Mahmoud Khalil, militant palestinien, libéré après plus de trois mois en détention dans un centre de l’ICE en Louisiane

Emmanuel Paul
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Le militant palestinien Mahmoud Khalil, figure centrale d’un bras de fer judiciaire autour d’une procédure d’expulsion controversée, a été libéré vendredi soir du centre de détention de l’ICE à Jena, en Louisiane, après plus de 100 jours de détention.

Souriant et vêtu d’un keffieh – symbole fort de l’identité palestinienne – Khalil a levé les poings en sortant du centre, accompagné de l’un de ses avocats. “Même si la justice a fini par l’emporter, c’est beaucoup trop long. Cela n’aurait jamais dû durer trois mois”, a-t-il déclaré aux journalistes. Il a également dit avoir hâte de retrouver sa femme et de rencontrer son fils, né pendant son incarcération.

Le juge fédéral Michael Farbiarz a ordonné vendredi la libération de Khalil sous caution, jugeant que l’intéressé ne représentait ni un risque de fuite, ni une menace pour la sécurité publique. “ Ce n’est pas une personne dangereuse. Point final”, a-t-il affirmé, selon les propos rapportés par CNN.

Dans sa décision, le magistrat a évoqué des “circonstances extraordinaires” entourant cette affaire, estimant qu’il s’agissait d’une tentative de représailles envers un activiste reconnu pour son rôle dans les négociations menées à l’Université Columbia en soutien aux mobilisations pro-palestiniennes.

Le juge a également rejeté les deux motifs invoqués par le gouvernement pour justifier la détention : d’une part, l’accusation selon laquelle la présence de Khalil menacerait l’intérêt national, et d’autre part, celle selon laquelle il aurait fourni des informations inexactes dans sa demande de carte verte, rapporte CNN.

“Il est hautement improbable qu’un résident permanent légal soit détenu sur la seule base d’une erreur dans son dossier de régularisation”, a estimé Farbiarz lors de l’audience.

Les avocats de Khalil ont dénoncé une stratégie politique visant à se servir de leur client pour envoyer un message aux autres étudiants engagés dans des causes militantes.

“En vingt ans de défense des droits des immigrants, je n’ai jamais vu un cas où le gouvernement annonce, dès le jour de l’arrestation, qu’il agit pour envoyer un message : que cette arrestation est la première d’une série ciblant des étudiants protestataires”, a déclaré Alina Das, avocate de Khalil, à la cour.

Son collègue Baher Azmy a ajouté sur CNN que le tribunal avait reconnu “ l’effet dissuasif” de cette détention, non seulement sur Khalil, mais également sur la liberté d’expression d’autres activistes.

“Le juge a conclu qu’il n’y avait aucune raison de maintenir Mahmoud en détention compte tenu des atteintes graves portées à ses droits et à ceux des autres.”

Malgré sa libération, Mahmoud Khalil fait toujours l’objet d’une procédure d’expulsion.

Ses avocats ont indiqué avoir appris, au cours même de l’audience de vendredi, qu’une juge d’immigration de Louisiane, Jamee Comans, avait réaffirmé sa décision de le renvoyer hors du pays. Une décision que la défense compte contester en appel.

Le ministère de la Sécurité intérieure (DHS), de son côté, a réagi par un communiqué :

“L’administration Trump a agi dans les limites de ses pouvoirs légaux et constitutionnels pour maintenir Mahmoud Khalil en détention”,  a-t-il affirmé.

Le gouvernement estime que la présence de Khalil va à l’encontre de sa politique étrangère, en particulier dans la lutte contre l’antisémitisme. Les avocats du militant affirment quant à eux qu’il a été ciblé pour ses opinions pro-palestiniennes, en violation de ses droits constitutionnels.

“Il y a au moins des éléments laissant penser que les accusations migratoires servent ici à punir le requérant. Et cela, bien sûr, serait inconstitutionnel”, a déclaré le juge Farbiarz.

Conformément aux conditions de libération, les avocats de Khalil ont remis son passeport aux autorités et il n’a pas le droit de voyager à l’étranger, ses déplacements étant limités à quelques États américains. Toutefois, il n’est pas tenu de se présenter régulièrement à l’ICE à New York, a précisé le juge Michael Hammer dont les propos ont été rapportés par CNN.

Interrogé sur les intentions de Khalil concernant la poursuite de son engagement, son avocat Baher Azmy a été clair :

“C’est un militant pacifiste, un défenseur des droits humains à l’échelle internationale, et il est Palestinien. Je ne pense pas qu’il arrêtera jamais de plaider pour la justice et pour la fin des massacres et de la famine qui frappent son peuple.”

Mahmoud Khalil est le dernier militant du mouvement pro-palestinien aux États-Unis à être libéré. Plusieurs autres étudiants ayant été arrêtés ont déjà été libérés.

La libération de Mahmoud Khalil est une gifle à l’administration Trump et aux organisations pro-israéliennes ayant tout fait pour obtenir la déportation de l’activiste palestinien qui détient une carte de résidence aux États-Unis.

Sources : CNN

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