a refusé l’entrée. « Je n’ai jamais imaginé que cela puisse remettre en question mon statut de résident permanent. »

Cette expulsion intervient alors que le président Donald Trump poursuit sa campagne de répression contre l’immigration, avec une promesse de lancer la plus grande opération d’expulsion de masse de l’histoire des États-Unis.
Des immigrants en situation irrégulière, mais aussi des résidents permanents légaux, ont été arrêtés ces derniers mois.

Un communiqué publié le 9 juillet par les douanes américaines (CBP) rappelle que « la carte verte est un privilège, pas un droit » et que les résidents permanents ayant des antécédents judiciaires peuvent être placés en détention préventive en vue d’une expulsion.

Landry a deux infractions mineures à son actif : une possession de marijuana en 2004 et une conduite avec permis suspendu en 2007. Il affirme avoir purgé une peine avec sursis, payé ses amendes, et n’avoir eu aucun problème depuis.

Ironiquement, Landry soutenait jusqu’ici la politique migratoire de Trump. « J’étais clairement pour “Make America Great Again”, pour un pays fort et uni, un avenir prometteur pour mes cinq enfants américains », a-t-il déclaré à NBC 10 Boston. « Mais aujourd’hui, je me sens trahi. On m’a arraché à ma famille. Ma vie a été complètement mise de côté. »

Sa compagne, Jessica Beiker, s’est confiée à WMUR : « On a besoin de lui ici. C’est mon pilier. »

Selon les dernières données du Bureau des statistiques sur la sécurité intérieure, près de 12,8 millions de personnes détenaient une carte verte aux États-Unis au 1er janvier 2024.

Le bureau de la sénatrice démocrate du New Hampshire, Maggie Hassan, a confirmé à Newsweek avoir été contacté par Landry. « Aider les citoyens à naviguer dans les procédures fédérales fait partie des fonctions fondamentales de notre bureau », a indiqué un porte-parole. Le bureau a toutefois refusé de commenter davantage, évoquant sa politique de confidentialité sur les dossiers en cours.

Interrogée par Newsweek, Amelia Wilson, professeure à l’école de droit Elisabeth Haub et directrice de la clinique de justice migratoire, a rappelé que c’est au gouvernement de prouver, « de manière claire, évidente et convaincante », qu’un résident permanent doit perdre son statut. « Seul un juge en immigration a le pouvoir de révoquer une carte verte », a-t-elle précisé.

Dans une publication sur X (anciennement Twitter), la police des frontières a insisté le 8 juillet : « Un casier judiciaire est incompatible avec le statut de résident permanent exemplaire. […] La loi permet au gouvernement de retirer la carte verte en cas de violation ou d’abus. »

Les services de citoyenneté et d’immigration (USCIS) avaient déjà prévenu le 5 mai que tout comportement illégal — qu’il s’agisse d’un crime, de travail non autorisé, ou de dépassement de visa — peut entraîner la révocation du statut de résident.

Coincé au Canada, Chris Landry a sollicité l’aide des élus fédéraux de son État. Son sort dépendra désormais d’une procédure judiciaire complexe, longue et incertaine.

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