L’homme d’affaires haïtien Dimitri Vorbe a été interpellé à son domicile aux États-Unis, mardi 23 septembre 2025, par des agents de la Homeland Security Investigations (HSI), une branche du Département de la Sécurité intérieure (DHS).
Une source proche de la famille Vorbe a déclaré à Le Nouvelliste : « Ils sont venus chez lui et l’ont emmené. Il n’y a pas d’autres détails pour le moment ».
La présence de M. Vorbe sur le sol américain était connue, et les autorités américaines détenaient déjà son passeport depuis une première arrestation remontant à août 2020.
L’homme d’affaires est actuellement incarcéré au centre de détention de Krome, en Floride. Une recherche dans les archives judiciaires de Floride n’a, à ce stade, révélé aucune charge formelle, et un porte-parole de l’ICE n’avait pas voulu dans l’immédiat commenter la situation, rapporte l’agence de presse Associated Press (AP).
Dimitri Vorbe, l’un des responsables de la firme énergétique Sogener et opposant déclaré à l’ancien président Jovenel Moïse, s’était réfugié aux États-Unis pour échapper à des poursuites en Haïti. Depuis son arrestation en 2020, son dossier était traité par les services de l’immigration américaine. Une source indique qu’« il a un rendez-vous au tribunal sous peu ».
Si les raisons exactes de cette nouvelle interpellation n’ont pas été officiellement communiquées, elle secoue déjà le milieu politico-économique haïtien. Figure controversée, Dimitri Vorbe est depuis des années au cœur de vives polémiques concernant les contrats conclus entre SOGENER et l’État haïtien.
Ce développement s’inscrit dans une stratégie plus large des États-Unis, qui multiplient les sanctions contre des personnalités haïtiennes accusées de corruption et d’entretenir des liens avec des gangs armés. Cette arrestation fait suite à celle de l’homme d’affaires Réginald Boulos et intervient dans un contexte d’annulation de visas et de rumeurs de sanctions visant des figures politiques et du secteur privé.
Parmi les personnes sanctionnées récemment figurent les anciens parlementaires Arnel Bélizaire et Antonio Chéramy alias Don Kato. Ce dernier, ex-sénateur de la République d’Haïti, est un grand allié de Dimitri Vorbe.
Récemment, le chargé d’affaires américain en Haïti, Henry Wooster, avait lancé un avertissement sans équivoque : « Nous avons révoqué le statut de résident américain pour les personnes ayant travaillé avec des chefs de gangs haïtiens ou soutenu leurs activités criminelles. Si vous supportez des organisations violentes, vous ne serez pas autorisé à rester aux USA. L’époque de l’impunité est désormais terminée ».
Un message ferme corroboré lundi par Christopher Landau, secrétaire d’État adjoint, cité par AP : « Le gouvernement américain restera implacable dans la poursuite de ceux qui soutiennent les gangs terroristes, au moyen d’actes d’accusation, d’arrestations, de sanctions (…) et d’autres restrictions d’immigration ».
L’arrestation de Dimitri Vorbe apparaît ainsi comme un nouveau coup de semonce de Washington, signifiant sa détermination à cibler ceux qu’il considère comme des acteurs de l’instabilité en Haïti. La suite judiciaire de cette affaire, et les éventuelles charges qui seront retenues contre l’homme d’affaires, sont attendues avec une intense attention.