L’équipe de Donald Trump commence à prendre conscience des conséquences de leur politique d’expulsion massive des immigrants sans papiers.
Dans un revirement surprenant, l’administration Trump a discrètement donné l’ordre aux agents fédéraux d’interrompre les opérations d’arrestation d’immigrants en situation irrégulière dans trois domaines essentiels de l’économie américaine : l’agriculture, l’hôtellerie et la restauration.
Une note interne, obtenue par The New York Times et validée par des officiels fédéraux, indique que l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) a reçu l’instruction de « suspendre » ses interventions sur les lieux de travail de ces secteurs.
Ce changement de cap, survenant en pleine campagne de répression intensive menée par l’administration, représente un recul tactique sur un élément central du programme du président MAGA, a souligné le New York Times. D’après plusieurs sources proches du dossier, cette initiative vise à atténuer l’impact négatif de la politique migratoire sur des secteurs économiquement cruciaux — et électoralement significatifs pour Donald Trump qui a largement bénéficié du soutien de ces secteurs lors de sa réélection en 2024.
La directive, transmise jeudi par Tatum King, un haut responsable d’ICE, précise que « toutes les enquêtes et opérations d’exécution sur les lieux de travail dans les secteurs agricoles, de l’aquaculture, des abattoirs, des restaurants et des hôtels doivent être suspendues jusqu’à nouvel ordre. » Les seules exceptions concernent les affaires de trafic humain, de blanchiment d’argent ou de trafic de drogue. Il est explicitement interdit aux agents d’arrêter des immigrants sans antécédents criminels, qualifiés de « collatéraux non criminels ».
Interrogée par The New York Times, Tricia McLaughlin, porte-parole du Département de la Sécurité intérieure, a confirmé cette ligne de conduite : « Nous suivrons les directives du président et continuerons à retirer des rues les pires criminels étrangers en situation irrégulière. »
Ce changement de politique survient dans un contexte de protestations croissantes, particulièrement à Los Angeles, contre les opérations de l’ICE ciblant les fermes et entreprises qui emploient des travailleurs immigrants.
Selon les révélations du New York Times, Donald Trump aurait été alerté cette semaine par Brooke Rollins, secrétaire à l’Agriculture, concernant les inquiétudes grandissantes des agriculteurs face à ces interventions. Trump a d’ailleurs lui-même reconnu l’impact de sa politique sur ces secteurs dans un message publié sur sa plateforme sociale jeudi :
« Nos grands agriculteurs et les gens du secteur hôtelier affirment que notre politique très agressive en matière d’immigration leur enlève des travailleurs expérimentés, quasiment impossibles à remplacer. »
Le président Donald Trump, propriétaire d’hôtels de luxe depuis plusieurs décennies, semble désormais conscient que la répression migratoire menace une source de main-d’œuvre vitale pour certaines industries traditionnellement alignées avec les Républicains, comme l’a souligné le New York Times. Un membre de son administration a d’ailleurs rappelé que dès son premier mandat, des élus républicains des zones rurales avaient manifesté leurs préoccupations quant aux répercussions économiques des arrestations massives.
Cependant, l’interprétation de cette directive reste ambiguë sur le terrain. Un agent du DHS s’exprimant sous couvert d’anonymat a confié au New York Times que cette décision avait pris les équipes au dépourvu, alors même qu’elles subissaient une forte pression pour accroître le nombre d’arrestations. « Les conséquences à long terme demeurent incertaines », a-t-il indiqué.
Dans sa communication aux agents d’ICE, le haut responsable Tatum King a lui-même admis que cette suspension pourrait compromettre les objectifs établis : « en retirant ce levier, nous écartons un nombre significatif de cibles potentielles. »
Ces dernières semaines, sous l’impulsion de Stephen Miller, conseiller proche de Donald Trump, l’agence avait intensifié ses opérations, atteignant plus de 2 000 arrestations par jour, selon les données rapportées par The New York Times.
Il est fort probable que d’autres secteurs économiques majeurs présentent des requêtes analogues concernant leur personnel. Récemment, les agents de l’ICE avaient mené des interventions dans plusieurs établissements Home Depot.
Il est néanmoins crucial de préciser que cette nouvelle directive n’empêche pas l’ICE d’appréhender les employés des secteurs concernés dans d’autres lieux.
Source : Article du New York Times