Un grave accident impliquant deux véhicules blindés de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) a eu lieu ce vendredi soir à Kenscoff, une commune montagneuse située au sud-est de Port-au-Prince.
L’incident s’est produit lors d’une opération de récupération, selon un communiqué officiel de la mission internationale.
D’après les informations communiquées, l’accident est survenu lorsqu’un véhicule MaxxPro a percuté un mur alors qu’il remorquait un autre blindé en difficulté. Le choc a entraîné le renversement du second véhicule. Le bilan provisoire fait état de pertes en vies humaines et de plusieurs blessés graves.
La MMAS n’a pas encore fourni de chiffres précis, mais a indiqué que les victimes pourraient inclure « des civils ainsi que des membres de son propre personnel ». Les blessés ont été immédiatement pris en charge et transportés vers l’hôpital Aspen de niveau 2, situé sur la base logistique LSA1, à Port-au-Prince, a fait savoir la mission sur sa chaîne officielle WhatsApp.
Dans son communiqué, la mission a exprimé sa gratitude envers les habitants de Kenscoff qui sont rapidement intervenus pour apporter leur aide aux opérations de secours. « Nous remercions la communauté locale pour son soutien immédiat et courageux », peut-on lire dans la déclaration publiée peu après l’accident.
La MMAS a également annoncé qu’une enquête interne sera ouverte afin de déterminer les circonstances exactes de l’incident et d’évaluer les mesures de sécurité nécessaires pour éviter de tels drames à l’avenir.
Un contexte de crise sécuritaire majeure
Cet accident survient dans un climat déjà marqué par de fortes tensions en Haïti. Depuis plusieurs mois, la MMAS – soutenue par les Nations Unies et appuyée logistiquement par les États-Unis – a pour mission d’assister la Police nationale d’Haïti (PNH) dans sa lutte contre les gangs armés qui contrôlent une large partie de la capitale et de ses environs.
Selon l’ONU, plus de 1,3 million d’Haïtiens ont déjà été contraints de fuir leur foyer à cause de la violence. La moitié sont des enfants. Les affrontements entre gangs rivaux, les kidnappings et les attaques contre des civils continuent de provoquer des déplacements massifs et d’alimenter une grave crise humanitaire.
Dans ce contexte, la présence des forces multinationales est considérée comme un soutien crucial pour stabiliser le pays. Mais cet accident illustre aussi les risques considérables auxquels sont confrontées les troupes déployées dans un environnement difficile, tant en termes de sécurité que d’infrastructures routières précaires.
Une résolution a été introduite par les États-Unis et le Panama à l’ONU pour transformer la force multinationale en une mission onusienne comptant 5 500 soldats et 50 civils.
Réagissant à la nouvelle de l’accident, l’ambassade des États-Unis en Haïti s’est dite « profondément attristée par l’accident » impliquant des véhicules de la MMAS. « Nos pensées et nos prières vont aux familles et aux amis des personnes décédées », a écrit l’ambassade sur sa page Facebook.
Des précédents inquiétants
Ce n’est pas la première fois que des accidents impliquant des forces internationales en mission en Haïti attirent l’attention. Par le passé, plusieurs opérations militaires ou logistiques ont été entachées par des incidents liés au transport ou aux affrontements armés. Ces événements alimentent parfois un climat de méfiance au sein de la population haïtienne, qui oscille entre demande de protection et crainte de dérives.
L’accident de Kenscoff relance donc le débat sur la capacité réelle de la mission à opérer efficacement tout en minimisant les risques pour les civils. Les organisations de défense des droits humains rappellent régulièrement que la présence de forces étrangères ne doit pas se traduire par une aggravation de la vulnérabilité des habitants.
La MMAS, dont le déploiement est piloté principalement par le Kenya avec un soutien financier et logistique des États-Unis, se trouve aujourd’hui sous forte pression. Les violences des gangs continuent de paralyser une partie du pays, et les attentes envers cette force sont immenses.
L’accident de ce vendredi pourrait compliquer davantage sa mission déjà fragile, mais il souligne aussi la complexité des opérations menées dans un pays où les infrastructures routières, médicales et institutionnelles sont en ruine.
Pour l’heure, la MMAS a promis de communiquer de nouvelles informations dès que possible, une fois le bilan confirmé et les familles des victimes informées.
