Marco Rubio qualifie de tragique la situation en Haïti et appelle à la responsabilité des élites haïtiennes

Mederson Alcindor
President Luis Abinader received U.S. Secretary of State Marco Rubio at the National Palace. Credit: Dominican Today

Le Secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a réitéré, ce 6 février 2025, le soutien des États-Unis à la Mission de Soutien à la Sécurité en Haïti (MSSM-Haïti) lors de sa rencontre avec le président de la République dominicaine, Luis Abinader.

Lors d’une conférence de presse conjointe largement dominée par la situation politique et sécuritaire en Haïti, Marco Rubio a qualifié de « tragédie » la situation actuelle en Haïti et a appelé les élites haïtiennes à prendre activement en main la destinée de leur pays pour résoudre la crise qui frappe la nation.

Marco Rubio a mis en avant la nécessité de trouver des solutions durables pour stabiliser Haïti, un pays en proie à une insécurité croissante, dominé par des gangs armés et un environnement socio-politique instable. Selon lui, bien que la responsabilité principale de la résolution de la crise haïtienne incombe au peuple haïtien et à ses leaders politiques, l’aide internationale reste essentielle pour accompagner ce processus.

Au cœur de son intervention, Marco Rubio a souligné l’importance d’attirer des investissements étrangers dans le cadre de la stratégie du nearshoring, qui consiste à délocaliser certaines entreprises plus près des États-Unis afin de profiter des avantages géographiques de pays comme Haïti.

Selon le nouveau Secrétaire d’État, cette stratégie permettrait à Haïti de stimuler son économie en créant des emplois pour sa population, en particulier pour sa jeunesse, qui constitue une part importante de la population haïtienne.

En ce sens, Rubio a plaidé en faveur du renouvellement de la loi HOPE/HELP, une législation américaine qui offre des « avantages commerciaux » à Haïti et à la République dominicaine, mais aussi et surtout aux entreprises américaines qui profitent de la main-d’œuvre à bon marché dans les deux pays. Il estime que ces mesures aideraient à renforcer l’économie haïtienne tout en soutenant la stabilité régionale.

Lors de la conférence de presse conjointe, Marco Rubio a abordé la question de la crise migratoire et a rassuré le président dominicain en déclarant que la République dominicaine ne serait pas contrainte d’accepter une vague migratoire en provenance d’Haïti, faisant référence aux flux importants de migrants haïtiens vers son voisin.

Le Secrétaire d’État a également souligné la nécessité d’une aide internationale plus coordonnée et efficace pour stabiliser Haïti. Il a mentionné l’engagement du Kenya, qui a accepté de diriger une mission de soutien en Haïti, tout en critiquant l’inaction de certaines nations, notamment celles disposant de plus grandes ressources. Selon Rubio, bien que la situation en Haïti exige une intervention internationale, les États-Unis restent convaincus que la solution durable doit être menée par les Haïtiens eux-mêmes.

Marco Rubio a réaffirmé que les États-Unis continueront de fournir leur soutien à Haïti dans son combat contre l’insécurité et la pauvreté. Toutefois, il a insisté sur le fait que les véritables changements devaient venir de l’intérieur du pays. « La solution pour Haïti est entre les mains de son peuple et de ses élites, mais nous allons aider, car nous ne pouvons ignorer les problèmes qui existent », a-t-il conclu.

Le président dominicain, qui, d’entrée de jeu, avait abordé la situation politique et sécuritaire en Haïti, avait vivement critiqué la communauté internationale qui, dit-il, n’a pas déployé assez d’efforts pour faciliter une résolution à la crise en Haïti.

Bien que les discussions entre Marco Rubio et Luis Abinader aient largement été dominées par la situation en Haïti, le Secrétaire d’État américain n’avait pas trouvé qu’il était nécessaire d’inclure Haïti parmi les pays qu’il avait visités lors de sa tournée dans la région. On ne sait pas non plus si les autorités haïtiennes avaient été invitées à rencontrer le chef de la diplomatie américaine lors de son passage en République dominicaine.

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