Sous Trump, l’ICE aurait recruté des agents « à peine capables de lire ou d’écrire », selon un rapport

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...
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Un nouveau rapport soulève de graves interrogations sur la stratégie de recrutement accéléré menée par le département de la Sécurité intérieure (DHS) sous la présidence de Donald Trump. Selon des informations révélées par le Daily Mail et reprises par The Independent, la volonté d’atteindre l’objectif du président – embaucher 10 000 nouveaux agents chargés des déportations d’ici fin 2025 – aurait conduit à des pratiques risquées, voire dangereuses.

Des candidats en difficulté face aux tests les plus élémentaires
D’après l’enquête, la pression pour gonfler rapidement les effectifs de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) a poussé le DHS à abaisser sensiblement ses critères de sélection. Un responsable du département, cité anonymement, dénonce une situation alarmante : « Nous avons des gens qui échouent même à des examens à livre ouvert et d’autres qui peuvent à peine lire ou écrire en anglais. »

Pour accélérer les embauches, le DHS a élargi le bassin de recrutement en supprimant la limite d’âge et en réduisant la durée de la formation à seulement six semaines, contre des programmes substantiellement plus longs par le passé.

Des écarts dans les tests physiques et médicaux
La formation à l’académie fédérale de Géorgie inclut normalement un dépistage toxicologique, un examen médical et un test de condition physique. Toutefois, selon plusieurs sources du Daily Mail, certains candidats auraient été envoyés en formation avant même la réception des résultats de leurs tests de dépistage, parfois positifs.

Parmi les cas cités, figure celui d’un candidat pesant 213 kg, dont le médecin personnel avait attesté qu’il était « inapte à toute activité physique ». Il aurait malgré tout été orienté vers l’académie.

Un autre incident rapporte qu’un stagiaire a demandé à quitter la classe pour se rendre à une audience judiciaire concernant une accusation criminelle liée à une arme à feu.

Dès octobre, NBC News avait documenté des situations similaires, révélant que certains stagiaires avaient échoué à des tests de dépistage de drogues ou présentaient des antécédents criminels normalement rédhibitoires, tout en ayant déjà intégré la formation.

Le DHS défend la qualité du recrutement
Face aux critiques, la porte-parole du DHS, Tricia McLaughlin, a réagi dans The Independent. Elle affirme que la grande majorité des nouvelles recrues « ont déjà suivi une formation policière et possèdent une expérience dans les forces de l’ordre ». Plus de 85 % des nouveaux agents proviendraient de ce vivier.

« Les candidats issus de carrières antérieures suivent un processus de validation accéléré, mais doivent néanmoins satisfaire à toutes les exigences médicales, physiques et de vérification des antécédents », a-t-elle précisé. Elle a également indiqué que le département avait reçu « plus de 175 000 candidatures de patriotes américains ».

Une expansion qui intervient dans un contexte de vives critiques
Ce débat sur la qualité du recrutement survient alors que les opérations de l’ICE sous l’administration Trump font l’objet d’un examen de plus en plus sévère, notamment après plusieurs épisodes ayant suscité l’indignation.

À Chicago, un juge fédéral a récemment interdit aux agents d’utiliser des gaz lacrymogènes et autres armes anti-émeute lors de manifestations, sauf en cas de menace immédiate. Par ailleurs, dans le Colorado, les autorités enquêtent sur un incident filmé fin octobre montrant un agent de l’immigration effectuant une prise d’étranglement sur un manifestant. Le chef de la police de Durango, Brice Current, a confirmé ces faits au New York Times.

L’administration Trump, qui a fait du durcissement des politiques migratoires un pilier de son programme, a poursuivi sa stratégie d’expansion rapide de l’ICE. Mais la précipitation observée dans le recrutement pose une question cruciale : cette approche compromet-elle les standards professionnels d’une agence déjà au cœur de nombreuses controverses ?

Les enquêtes journalistiques récentes suggèrent que, malgré les assurances du DHS, la course aux effectifs pourrait mener au déploiement d’agents insuffisamment formés, voire inaptes.

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