Les mouvements de protestation contre les méthodes d’opération de l’ICE semblent commencer à donner des résultats positifs.
Pris de court par l’ampleur des manifestations contre ses politiques migratoires, Donald Trump aurait discrètement tenté de freiner la vaste campagne d’arrestations qu’il avait lui-même ordonnée. C’est ce que révèle une enquête de l’agence Reuters, qui s’appuie sur des témoignages internes et des documents confidentiels.
Selon ces révélations, relayées également par Raw Story, le président aurait appelé en urgence la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, à la mi-juin, pour demander une suspension des descentes les plus visibles. Objectif : limiter l’impact politique d’images montrant des travailleurs agricoles, des femmes de chambre ou des cuisiniers interpellés dans tout le pays.
« On va cibler plus précisément « , aurait déclaré Trump lors de cet appel, selon un responsable présent lors de la conversation, cité par Reuters.
Depuis fin mai, la Maison-Blanche, sous l’influence de Stephen Miller, avait imposé un objectif chiffré de 3 000 arrestations par jour, dans le cadre d’un programme qualifié de « plus grande opération de déportation intérieure de l’histoire ». Cette politique faisait partie intégrante du projet de loi migratoire One Big Beautiful Bill, promulgué en juillet.
Mais le déploiement massif d’agents fédéraux, notamment à Los Angeles, a rapidement suscité une vague de mobilisations populaires, aggravée par l’envoi controversé de 4 000 membres de la Garde nationale, selon les données consultées par Reuters.
Face à cette pression croissante, Trump aurait ordonné un gel temporaire des descentes, en particulier dans les secteurs économiques stratégiques comme l’agriculture et l’hôtellerie. L’agence ICE a effectivement ralenti les opérations pendant quelques jours, rapportent les journalistes de Reuters, citant plusieurs sources internes.
Cette pause, toutefois, n’a pas duré. Toujours selon Reuters, Stephen Miller et Kristi Noem auraient rapidement fait annuler la suspension, craignant un signal de faiblesse. Tatum King, un haut cadre d’ICE, avait pourtant déjà transmis l’ordre de lever le pied à ses équipes de terrain.
« Il y a eu un moment de panique politique », confie une source administrative, qui ajoute que la décision n’avait pas été concertée avec l’ensemble de la chaîne exécutive.
Officiellement, la Maison-Blanche dément tout désaccord. Un porte-parole a affirmé à Reuters qu’il « n’y a aucune divergence entre Miller et Trump », tout en niant que la pause dans les raids ait été approuvée par les plus hauts niveaux.
Malgré cette tentative de désamorçage, la stratégie globale reste inchangée : plus de 170 milliards de dollars sont alloués à la politique migratoire, 19 pays sont visés par de nouvelles restrictions de visa, et les arrestations ont doublé depuis mai, selon les chiffres obtenus par Reuters.
Mais cette approche se heurte désormais aux tribunaux. Plusieurs décisions de justice ont temporairement bloqué certaines expulsions, et à Los Angeles, une juge fédérale a ordonné la suspension des arrestations au faciès et des détentions sans accès à un avocat.