L’OEA appelle à une action coordonnée de l’ONU pour soutenir la Feuille de route pour Haïti

Darbouze Figaro

Les États membres de l’Organisation des États Américains (OEA) ont lancé un appel pressant pour une action coordonnée des Nations Unies en appui à la Feuille de route de l’OEA pour Haïti, dans une déclaration conjointe publiée mardi 9 septembre.  Cette initiative vise à répondre à l’urgence multiforme à laquelle fait face le pays caribéen, en proie à une crise institutionnelle, sécuritaire et humanitaire sans précédent.

Le document, intitulé « Vers une feuille de route dirigée par les Haïtiens pour la stabilité et la paix, avec un appui régional et international », a été présenté au Conseil permanent de l’OEA le 20 août dernier par le Secrétaire général de l’organisation. Il sert de cadre stratégique pour guider les efforts internationaux. Les signataires réaffirment avec force le principe d’une solution « dirigée par les Haïtiens », respectueuse de la souveraineté du pays, et conforme à la résolution AG/RES. 3039 (LV-O/25) de l’OEA, qui appelle à la mise en œuvre urgente de solutions concrètes.

La Feuille de route établit la sécurité comme une condition préalable indispensable à toute avancée. Elle pose les bases d’une coordination renforcée entre les acteurs pour éviter les duplications, assurer la transparence et optimiser la mobilisation des ressources, en vue de faciliter l’aide humanitaire et de rétablir la gouvernance démocratique par la tenue d’élections libres et équitables.

Les États membres disent reconnaitre le rôle central des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, soulignant que la violence des gangs criminels en Haïti constitue une menace grave pour la vie des civils, la stabilité nationale et la sécurité régionale, même en l’absence de conflit armé conventionnel.

Dans cette optique, l’OEA appuie sans réserve la création du nouveau Bureau de soutien des Nations Unies pour Haïti (UNSOH) et la transition de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS), actuellement dirigée par le Kenya avec le soutien de plusieurs nations caribéennes et centraméricaines, vers une nouvelle force dénommée « Force de Suppression des Gangs » (FSG). Cette future mission devra être axée sur la création d’un environnement sûr et stable, permettant aux autorités haïtiennes de rétablir l’État de droit et de démanteler les gangs.

Le communiqué insiste sur le fait que la paix durable ne saurait reposer uniquement sur des opérations de sécurité. Les signataires s’engagent à soutenir les efforts haïtiens pour s’attaquer aux racines de la crise : la faiblesse des institutions démocratiques, la corruption, la pauvreté, les profondes inégalités sociales et l’accès limité à l’éducation et aux services publics essentiels.

L’OEA réitère dans la foulée son rôle crucial dans le renforcement des capacités institutionnelles via des approches civiles, humanitaires et centrées sur les droits humains. Une attention particulière sera portée à la lutte contre la violence sexuelle et à la protection des femmes, des enfants et des autres groupes vulnérables.

L’appel encourage les contributions volontaires au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour Haïti, ainsi qu’un soutien complémentaire par le biais des mécanismes de l’OEA, afin de financer les efforts de stabilisation.

« Haïti ne peut attendre. Le moment d’une action décisive et coordonnée est venu. », déclarent les États membres de l’OEA affirmant leur volonté de travailler en partenariat avec l’ONU et avec Haïti pour faire avancer cette Feuille de route, en plaçant l’appropriation haïtienne, le respect des droits humains et le développement socio-économique à long terme au cœur de l’effort collectif.

Le Secrétariat général de l’OEA, Albert Ramdin, a salué la déclaration conjointe signée par les États membres en soutien à Haïti, ainsi que les efforts déployés par le Conseil de sécurité des Nations Unies pour assurer le déploiement rapide d’une nouvelle force internationale dans le pays.

« Dans tout le continent, il existe un consensus sur le fait que le rétablissement de la sécurité en Haïti est une première étape urgente et indispensable, sans laquelle les autres formes de soutien politique, économique et humanitaire ne peuvent aboutir. L’unité et la collaboration dont ont fait preuve les États membres de l’OEA, aux côtés des Nations Unies, de la CARICOM et des autorités haïtiennes sur la Feuille de route pour Haïti, soulignent notre objectif commun : aider le peuple haïtien à reconstruire des institutions solides, rétablir la sécurité et jeter les bases d’un développement durable », a déclaré Ramdin.

Le Secrétaire général a souligné que depuis sa prise de fonctions il a multiplié les entretiens avec des dirigeants des Amériques et des États membres de l’OEA au sujet d’Haïti. «  Je peux affirmer sans hésitation que j’ai personnellement été témoin d’un engagement sincère et indéfectible à soutenir le peuple haïtien en cette heure critique. J’attends donc avec intérêt l’adoption unanime dès que possible de la résolution sur Haïti devant le Conseil de sécurité des Nations Unies », a indiqué Albert R. Ramdin.

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