Tabarre : un nouveau rapt collectif endeuille une commune sous l’emprise des gangs

André Louis
Categories: Haïti Insécurité

Un nouveau rapt collectif est venu endeuiller la matinée de ce mercredi à Tabarre, une commune déjà meurtrie par l’insécurité et la violence armée qui y sévissent depuis plusieurs années. Quatre personnes — trois garçons et une jeune fille — ont été enlevées dans les locaux abandonnés de la compagnie de transport Capitale Coach Line, situés non loin de l’ambassade des États-Unis. L’opération a été menée par des individus lourdement armés, identifiés par une source policière comme appartenant au groupe criminel “Viv Ansanm”, l’un des plus redoutés dans cette partie de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.

Selon les premières informations recueillies, l’attaque s’est déroulée tôt dans la matinée. Les hommes armés, circulant à bord de plusieurs véhicules, auraient pénétré dans les anciens locaux du Capitale Coach Line, un site déserté depuis la dégradation constante de la situation sécuritaire dans la zone. Depuis la fermeture de l’entreprise de transport, l’espace servait d’abri précaire à quelques habitants, faute de meilleures options.

Les ravisseurs, selon notre source policière, étaient venus avec pour cible une personne spécifique. Toutefois, cette dernière aurait réussi à s’échapper in extremis, contrecarrant ainsi l’objectif initial des bandits. Refusant de repartir bredouilles, les membres du gang auraient alors procédé à l’enlèvement de quatre personnes qui vivaient sur place, sans distinction ni considération pour leur identité.

Une adolescente surprise sous la douche

Parmi les victimes figure une adolescente qui s’apprêtait à se rendre à l’école. Les informations rapportent que les assaillants l’auraient surprise alors qu’elle était sous la douche, la forçant brutalement à sortir avant de l’emmener avec eux. Ce détail glaçant illustre la violence sans limites exercée par les gangs, qui contrôlent de vastes portions de la capitale et envahissent les espaces intimes sans le moindre scrupule.

Les trois autres victimes sont de jeunes hommes qui vivaient également dans l’enceinte abandonnée du Capitale Coach Line. Aucun élément n’indique qu’ils étaient visés. Leur enlèvement semble être le résultat direct de la frustration des criminels, qui n’ont pas réussi à capturer leur cible principale.

Silence des autorités et climat d’angoisse

Pour l’instant, aucune information n’a été communiquée sur l’identité des personnes enlevées, leurs proches craignant probablement des représailles. Aucune revendication n’a encore été formulée par les ravisseurs.

Ce nouveau kidnapping alimente davantage le climat d’angoisse qui règne à Tabarre et dans l’ensemble de l’aire métropolitaine. Les habitants vivent dans la peur constante d’être enlevés, agressés ou pris entre deux feux. Les déplacements sont limités et les activités économiques paralysées dans plusieurs zones, notamment celles situées sur la route menant à l’aéroport, devenue l’un des corridors les plus dangereux du pays.

Le groupe armé “Viv Ansanm”, pointé du doigt dans cette affaire, est l’un des acteurs les plus actifs dans les enlèvements recensés ces derniers mois à Delmas et Tabarre. Constitué d’hommes lourdement armés, il contrôle ou influence diverses zones stratégiques, des quartiers résidentiels jusqu’à certains axes routiers majeurs.

Connus pour leur brutalité, ses membres se livrent régulièrement à des extorsions, des enlèvements contre rançon et des attaques ciblées, imposant leur loi dans les zones qu’ils occupent. L’absence de sécurité, le manque de ressources policières et la lenteur des réponses institutionnelles ont contribué à leur montée en puissance.

Cet enlèvement collectif s’ajoute à la longue liste de kidnappings recensés ces derniers mois. Les gangs continuent de renforcer leur mainmise sur des communautés entières, profitant de l’instabilité politique et sociale. Malgré quelques opérations ponctuelles lancées par la Police nationale d’Haïti (PNH), le terrain reste largement aux mains des groupes armés.

Les familles des victimes vivent désormais dans la peur et l’attente. Dans de nombreux cas, les ravisseurs exigent des rançons exorbitantes, souvent impossibles à payer pour des foyers déjà éprouvés par la crise économique. La population, prise en otage, se retrouve face à un État dépassé et à des gangs de plus en plus audacieux.

Face à cette situation alarmante, des voix continuent de s’élever pour réclamer une réponse coordonnée, efficace et durable aux problèmes de sécurité qui gangrènent la capitale. Les organisations de défense des droits humains, les associations communautaires et les habitants appellent l’État, la communauté internationale et les forces de l’ordre à mettre en œuvre des stratégies de sécurisation capables de protéger les civils et de restaurer progressivement le contrôle des territoires.

En attendant, Tabarre, comme tant d’autres zones de la capitale, reste plongée dans une insécurité totale. L’enlèvement de ces quatre personnes ne constitue malheureusement qu’un épisode supplémentaire dans une crise humanitaire et sécuritaire qui semble ne connaître aucune accalmie.

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