Trois enfants américains envoyés au Honduras avec leurs mères immigrantes

CTN News

Aux États-Unis, une nouvelle affaire secoue les milieux juridiques et associatifs liés à l’immigration. Une plainte fédérale, déposée récemment en Louisiane, met en cause le gouvernement pour avoir expulsé vers le Honduras deux femmes migrantes, en emmenant avec elles leurs enfants, tous citoyens américains, sans leur laisser la possibilité d’un recours légal ou d’organiser la garde des enfants.

Parmi les enfants figure un garçon de cinq ans atteint d’un cancer du rein en phase terminale, dont le traitement avait débuté aux États-Unis. L’affaire, jugée « choquante » par plusieurs avocats, met en lumière ce que certains dénoncent comme un manquement grave aux droits fondamentaux.

Selon les éléments présentés devant la cour fédérale du district central de Louisiane, les deux mères, identifiées sous les noms fictifs de Rosario et Julia, ont été arrêtées lors de rendez-vous avec les services d’immigration. Ces rencontres leur avaient été imposées dans le cadre d’un suivi administratif, et elles y ont été convoquées avec leurs enfants et leurs passeports.

Mais sur place, les événements ont pris une tournure inattendue. Selon la plainte, les femmes ont été emmenées dans des pièces séparées, privées d’avocat, et informées qu’elles seraient expulsées sur-le-champ.

Dans le cas de Rosario, la mère du petit Romeo, atteint d’un cancer, elle aurait refusé de signer des documents dont elle ignorait le contenu, tentant d’expliquer l’état de santé critique de son fils. Son avocate a ensuite tenté d’intervenir en urgence, sans succès : la famille a été embarquée dans un avion dès le lendemain pour le Honduras.

Une pratique dénoncée, mais défendue par les autorités

Pour les avocats du National Immigration Project, à l’origine de la plainte, ces expulsions sont contraires aux règles mêmes du service de l’immigration. « Les parents n’ont jamais pu décider s’ils voulaient que leurs enfants restent aux États-Unis. Ils ont été privés d’accès à un avocat et à leur famille », a déclaré Stephanie Alvarez-Jones, l’une des avocates impliquées dans le dossier.

Le département de la Sécurité intérieure (DHS), de son côté, dément toute irrégularité. Dans un communiqué transmis à NBC News, la porte-parole Tricia McLaughlin affirme que « les parents ont eu le choix entre repartir seuls ou avec leurs enfants, et ont opté pour la seconde option ». Elle assure également que les soins médicaux sont pris en compte lors des expulsions, et qualifie de « fausse » toute allégation de négligence volontaire.

Dans l’autre cas présenté dans la plainte, Julia affirme avoir été contrainte de faire une déclaration écrite indiquant que sa fille de deux ans, Jade, partirait avec elle. L’alternative, selon elle : le placement immédiat de l’enfant en foyer d’accueil. Elle dit avoir agi sous pression, alors qu’aucune solution de garde n’avait été discutée.

Son conjoint, resté aux États-Unis, n’a pas pu récupérer l’enfant, de peur d’être arrêté à son tour. Il aurait été informé trop tard du transfert de la famille dans un centre de détention.

Julia, enceinte au moment de l’expulsion, a depuis indiqué que le retour forcé au Honduras avait profondément déstabilisé sa famille. « Je croyais aller à un simple rendez-vous administratif. On m’a menti. J’ai laissé mon mari derrière moi, sans avoir le droit de décider en famille », a-t-elle déclaré.

La plainte déposée le 31 juillet réclame des réparations, la reconnaissance de l’illégalité des expulsions et le retour des familles sur le sol américain. Les avocats demandent également qu’un jury statue sur la question.

Cette affaire relance le débat sur les expulsions de parents migrants accompagnés d’enfants citoyens américains, un sujet sensible déjà dénoncé par des ONG dans le passé. Si le DHS affirme respecter la loi, les défenseurs des familles estiment que ces procédures manquent de transparence, de respect des droits et mettent en danger des vies vulnérables.

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