Le Département d’État américain a officiellement désigné les groupes criminels Viv Ansanm et Gran Grif comme organisations terroristes étrangères, conformément à la section 219 de la Loi sur l’immigration et la nationalité (Immigration and Nationality Act), telle que modifiée, ainsi qu’à l’Ordre exécutif 13224.
Dans une fiche d’information publiée ce vendredi, le Bureau de la lutte contre le terrorisme du Département d’État a détaillé la menace que représentent ces deux groupes armés dans la détérioration de la sécurité et de la gouvernance en Haïti.
« Viv Ansanm est un groupe formé en septembre 2023 comme une coalition de gangs à travers une alliance entre les deux principales factions opérant à Port-au-Prince : G-9 et G-Pép », indique le communiqué officiel.
Cette coalition offre une plateforme unifiée permettant à ces groupes de recourir à la violence pour déstabiliser Haïti, en ciblant les efforts de rétablissement de l’autorité de l’État. Viv Ansanm est accusé d’avoir organisé des attaques coordonnées contre des infrastructures clés, notamment des prisons, des bâtiments gouvernementaux, et même l’aéroport international de Port-au-Prince. Ces actions violentes ont contribué à la démission forcée de l’ex-Premier ministre Ariel Henry.
Le second groupe, Gran Grif, opère principalement dans le département de l’Artibonite, une région agricole stratégique d’Haïti. Le Département d’État souligne :
« Gran Grif est le plus grand gang du département de l’Artibonite… Depuis 2022, il est responsable de 80 % des décès civils signalés dans la région. »
Gran Grif a non seulement attaqué la Police nationale d’Haïti, mais aussi la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) autorisée par les Nations Unies. En février 2025, ses membres auraient participé à une attaque meurtrière qui a coûté la vie à un officier kényan de la MSS.
Avec ces désignations, tous les biens et avoirs liés à Viv Ansanm et Gran Grif qui se trouvent aux États-Unis ou sous le contrôle d’une personne américaine sont désormais gelés. De plus, les citoyens et entités américaines sont interdits de tout commerce ou transaction avec ces groupes.
« Les désignations terroristes exposent et isolent ces entités et individus, leur refusant l’accès au système financier américain et aux ressources nécessaires pour mener des attaques », a précisé le Département d’État.
Le gouvernement américain met également en garde toute personne — y compris les citoyens américains — qui participerait à des transactions ou activités liées à ces groupes. Cela expose à un risque de sanctions secondaires selon les lois antiterroristes.
Fournir un soutien matériel ou logistique à ces organisations est considéré comme un crime fédéral. « Ces désignations peuvent aussi aider les actions des forces de l’ordre d’autres agences américaines et gouvernements étrangers », ajoute le communiqué.
La décision de désigner les gangs haïtiens comme groupes terroristes a également été l’occasion pour le gouvernement américain d’appeler les politiciens haïtiens à privilégier les intérêts du pays.
Il faut noter qu’il y a pas longtemps, les Nations Unies, les États-Unis et le Canada, entre autres, avaient publié une liste de personnalités de la classe politique et des hommes d’affaires haïtiens impliqués dans le financement des gangs armés.
Cette décision pourrait également compliquer la situation des financeurs des gangs.
Voici une liste non exhaustive des personnalités haïtiennes sanctionnées par le Canada. La majorité d’entre elles figurent également sur les listes des Nations Unies et des États-Unis :
- André Apaid (homme d’affaires)
- Arnel Bélizaire (ancien député)
- Berto Dorcé (ancien ministre)
- Carl Braun (homme d’affaires)
- Charles Saint-Rémy (homme d’affaires)
- Gary Bodeau (ancien député)
- Gilbert Bigio (homme d’affaires)
- Gracia Delva (ancien sénateur et ancien député)
- Hervé Fourcand (ancien sénateur)
- Jean Marie Vorbe (homme d’affaires)
- Jean-Henry Céant (ancien Premier ministre)
- Jimmy Chérizier alias Barbecue (chef de gang)
- Jocelerme Privert (ancien Président de la République)
- Johnson André alias Izo 5 Segond (chef de gang)
- Joseph Lambert (ancien sénateur)
- Joseph Wilson alias Lanmò San Jou (chef de gang)
- Laurent Salvador Lamothe (ancien Premier ministre)
- Liszt Quitel (ancien ministre)
- Marc Antoine Acra (homme d’affaires)
- Michel Joseph Martelly (ancien Président de la République)
- Nenel Cassy (ancien sénateur)
- Prophane Victor (ancien député)
- Reynold Deeb (homme d’affaires)
- Rony Célestin (ancien sénateur)
- Salim Succar (homme d’affaires)
- Sherif Abdallah (homme d’affaires)
- Steeve Khawly (homme d’affaires)
- Vitel’homme Innocent (chef de gang)
- Youri Latortue (ancien sénateur)