Marcelo Gomes Da Silva, adolescent arrêté par l’ICE, raconte son calvaire : « Cet endroit n’est pas bon »

CTN News

À peine libéré après six jours de détention dans un centre de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), Marcelo Gomes Da Silva, lycéen de 18 ans, a pris la parole pour dénoncer les conditions « humiliantes » dans lesquelles il a été retenu.

« Je ne veux pas pleurer — mais je veux dire que cet endroit n’est pas bon », a-t-il déclaré d’emblée devant un parterre de journalistes, encore vêtu d’un t-shirt marron, d’un autocollant « Free Marcelo » et de Crocs. Il venait d’être libéré du centre de détention fédéral de Burlington, dans le Massachusetts, a rapporté WGBH.

L’élève de Milford High School, qui vit aux États-Unis depuis l’âge de 5 ans, avait été arrêté sans avertissement le 31 mai, alors qu’il se rendait à un entraînement de volley-ball. « J’étais sous le choc. Je ne comprenais pas ce qui se passait », a-t-il raconté. « Il m’a demandé : ‘Tu sais pourquoi tu es arrêté ?’ J’ai répondu : “Non, je ne sais pas.” Il m’a dit : “Parce que tu es illégal, tu es un immigrant”, a raconté Marcelo, selon un article de WBGH.

Marcelo affirme n’avoir reçu aucun motif valable d’interpellation. Un agent lui aurait simplement expliqué qu’ils cherchaient en réalité son père. Pourtant, c’est lui, un étudiant sans casier judiciaire, qui s’est retrouvé en cellule.

Une agente de l’ICE, qu’il décrit comme bienveillante, lui aurait indiqué qu’il avait dépassé la durée de validité de son visa. « Madame, j’avais sept ans « , lui aurait-il répondu, soulignant qu’il était arrivé aux États-Unis en 2013 et que le visa avait expiré en 2015.

Durant sa détention, il n’a jamais été transféré, contrairement aux informations initiales diffusées par l’ICE. Il est resté au centre de Burlington, où il a servi d’interprète pour d’autres détenus ne maîtrisant pas l’anglais. « Ils venaient me voir avec leurs papiers : “Peux-tu traduire ça pour moi ? Je ne veux pas signer quelque chose et me faire expulser”, a rapporté Marcelo qui décrit des conditions de détention extrêmement désagréables. Il décrit des nuits passées à même le béton et des toilettes communes dans une grande pièce avec des dizaines d’hommes. « C’est humiliant — j’avais juste honte pour tout le monde », confie-t-il aux journalistes.

La juge de l’immigration Jenny Beverly a ordonné sa libération sous caution jeudi 5 juin, fixant la somme à 2 000 dollars. Son avocate, Robin Nice, a salué la décision mais estime que Marcelo n’aurait jamais dû être arrêté. « Nous sommes ravis qu’il soit libre. La juge a fixé une des cautions les plus basses possibles, ce qui est approprié dans ce cas. Mais le chemin sera long », a-t-elle confié à GBH News.

Deux représentants du Congrès, Jake Auchincloss et Seth Moulton, sont venus le rencontrer à sa sortie. Moulton a dénoncé une administration « hors-la-loi » : « Nous soutenons la sécurité des frontières et le respect de la loi. Mais mettre des étudiants de 18 ans en prison, ce n’est pas ça, la loi et l’ordre. » Auchincloss a renchéri : « Ce n’est pas ce à quoi la justice ressemble. »

La mobilisation pour sa libération a été massive. Plus de 120 personnes, dont de nombreux lycéens, s’étaient rassemblées devant le tribunal de Chelmsford le matin même. Ses coéquipiers de l’équipe de volley-ball arboraient des t-shirts avec son numéro, le 10, dessiné à la main. « C’est un garçon formidable qui mérite tout notre soutien », a affirmé Giovanni Guilarducci, l’un de ses amis.

Julianys Rentas, sa petite amie, a aussi dénoncé l’arrestation : « C’était une injustice. Il n’est pas un criminel. Ce n’est pas juste qu’il ait été visé. »

Selon les services de sécurité intérieure, c’est son père, João Paulo Gomes-Pereira, qui était la cible des agents en raison d’antécédents mineurs au volant. Mais ceux-ci ont été réglés judiciairement : une amende de 100 dollars et aucun dossier criminel en cours. « J’aime mon fils. Nous avons besoin de Marcelo à la maison. Nous aimons l’Amérique « , avait lancé le père dans une vidéo poignante, selon WBGH.

Interrogé à ce sujet, Marcelo a tenu à défendre son père : « Si vous parlez mal de mon père, vous parlez mal de moi, car c’est lui qui m’a élevé. » Puis, ému, il a ajouté : « Mon père m’appelait tous les soirs avec mon frère et ma sœur. Il ne cessait de pleurer. Pourquoi ? Il n’y a aucune raison à cela. « 

L’avenir judiciaire de Marcelo reste incertain : la prochaine audience ne devrait pas avoir lieu avant trois mois. En attendant, il entend rejoindre sa famille et aider les autres personnes ayant fait des expériences similaires dans le centre de détention de l’ICE. « D’abord, je veux raconter mon histoire. Mais mon père m’a toujours appris à penser aux autres. Je veux aussi aider les hommes avec qui j’étais enfermé « , a-t-il conclu.

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