La capitale haïtienne s’est réveillée sous tension jeudi 7 aout 2025 avec de fortes détonations entendues dans plusieurs zones notamment de Delmas et Kenscoff, dans un contexte de passation à la tête du Conseil présidentiel de transition (CPT) où le représentant de l’Accord de Montana, Fritz Alphonse Jean, a passé le maillet à celui du secteur privé des affaires, Laurent St-Cyr.
Les gangs armés, qui étendent leur contrôle dans la capitale ainsi que dans les départements de l’Artibonite et du Centre, ont mené à l’aube des attaques simultanées dans plusieurs zones notamment à Kenscoff et à Delmas, où des victimes civiles auraient été enregistrées.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux dans la nuit de mercredi à ce jeudi, le porte-parole de la coalition criminelle « Viv ansanm », Jimmy Chérizier alias Barbecue, avait annoncé des attaques contre la Villa d’Accueil et la Primature, sièges des deux branches de l’Exécutif, invitant les habitants des quartiers de Delmas 32, 40B et 48 à ne pas faire obstacle et se rallier aux gangs pour débarrasser le pays de l’actuelle équipe de transition.
Pendant que la panique gagnait les habitants des quartiers de Delmas 19, 31, 32 et 40B, les bandits de Viv Ansanm poursuivaient leurs actes barbares dans la commune de Kenscoff, où trois policiers kenyans de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) ont été blessés et deux blindés de la mission incendiés.
Dans un communiqué, les responsables de la MMAS ont confirmé que trois agents de la Mission multinationale ont été légèrement blessés et déploré l’incendie de deux véhicules de transport de troupes à Kenscoff, suite à une intervention rapide en réponse à des appels de détresse des habitants de cette commune située dans les hauteurs de la capitale. Ces blindés étaient tombés dans des tranchées creusées par les membres des groupes terroristes et n’ont malheureusement pas pu être récupérés malgré les efforts déployés, explique la Mission.
Le communiqué affirme également que plusieurs bandits ont été grièvement blessés au cours des interventions des forces de l’ordre.
La Mission multinationale, qui lie ces violences avec la passation politique a la tête du Conseil présidentiel de transition, dit rester mobiliser aux côtés de la PNH afin d’ « empêcher les groupes criminels de déstabiliser Haïti de bloquer les efforts en cours vers une gouvernance durable », promettant que « les opérations ciblées se poursuivront jusqu’à ce que les chefs de gangs soient arrêtés ou se rendent pour répondre de leurs actes devant la justice ».
Crise politique et vide sécuritaire
Cette escalade de violence intervient justement alors que le Conseil présidentiel de transition, chargé de diriger le pays jusqu’au 5 février 2026, traverse une période de turbulences découlant non seulement des divergences entre membres du Conseil, du changement de coordination, mais aussi et surtout de l’absence de résultats concrets poussant des secteurs et acteurs nationaux à réclamer le départ illico de l’équipe de transition en place.
« Sans une unité politique claire, il est impossible de coordonner une réponse sécuritaire efficace », analyse un diplomate sous couvert d’anonymat. « Les gangs profitent de ce vide pour renforcer leur emprise. »
Alors que Haïti s’enfonce un peu plus dans le chaos, la question reste entière : qui viendra mettre fin à cette spirale infernale ?