Trump et sa politique de déportations massives: les dessous d’un revirement sous pression de Miller et Noem

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul
Journalist/ Storyteller
Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

On en sait un peu plus sur les raisons du revirement spectaculaire du président Donald Trump concernant sa politique migratoire ciblant les travailleurs sans papiers dans certains secteurs clés de l’économie.

D’après The Independent, ce retournement de position a été provoqué par de vives tensions internes au sein de son administration, opposant notamment des figures influentes comme Stephen Miller et Kristi Noem à la secrétaire à l’Agriculture, Brooke Rollins.

Le 12 juin dernier, lors d’une allocution à la Maison-Blanche, le président américain avait annoncé une pause dans les expulsions visant les travailleurs agricoles et ceux de l’hôtellerie. Il avait alors déclaré :

“Nous ne pouvons pas aller chercher les agriculteurs et renvoyer tous leurs employés simplement parce qu’ils n’ont peut-être pas ce qu’ils sont censés avoir, ou peut-être que si”, a rapporté The Independent, citant Axios.

Cette décision aurait été prise à la suite d’un appel téléphonique direct entre Donald Trump et Brooke Rollins.

Selon Axios, Rollins aurait court-circuité Stephen Miller, le vice-chef de cabinet, ainsi que Kristi Noem, la secrétaire à la Sécurité intérieure. Leur réaction ne s’est pas fait attendre : tous deux seraient immédiatement intervenus pour faire changer d’avis au président.

D’après CBS News, la pression exercée par Miller et Noem a porté ses fruits. La Maison-Blanche est rapidement revenue sur sa décision, relançant les opérations d’expulsion dans les secteurs agricole et hôtelier.

Par ailleurs, Trump a renforcé sa ligne dure dimanche dernier, annonçant que son administration ciblerait en priorité les grandes zones urbaines, notamment les “villes sanctuaires”.

Dans un message publié sur la plateforme Truth Social, le président a ordonné :

“Les agents de l’ICE sont par la présente sommés, à travers cet AVIS Truth, de tout mettre en œuvre pour atteindre l’objectif fondamental de mener le plus grand programme d’expulsions massives de l’histoire.”

Interrogée par The Independent, Tricia McLaughlin, porte-parole du Département de la Sécurité intérieure, a confirmé que : “Notre position n’a pas changé.” Un autre haut responsable a confié à Axios que Donald Trump n’avait nul besoin de recevoir des conseils du secteur hôtelier, rappelant que :”Le président possède son propre complexe touristique”, une référence à son expérience dans l’hôtellerie de luxe.

Malgré cette volonté affichée de durcir la politique migratoire, Trump est encore loin de battre le record établi par Barack Obama, qui reste à ce jour le président ayant procédé au plus grand nombre d’expulsions : 438 421 personnes rien qu’en 2013.

Pour dépasser ce chiffre, l’administration Trump devrait doubler le rythme actuel des expulsions. Or, à la fin du mois d’avril, seuls quelque 139 000 migrants avaient été renvoyés hors du territoire.

Il est toutefois important de noter que, sous l’administration Obama, le nombre d’immigrants cherchant à se réfugier aux États-Unis était nettement supérieur par rapport à celui enregistré sous l’administration Trump, où les traversées via la frontière sud sont quasiment nulles, selon les responsables du Département de la Sécurité intérieure (DHS).

Ce nouvel épisode confirme à quel point la politique migratoire du président Trump est tiraillée entre considérations économiques, pressions internes et ambitions politiques.

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