S’il est trop beau pour être vrai, soit il n’est pas vrai, soit il n’est pas aussi bon qu’on veut le faire croire. Dans ce cas précis, il n’est ni bon, ni vrai.
À peine quelques jours après avoir annoncé une pause dans les opérations d’immigration visant les travailleurs sans papiers dans les fermes, hôtels et restaurants, l’administration Trump revient sur sa décision.
Selon des informations publiées par The Washington Post et relayées par The Independent, le Département de la Sécurité intérieure (DHS) a donné l’ordre aux agents de l’immigration de reprendre les raids dans ces secteurs, lors d’un appel téléphonique lundi matin avec une trentaine de bureaux régionaux de l’ICE.
La semaine précédente, le DHS avait brièvement suspendu les opérations, admettant que les efforts intensifiés d’expulsion privaient certains secteurs de leur main-d’œuvre essentielle. Cette reconnaissance provenait directement du président Donald Trump, qui avait écrit sur sa plateforme Truth Social :
“Nos grands agriculteurs et les personnes dans le secteur de l’hôtellerie et des loisirs affirment que notre politique très agressive en matière d’immigration leur enlève de très bons travailleurs de longue date, et que ces emplois sont presque impossibles à remplacer.”
Il avait ensuite ajouté : “ Ce n’est pas bon. Nous devons protéger nos agriculteurs, mais expulser les CRIMINELS des États-Unis. Des changements arrivent !”
Ces propos, plus conciliants qu’à l’accoutumée, laissaient entrevoir une possible inflexion dans la politique migratoire de la Maison-Blanche. Lors d’une conférence de presse le même jour, le président a même reconnu le rôle fondamental joué par les immigrants sans papiers dans l’agriculture.
“Nos agriculteurs souffrent beaucoup parce qu’ils ont de très bons travailleurs qui travaillent pour eux depuis 20 ans. Ils ne sont pas citoyens, mais ils se sont révélés être, vous savez… excellents”, avait écrit Donald Trump avant d’ajouter :
“On ne peut pas juste prendre les agriculteurs et leur enlever tout leur personnel sous prétexte qu’ils n’ont peut-être pas ce qu’ils sont censés avoir, ou peut-être que si.”
Dans des conditions normales, cette déclaration témoignerait d’un changement significatif en matière de politique migratoire sous n’importe quelle autre administration américaine.
Mais cet élan de lucidité présidentielle s’est rapidement heurté à la ligne dure incarnée par Stephen Miller, chef adjoint de cabinet à la Maison-Blanche et principal artisan des politiques migratoires de l’administration. Miller, farouche partisan d’une stratégie d’expulsion massive, a qualifié la résistance des responsables démocrates aux descentes de l’ICE — notamment à Los Angeles — de tentative de “ renversement du gouvernement américain”, a rapporté The Independent.
Pendant que la Maison-Blanche affichait ces tensions internes, des centaines de Marines et des milliers de membres de la Garde nationale ont été déployés à Los Angeles, où des manifestations massives dénoncent les opérations de l’ICE dans les quartiers à forte population immigrante, a rappelé The Independent.
Le dimanche suivant, toute forme d’apaisement semblait écartée. Dans un nouveau message publié sur Truth Social, Trump a exhorté les agents fédéraux à relancer les opérations de grande ampleur.
“Faites tout ce qui est en votre pouvoir pour atteindre l’objectif très important de mener le plus grand programme de déportation massive de l’histoire”, avait déclaré le chef du mouvement d’extrême droite américaine MAGA.
“Vous n’entendez pas parler de villes sanctuaires dans notre cœur rural !”, avait-il ajouté.
Un commentaire paradoxal, au regard de sa volonté exprimée quelques jours plus tôt d’épargner temporairement les zones agricoles.
D’après The Independent, des membres influents de l’administration, dont Miller, continuent de pousser pour intensifier le rythme des arrestations, avec un objectif de 3 000 interpellations par jour par l’ICE.
Toutefois, la Maison-Blanche reconnaît que ce seuil n’est pas encore atteint. Pire encore, les moyens alloués à ces opérations massives risquent de s’épuiser rapidement : l’agence pourrait manquer de fonds dès le mois prochain, en raison de l’ampleur des expulsions engagées, ont révélé plusieurs Américains, dont Reuters, The Independent et The New York Times, entre autres.
Source : The Independent