L’administration Trump lance une campagne d’envergure contre le secteur de la formation au camionnage, une mesure qui menace directement les communautés immigrées dominant cette industrie. Près de la moitié des centres de formation du pays pourraient fermer leurs portes dans les prochaines semaines.
Les organisations représentant les chauffeurs routiers d’origine étrangère dénoncent une politique qu’elles estiment ciblée contre leurs membres. Officiellement, le gouvernement invoque des préoccupations sécuritaires pour justifier cette restructuration radicale.
Une communauté immigrée au cœur de l’industrie
La communauté sikhe constitue l’épine dorsale du transport routier américain, représentant environ 40% des conducteurs sur la côte Ouest et 20% à l’échelle nationale. Ces chiffres illustrent la dépendance du secteur envers la main-d’œuvre immigrée.
United Sikhs a vivement contesté l’approche gouvernementale dans un communiqué cinglant : “Des camionneurs sikhs et immigrés aux dossiers impeccables sont traités comme des suspects alors qu’ils assurent le transport des marchandises américaines. Lorsque des agences fédérales présentent des conducteurs légalement licenciés comme des menaces, cela ne renforce pas la sécurité – cela alimente la xénophobie, le harcèlement et même la violence sur les routes.”
L’organisation a poursuivi : “Toute politique fondée sur la peur plutôt que sur les faits met en danger les familles, les droits civiques et la chaîne d’approvisionnement nationale.”
Un ministre qui justifie par la sécurité routière
Le secrétaire aux Transports Sean Duffy a défendu ces mesures en évoquant l’augmentation des accidents impliquant des poids lourds. Selon l’Associated Press, il a cité un accident mortel récent en Floride où trois personnes ont péri à cause d’un demi-tour illégal effectué par un conducteur de semi-remorque.
“Des pratiques illégales et irresponsables permettent à des chauffeurs insuffisamment préparés de conduire des semi-remorques et des autobus scolaires”, a affirmé Duffy, d’après l’AP.
Toutefois, l’administration reconnaît ouvertement que la réduction des accidents routiers justifie cette initiative, particulièrement si elle entraîne également la révocation de permis détenus par des chauffeurs commerciaux immigrés.
7 500 établissements menacés de fermeture
Le Département des Transports a identifié 3 000 auto-écoles et leur a accordé 30 jours pour respecter les normes de formation fédérales, sous peine de perdre leur licence. Un avertissement similaire a été envoyé à 4 500 autres établissements pour qu’ils se conforment préventivement.
Sur les 16 000 centres de formation au camionnage recensés aux États-Unis, cette directive place 44% d’entre eux sur la voie d’une fermeture potentielle dans un délai d’un mois.
Andrew Poliakoff, directeur exécutif de la plus grande association d’écoles de camionnage du pays, a reconnu que certains établissements exploitent leurs étudiants. Il les a qualifiés d’“usines à permis CDL”, selon We Got This Covered, des structures qui extorquent de l’argent aux apprentis.
Des recherches révèlent que de nombreuses institutions offrent des formations accélérées d’à peine plus d’une semaine. Les experts comparent ces écoles à des chaînes de production qui privilégient le volume de diplômés plutôt que la qualité de l’enseignement, indépendamment du statut migratoire des stagiaires.
Bataille juridique et financière avec les États démocrates
Cette politique a déclenché un affrontement entre l’administration fédérale et plusieurs gouverneurs démocrates, notamment Tim Walz du Minnesota et Gavin Newsom de Californie, deux cibles régulières de Trump.
Duffy a proposé des restrictions rendant extrêmement difficile l’obtention d’un permis de conduire commercial pour les immigrants. Les tribunaux ont temporairement bloqué ces plans, ce qui a poussé le secrétaire aux Transports à menacer de retirer 30,4 millions de dollars de financement au Minnesota.
La Californie a adopté une approche proactive en révoquant 17 000 permis de conduire commerciaux délivrés à des immigrants. Selon la BBC, Duffy a réagi en déclarant : “Ce n’est que la pointe de l’iceberg. Mon équipe continuera de forcer la Californie à prouver qu’elle a retiré chaque immigrant illégal de derrière le volant de semi-remorques et d’autobus scolaires.”
Cette offensive réglementaire survient dans un contexte où l’administration Trump multiplie les mesures restrictives contre les communautés immigrées, soulevant des inquiétudes quant à l’impact sur les chaînes d’approvisionnement nationales qui dépendent massivement de ces travailleurs.


