La gouverneure Maura Healey a annoncé le départ de Monica Tibbits-Nutt de ses fonctions de secrétaire aux Transports et de directrice générale du Département des transports du Massachusetts (MassDOT). Elle restera conseillère jusqu’à la fin de l’année, afin, selon le bureau de la gouverneure, « d’assurer une transition fluide et efficace pour le Département des transports ». Elle rejoindra ensuite le secteur privé.
L’intérim est confié à Phil Eng, actuel directeur général de l’Autorité des transports de la baie du Massachusetts (MBTA). Il cumule provisoirement les deux responsabilités et conserve la conduite opérationnelle du réseau de transport.
En annonçant ce départ, Maura Healey a mis en avant le bilan de Tibbits-Nutt en matière d’accessibilité tarifaire et de grands chantiers d’infrastructure. La gouverneure a souligné le soutien apporté aux expérimentations de gratuité dans les réseaux régionaux ainsi que la mise en place d’un tarif réduit au sein de la MBTA.
« Sous sa direction, nous avons réalisé des progrès significatifs sur certains des investissements d’infrastructure les plus complexes et les plus déterminants de l’histoire de l’État, notamment les ponts de Cape Cod, la liaison ferroviaire Est-Ouest et la restauration du tunnel Sumner », a-t-elle déclaré.
Ce départ intervient toutefois dans la foulée d’un revers administratif majeur. Le Département a annoncé la relance de l’appel d’offres pour la réhabilitation et l’exploitation de 18 aires de services autoroutières, après le retrait en septembre du concessionnaire initialement retenu en juin dans le cadre d’un bail de 35 ans. L’entreprise étrangère choisie a invoqué l’échec des négociations avec l’administration et le coût des contentieux. À court terme, l’État tente de prolonger les contrats des opérateurs actuels, dont les baux expirent en janvier.
Depuis l’été, le dossier fait l’objet d’un recours de Global Partners, société basée à Waltham, qui allègue des manquements éthiques et des conflits d’intérêts dans la procédure de sélection. Interrogée récemment, Maura Healey a défendu le Département : « Je crois que l’agence a conduit un processus transparent. »
En avril, la secrétaire Tibbits-Nutt avait par ailleurs suscité une vive controverse en évoquant la possibilité d’installer des péages aux frontières de l’État. La gouverneure s’en était immédiatement démarquée : « Les propos de la secrétaire ne représentent pas la position de cette administration et, pour être claire, je ne propose des péages à aucune frontière. » L’épisode a durablement nourri le débat sur le financement des transports, l’équité territoriale et les recettes de long terme.
Phil Eng : un dirigeant expérimenté à la double casquette
L’intérim a été confié à Phil Eng, nommé à la tête de la MBTA en 2023 dans un contexte de forte vigilance sur la sécurité et la performance. La gouverneure met en avant son rôle dans le redressement du réseau et lui attribue la supervision d’« une période transformatrice pour les transports publics dans notre État ».
« C’est un dirigeant de confiance, doté de plusieurs décennies d’expérience dans les transports, et je sais que c’est la bonne personne pour conduire le Département durant cette période », a ajouté Maura Healey.
Lors d’un point de presse à Boston, Phil Eng a assuré ne pas redouter la dispersion des priorités liée à cette double mission. Il s’est dit prêt à occuper la fonction « aussi longtemps que nécessaire ». À propos de son rôle à l’Autorité, il a réaffirmé : « Mon engagement et ma détermination en tant que directeur général de l’Autorité ne vont pas changer. Je resterai tout aussi engagé et concentré sur la livraison de résultats, et je veillerai à ce que les améliorations positives que nous constatons aujourd’hui se poursuivent et s’amplifient. »
Plusieurs urgences attendent le responsable par intérim. D’abord, stabiliser le dossier des aires de services : trouver une solution transitoire pour éviter toute interruption à l’approche de l’hiver, garantir des niveaux de service homogènes (carburant, restauration, sanitaires) et établir un nouveau calendrier de réhabilitation qui n’entrave pas les pics de circulation saisonniers.
Il faudra aussi pérenniser les tarifs réduits et les expérimentations de gratuité, en les articulant avec la trajectoire budgétaire et les besoins d’investissement (ponts, tunnels, lignes ferroviaires).
Pour le réseau métropolitain, la programmation des travaux de nuit et des interruptions planifiées devra être annoncée de manière transparente afin de préserver la prévisibilité pour les voyageurs. Les impératifs de sécurité resteront prioritaires : audits, plans d’action et surveillance des prestataires, après plusieurs années marquées par des incidents, des retards et des réorganisations d’horaires.
La configuration actuelle — un département stratège et une autorité opérationnelle conduits provisoirement par le même dirigeant — sera scrutée : risques de conflits d’agenda, arbitrages entre long terme (infrastructures) et court terme (fiabilité du service), articulation entre fonction de régulation et exploitation. Les collectivités, autorités métropolitaines et partenaires économiques attendent des calendriers clairs, des indicateurs publics de performance et des consultations en amont des décisions structurantes.
À court terme, la présence de Monica Tibbits-Nutt comme conseillère jusqu’au 31 décembre vise à sécuriser la passation des dossiers les plus sensibles, tandis que Phil Eng devra démontrer qu’une direction unifiée peut accélérer l’exécution des projets sans affaiblir la réactivité envers les usagers.