La doyenne incontestée du leadership démocrate à la Chambre des représentants et figure incontournable de la vie politique américaine contemporaine, Nancy Pelosi, a confirmé jeudi qu’elle ne briguerait pas un nouveau mandat en 2026.
Cette décision met fin à près de quarante ans de représentation ininterrompue du district de San Francisco au Congrès et ouvre un nouveau chapitre pour la ville qui l’a portée au sommet.
« Je ne solliciterai pas un nouveau mandat au Congrès. Avec un cœur reconnaissant, je me réjouis de ma dernière année de service en tant que représentante fière de San Francisco », a déclaré Pelosi, 85 ans, dans une vidéo adressée à ses électeurs, illustrée d’images emblématiques du Golden Gate Bridge, de la Coit Tower et de moments clés de sa carrière.
Pelosi, première femme à occuper la présidence de la Chambre des représentants, a dirigé son parti pendant deux décennies, endossant tour à tour les rôles de stratège, de négociatrice et d’adversaire redoutable. Elle a travaillé en étroite collaboration avec les présidents Barack Obama et Joe Biden, tout en affrontant les administrations républicaines de George W. Bush et de l’actuel président Donald Trump.
Fille de Thomas D’Alesandro Jr., ancien membre du Congrès et maire de Baltimore, Pelosi a grandi dans l’univers politique avant d’être élue au Congrès en 1987 lors d’une élection spéciale. Très vite, elle gravit les échelons du pouvoir : en 2001, elle devient whip démocrate, puis, un an plus tard, cheffe de la minorité démocrate à la Chambre — la première femme à occuper ce poste.
Son ascension culmine en 2007 lorsqu’elle devient la première femme présidente de la Chambre. Par la suite, elle conserve un rôle central dans la vie politique américaine, qu’elle soit à la tête de la majorité ou de l’opposition.
Parmi ses héritages les plus marquants figure son rôle déterminant dans l’adoption de l’Affordable Care Act (Obamacare) en 2010, l’une des réformes sociales majeures du XXIe siècle. Elle fut également un pilier des réponses législatives à la crise financière de 2008 et à la pandémie de Covid-19.
La relation entre Pelosi et le président Trump restera l’une des rivalités politiques les plus emblématiques de l’ère moderne. Leur confrontation publique a souvent dominé les cycles médiatiques — de l’échange houleux à la Maison-Blanche en 2018 à l’image restée célèbre de Pelosi déchirant le discours sur l’état de l’Union de Trump en 2020.
« Je mange des clous au petit-déjeuner », aimait-elle plaisanter pour illustrer sa ténacité.
Elle a dirigé deux procédures de destitution contre le président Trump — un fait rarissime dans l’histoire américaine —, même si le Sénat l’a acquitté à chaque fois.
Son leadership lui a valu autant d’admiration que de critiques, incarnant tour à tour la discipline de parti, la résistance face au pouvoir exécutif et la capacité à naviguer entre les générations politiques.
Un départ qui ouvre une bataille politique inédite à San Francisco
Bien qu’elle se soit retirée de la direction démocrate en 2022 au profit d’une nouvelle génération — notamment Hakeem Jeffries —, Pelosi avait conservé une influence considérable en tant que speaker emerita. Elle continuait à lever des fonds et à conseiller de jeunes élus, même sous le second mandat du président Trump.
L’adoption récente de la Proposition 50, redéfinissant la carte électorale californienne afin de contrer les efforts républicains dans d’autres États, aurait été un élément déclencheur de sa décision finale.
« Alors que nous avançons, mon message à la ville que j’aime est le suivant : San Francisco, sache qui tu es. Nous avons écrit l’histoire, nous avons fait progresser notre pays. Nous avons toujours montré la voie », a-t-elle exhorté.
« Il nous faut continuer à être des participants actifs dans notre démocratie et défendre les idéaux américains qui nous sont chers. »
Avant même son annonce, plusieurs ambitions politiques s’étaient déjà manifestées. Le sénateur californien Scott Weiner et l’ancien stratège technologique Saikat Chakrabarti, cofondateur du mouvement Justice Democrats, ont déclaré leur candidature. D’autres figures progressistes pourraient rejoindre la course dans une ville où aucune élection congressionnelle véritablement compétitive n’a eu lieu depuis près de quarante ans.
Pelosi aimait rappeler que sa mission était enracinée dans son histoire personnelle. Elle répétait souvent une phrase qui guidait son action : « Pour les enfants », devise symbolisant ses combats pour l’éducation, la santé publique, la lutte contre le VIH/Sida et la protection du climat.
Sa carrière restera également marquée par son pragmatisme, sa discipline politique et son sens aigu de la stratégie parlementaire.
Pelosi restera au Congrès jusqu’à la fin de son mandat actuel et a promis d’assurer une transition ordonnée. Son départ symbolise le passage de relais générationnel au sein du Parti démocrate, à un moment où la formation cherche à se réinventer face à l’actuelle administration Trump.
Hakeem Jeffries, son successeur à la tête des démocrates, a salué son parcours.
« Nancy Pelosi est une figure iconique, légendaire et transformationnelle qui a amélioré la vie de tant de gens », a-t-il déclaré à NBC News.
L’épopée Pelosi — faite de combats idéologiques, d’alliances stratégiques et de moments historiques — s’achève, mais son empreinte sur la politique américaine restera indélébile.
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