Un photojournaliste de l’agence turque Anadolu, L. Vural Elibol, a été évacué sur civière puis hospitalisé mardi 30 septembreaprès avoir été bousculé par des agent de l’ICE au 12ᵉ étage de 26 Federal Plaza.
L’incident s’est produit vers 10 h 15 alors que des reporters documentaient des interpellations en cours, selon des images et témoignages recueillis sur place.
D’après les séquences vidéo tournées par des photojournalistes présents dans le couloir et devant la batterie d’ascenseurs, deux femmes sont montées dans la cabine, suivies par des agents de l’ICE en civil, masqués et le visage couvert. Le chef de police d’amNewYork, Dean Moses, a tenté de les suivre ; des agents l’ont alors saisi et tiré en arrière, tandis qu’une injonction a claqué depuis l’intérieur de l’ascenseur : « Sortez de ce putain d’ascenseur », a rapporté Documented.
À l’extérieur, la photoreporter Olga Fedorova (pigiste pour l’Associated Press) a été projetée au sol. Sa chute a fauché L. Vural Elibol, juste derrière elle, dont la tête a heurté le carrelage. Dean Moses raconte à amNewYork : « Les gens se sont mis à crier immédiatement parce qu’il était grièvement blessé. » Et d’ajouter : « Il était semi-conscient, mais il n’a pas bougé de cette position pendant 35 à 40 minutes. » Des clichés diffusés par Documented montrent Elibol allongé, les yeux révulsés, puis emmené sur civière, le cou maintenu par une minerve, sous la surveillance de policiers.
Dans un communiqué, la porte-parole du Department of Homeland Security (DHS), Tricia McLaughlin, a livré une lecture différente de la scène, affirmant que « des agitateurs et des membres de la presse ont encerclé les agents, ce qui a entravé les opérations visant à arrêter un étranger en situation irrégulière originaire du Pérou ». Elle ajoute :
« Les agents ont à plusieurs reprises ordonné à la foule d’agitateurs et de journalistes de reculer, de bouger et de sortir de l’ascenseur. » Et de condamner » des émeutiers et des responsables politiques des “sanctuaires” qui encouragent les gens à interférer avec les arrestations , créant des environnements hostiles qui mettent en danger les agents, les personnes interpellées et le public. »
Les journalistes présents contestent ce récit. Dean Moses affirme à amNewYork qu’il n’y avait « aucun agitateur ni aucun journaliste qui les empêchait de faire quoi que ce soit ». Olga Fedorova explique à l’AP que les agents n’avaient ni délimité un périmètre presse ni clarifié qu’une arrestation était en cours dans la cabine : « S’ils nous disent de sortir, de ne pas franchir une certaine ligne, nous obéissons. Or, en l’occurrence, personne n’avait compris qu’il s’agissait d’une interpellation », a déploré Dean Moses, selon Documented.
Un bâtiment public devenu point de tension
26 Federal Plaza est un bâtiment fédéral ouvert au public, où se tiennent notamment des rendez-vous et procédures liés à l’immigration.
L’épisode du 30 septembre intervient cinq jours après une autre séquence filmée dans les mêmes lieux, où l’on voit un agent fédéral pousser une femme équatorienne contre un mur alors qu’elle implorait en faveur de son mari détenu. Cet agent a été brièvement suspendu, puis réintégré lundi, selon la presse locale.
Dans ce contexte, l’incident de mardi a ravivé les critiques sur la conduite d’opérations avec des agents en civil, masqués, sans signalisation claire pour le public ni pour la presse quant aux zones d’accès. Olga Fedorova insiste sur l’absence d’instructions préalables concernant un périmètre ou une ligne à ne pas franchir, tandis que les images attestent d’un enchaînement très rapide : tentative d’entrée, tirage en arrière, chute d’une photographe, choc à la tête d’un second reporter.
Les réactions ont afflué sur X (ex-Twitter). Le contrôleur municipal Brad Lander dénonce « Une nouvelle attaque violente par un agent de l’ICE contre un civil à 26 Federal Plaza — cette fois contre un journaliste, qui a dû être emporté sur une civière. » Il y voit « une nouvelle attaque contre le Premier amendement, nos voisins et notre démocratie. »
La gouverneure Kathy Hochul fustige le comportement des agents de l’immigrantion. « Ces abus envers des immigrés respectueux des lois et envers les reporters qui racontent leurs histoires doivent cesser », a t-elle dénoncé. « Mais qu’est-ce qu’on fabrique ici », s’est interrogé la gouverneure démograte.
