Mort de Stephora Joseph : le rapport médico-légal confirme une asphyxie par noyade et accable l’école dominicaine Leonardo Da Vinci

Emmanuel Paul
Par
Emmanuel Paul
Journalist/ Storyteller
Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Plus de trois semaines après la mort tragique de Stephora Ann-Merci Joseph, élève haïtienne de 11 ans décédée lors d’une excursion scolaire en République dominicaine, les premiers résultats de l’autopsie viennent éclairer les circonstances du drame. Selon le rapport préliminaire de l’Institut national des sciences forensiques, daté du 19 novembre, l’enfant est morte d’« asphyxie mécanique par noyade », une « mort violente » survenue de manière rapide.

Une noyade survenue en quelques minutes

Les autorités judiciaires dominicaines ont publié un récit détaillé des faits, basé sur les images de vidéosurveillance et les témoignages recueillis.

Selon le ministère public, Stephora est entrée dans la piscine à 9 h 44, confiante, sans que la zone présente la moindre signalisation de profondeur. Alors qu’elle atteignait le milieu du bassin, elle s’est aperçue que l’eau devenait trop profonde pour elle.

Elle a immédiatement commencé à se débattre, levant les bras pour appeler à l’aide. L’acte d’accusation souligne que « à 9 h 45, la mineure lutte désespérément pour respirer, tenter de rester à la surface, pour survivre ».

Pourtant, aucune intervenante adulte n’est intervenue. Le document judiciaire incrimine en particulier une des accompagnatrices, Francisca Josefina Tavarez Vélez, accusée d’avoir ignoré la détresse de l’enfant. « Elle marche au bord de la piscine, passe à côté de la victime sans détourner le regard, puis se dirige vers le jacuzzi pour parler à d’autres élèves », détaille le ministère public.

Un corps resté 30 minutes au fond du bassin

Les images analysées par le Département des crimes et délits de haute technologie confirment que le corps de la fillette est resté environ trente minutes sous l’eau avant qu’un autre élève ne le remarque.

« Se ahogó, se ahogó » (“Elle s’est noyée, elle s’est noyée”), aurait crié ce dernier en alertant l’une des accompagnatrices, Vilma Altagracia Vargas Morel.

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Nous vous proposons une traduction intégrale en Francais de l’article du journal Listin Diario.

Stephora Joseph est morte d’asphyxie mécanique, selon l’autopsie

Le document du ministère public poursuit en expliquant « qu’à 9 h 45, la mineure, dans un geste de désespoir, luttait pour reprendre son souffle, pour rester à flot, pour survivre ».

L’élève Stephora Ann-Merci Joseph est morte noyée lors d’une excursion.

Indira Vásquez — Santiago, République dominicaine
09/12/2025 00h05 | Mis à jour le 09/12/2025 09h06

Vingt-cinq jours se sont écoulés avant que la cause présumée de la mort de Stephora Ann-Merci Joseph ne soit révélée. Selon le rapport 552-2025 de l’Institut national des sciences médico-légales, daté du 19 novembre, l’enfant est décédée d’« asphyxie mécanique par noyade, une mort violente ».

D’étiologie médico-légale indéterminée, le mécanisme de la mort a été « une insuffisance respiratoire ; la mort est survenue rapidement ».

Le document n’indique pas l’heure exacte du décès, car, bien que le récit factuel du ministère public précise que les faits ont commencé à 9 h 45, la levée du corps n’a eu lieu qu’à 14 h 05.

Les faits

Selon le ministère public, « à 9 h 44 du matin, la victime entre dans la piscine, marchant en toute confiance ». La piscine ne comportait aucun type de signalisation et, lorsqu’elle atteint le milieu du bassin, la mineure « se rend compte que le niveau d’eau n’était pas le même et commence immédiatement à couler, faisant des signes de détresse avec les bras pour montrer qu’elle se noyait ».

Le texte de l’accusation ajoute « qu’à 9 h 45, la mineure fait des gestes de désespoir, luttant pour respirer, pour rester à flot, pour survivre ».

Dans la demande de mesure de coercition, il est indiqué que « pendant qu’elle se noyait, l’accusée Francisca Josefina Tavárez Vélez marche le long du bord de la piscine, juste à côté de la victime, sans même tourner la tête. Elle se dirige plutôt vers la zone du jacuzzi et parle avec des enfants qui s’y trouvent, retourne ensuite vers le gazebo, repassant près de la victime sans prêter attention à rien. Cela illustre de manière extrême le manque de vigilance et la négligence irresponsable dont les accusées ont fait preuve dans la supervision de la zone de la piscine ».

Le corps de l’enfant est resté au fond de la piscine pendant 30 minutes, selon l’analyse du Département des crimes et délits de haute technologie (DICAT). C’est un autre mineur qui a repéré le corps de Stephora, déjà remonté à la surface, et qui a aidé à la sortir de l’eau.

« Elle s’est noyée, elle s’est noyée ! », criait le garçon, tout en appelant l’accusée Vilma Altagracia Vargas Morel.

Elles ne voulaient pas appeler le 911

Le dossier révèle un détail bouleversant : lorsqu’un employé du domaine et plusieurs élèves ont insisté pour appeler le 911 à 10 h 20, l’accusée Francisca Tavárez a répondu : « Non. Ils appellent la directrice. »

Le premier appel a donc été passé au collège, et non au service d’urgence. La mère n’a pas été informée immédiatement : on l’a appelée une heure et vingt-cinq minutes après la mort de sa fille pour lui dire qu’elle « vomissait ».

Quand le 911 a finalement été contacté, Stephora était déjà décédée.

Appel à la mère plus d’une heure plus tard

À la mère, arrivée peu après midi, on a affirmé que sa fille était vivante et sous soins médicaux. La nouvelle de son décès ne lui a été communiquée que quatre heures après, alors qu’elle attendait devant la hacienda.

Pendant ce temps, des unités du DICRIM, du SWAT et une ambulance sont entrées dans les lieux, mais personne n’est sorti pour parler à la mère.

Le ministère public ne précise pas non plus ce qu’il est advenu de l’enfant entre 10 h 20 et 14 h 05, heure à laquelle la levée du corps a eu lieu.

Violation des protocoles

Le document précise que le collège avait organisé l’activité appelée « Agasajo Guardia de Honor » en violant l’Ordre départemental 09-2009, qui interdit strictement les excursions et activités récréatives dans les rivières, plages, lacs et piscines.

Malgré cette interdiction, l’établissement a autorisé l’activité coordonnée par les accusées, pour 87 élèves âgés de 10 à 18 ans, dont Stephora.

Le lieu choisi, Hacienda Los Caballos, ne disposait pas de maîtres-nageurs, de signalisation, de voies d’évacuation ni de protocoles d’urgence, selon le rapport de la Défense civile.

Sans vérifier qui savait nager

Bien que les parents aient dû signer une autorisation pour l’utilisation de la piscine, le collège n’a jamais demandé si les élèves savaient nager.

La mère de l’enfant a déclaré au ministère public :
« Ma fille ne savait pas nager. Je pensais qu’il s’agissait d’une piscine pour enfants. Ils ne m’ont donné aucun détail. »

Dans la vidéo, on voit un groupe d’au moins cinq enfants l’observant lever les mains pour demander de l’aide alors qu’elle se noyait. Ils la montrent du doigt, mais personne ne demande de l’aide. Certains se dirigent même vers d’autres zones de la piscine sans avertir les enseignantes ni aucun autre adulte présent.

Les accusées

Le parquet de Santiago a déposé une demande de mesure de coercition contre quatre membres de l’équipe de direction et du personnel enseignant du collège Leonardo Da Vinci, accusées d’homicide involontaire, d’abandon et de mauvais traitements envers mineurs.

Les accusées sont :
Yris del Carmen Reyes Adames, directrice administrative ;
Gisela Altagracia de las Mercedes González, coordinatrice générale et conseillère de la direction ;
Francisca Josefina Tavárez Vélez, conseillère ;
Vilma Altagracia Vargas Morel, coordinatrice du niveau secondaire.

Responsabilité pénale

Le ministère public affirme que les quatre accusées ont agi avec maladresse, négligence et imprudence extrême, manquant à leur devoir de vigilance et violant les normes nationales.

La qualification juridique retenue est :
• homicide involontaire (art. 319 du Code pénal),
• abandon et maltraitance de mineurs (art. 351-2),
• violation du Code des enfants et adolescents (Loi 136-03).

Selon l’accusation, la mort de Stephora résulte directement d’une excursion illégale dans un lieu non sécurisé, sans supervision adéquate, avec omission d’assistance et non-respect des protocoles.

https://listindiario.com/la-republica/justicia/20251209/stephora-joseph-murio-asfixia-mecanica-acuerdo-autopsia_885446.html?fbclid=IwY2xjawOlDxVleHRuA2FlbQIxMABicmlkETEzcnlweGFuVkVES0YxQlNkc3J0YwZhcHBfaWQQMjIyMDM5MTc4ODIwMDg5MgABHjI_vuuI278WgLnGyqw6jtHRFk8opJBcOjeUMulE8UU5_sCTeJBM–jGBJZ8_aem_9x_LRSnhplwELkBdhqz-ZA#google_vignette

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