Une juge fédéral a formulé des critiques cinglantes à l’encontre de l’administration Trump.
Lors d’une audience ce lundi, la juge de la cour d’appel Patricia Millett estime que les immigrants avaient été traités avec moins d’égard que les prisonniers nazis durant la Seconde Guerre mondiale.
L’affaire portait sur la décision soudaine de la Maison-Blanche de déporter plus de 200 présumés membres de gangs vénézuéliens vers le Salvador, en invoquant une loi datant de la Seconde Guerre mondiale, l’Alien Enemies Act. Cette loi, issue de la période de l’internement des Japonais, a été réactivée de manière inattendue pour justifier ces expulsions.
Face à cette décision, cinq des personnes concernées avaient intenté un recours en justice contre l’administration Trump afin d’empêcher leur expulsion imminente, selon The New Republic. Malgré l’ordre explicite du juge de district James Boasberg de suspendre ces déportations le temps du procès, les autorités de l’administration Trump ont outrepassé cette décision en expulsant ces immigrants vers le Honduras. Donald Trump a défendu cette action illégale en prétendant que l’immigration constituait une « invasion » et que le pays était en « temps de guerre ».
La juge Millett a vivement critiqué ces pratiques, les comparant aux procédures mises en place durant la Seconde Guerre mondiale. Elle a souligné l’absence totale de garanties procédurales dans le cadre de ces déportations.
« Il y avait des avions remplis de gens. Il n’y avait aucune procédure en place pour informer les personnes concernées », a-t-elle dénoncé. « Les nazis ont été mieux traités en vertu de l’Alien [Enemies] Act que ce qui s’est passé ici, où la proclamation exige la promulgation d’une réglementation », a martelé la juge de la cour d’appel.
Elle a également rappelé que, pendant la Seconde Guerre mondiale, « il y avait des commissions d’audition avant d’être expulsés, et pourtant ici, il n’y a rien de prévu à ce sujet, pas de réglementation, et aucune mesure n’a été adoptée par les responsables administratifs », a fait remarquer la juge Patricia Millett de la cour d’appel de Washington D.C.
La juge a insisté sur l’absence de toute possibilité de recours juridique pour les personnes expulsées. « Ces gens, dans ces avions, ce samedi-là, n’ont eu aucune opportunité de déposer un recours en habeas corpus ou toute autre action pour contester leur expulsion », a regretté la magistrate.
Le député procureur adjoint Drew Ensign a tenté de rejeter la comparaison avec les nazis en proposant une analogie différente. Il a comparé la décision du juge Boasberg de suspendre les expulsions à un ordre judiciaire déplaçant un groupe de porte-avions militaires de la mer de Chine méridionale vers le golfe Persique.
Cette comparaison a immédiatement été rejetée par la juge Millett. « Attendez. Attendez », a-t-elle répliqué. « Affirmer un tel pouvoir, ce n’est pas ordonner à des navires de se repositionner dans des eaux étrangères. C’est un processus judiciaire clair et net, autorisé par la Cour suprême et précédent au niveau de la Cour d’appel. »
Cette affaire témoigne des tensions persistantes entre le pouvoir judiciaire et l’exécutif en matière d’immigration, notamment l’utilisation des pouvoirs d’urgence et des lois de guerre pour justifier des mesures contemporaines. La comparaison de la juge Millett avec le traitement des prisonniers nazis pendant la Seconde Guerre mondiale constitue une critique sévère des pratiques administratives actuelles, indiquant un net recul des protections juridiques pour les immigrants sous l’administration Trump.