Le TPS:Trop important pour le système de santé et l’économie américaine pour ne pas être renouvelé, selon une centaine de parlementaires

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Plus de 100 membres du Congrès américain, tous des démocrates, continuent de presser pour une extension du Statut de protection temporaire (TPS) pour les Haïtiens ainsi que les immigrants de plusieurs autres pays.
À l’initiative des sénateurs du Massachusetts Edward J. Markey et Elizabeth Warren, de Chris Van Hollen (Maryland), ainsi que des représentantes Diana DeGette (Colorado), Jake Auchincloss (Massachusetts), Robin Kelly (Illinois), Deborah Ross (Caroline du Nord), Yvette D. Clarke (New York) et Sheila Cherfilus-McCormick (Floride), entre autres, ils demandent à l’exécutif de renoncer à la suppression du Statut de protection temporaire pour les immigrants bénéficiaires du TPS.

Selon eux, cette décision affaiblirait gravement un secteur de la santé déjà sous tension.

« Alors que le président Trump et les républicains au Congrès démantèlent le filet de sécurité de la santé, provoquant des fermetures d’hôpitaux et de maisons de retraite ainsi que des licenciements à travers le pays, le système de santé ne peut pas supporter un nouveau coup », écrivent-ils.

Dans une lettre adressée au Department of Homeland Security (DHS), au Department of Health and Human Services (HHS) et au Department of Labor (DoL), les élus demandent une évaluation précise de l’impact de ces suppressions sur la main-d’œuvre de la santé et l’accès aux soins, d’ici le 13 octobre 2025.

Ils soulignent que la fin du TPS frapperait des professions critiques — aides-soignants, assistants de vie, personnels de maisons de retraite — alors que la demande explose avec le vieillissement de la population américaine.

Des chiffres qui inquiètent : 570 000 personnes concernées, un poids économique majeur

Les signataires rappellent qu’environ 570 000 détenteurs du TPS participent aujourd’hui au marché du travail et contribuent à hauteur d’environ 21 milliards de dollars par an à l’économie américaine, tout en acquittant 5,2 milliards de dollars d’impôts.

Ils insistent sur la surreprésentation des ressortissants de pays bénéficiant du TPS dans la santé.
Une étude estime que 15 % des travailleurs de santé non citoyens viennent de pays bénéficiant du TPS. Les hôpitaux figurent parmi les cinq principaux employeurs des bénéficiaires haïtiens et honduriens, et plus d’un cinquième des Américains d’origine haïtienne travaillent dans ce secteur.

Rien qu’au Massachusetts, environ 5 000 détenteurs du TPS seraient employés dans des EHPAD/maisons de retraite, ont rappelé les signataires de la correspondance.

« En mettant fin au TPS pour plusieurs pays, le président Trump déstabilise des familles d’immigrés en situation régulière, tout en menaçant de retirer des milliers d’aides à domicile, d’assistants de soins et d’autres travailleurs essentiels qui s’occupent de notre population vieillissante », alertent les élus. Ils citent des cas concrets : un complexe pour personnes âgées en Virginie dit risquer de perdre 65 salariés ; un établissement en Floride estime que 8 % de son personnel est menacé ; au Massachusetts, une fédération du secteur anticipe 2 000 postes en danger, et un groupe de soins post-aigus dénombre 96 employés au statut TPS incertain.

Les parlementaires replacent ces risques dans un contexte de pénurie durable. Depuis la pandémie, les structures de soins infirmiers et résidentiels ont perdu plus de 400 000 employés, et les besoins en aides à domicile, auxiliaires de vie et aides-soignants devraient augmenter de 35 % à 41 % entre 2022 et 2037. Rompre des binômes patient-soignant de longue date aggraverait la charge des équipes restantes et accélérerait le burn-out, préviennent-ils.

Fin du TPS : un calendrier et des décisions qui se multiplient

Depuis le début du second mandat Trump, le DHS a annoncé — ou remis en route — des terminaisons de TPS pour plusieurs pays, notamment la Syrie, le Népal, le Honduras et le Nicaragua, avec des dates d’effet publiées au Federal Register.

Ces annonces, combinées à des révisions d’autres désignations pour les Haïtiens et les Vénézuéliens, nourrissent l’inquiétude des acteurs hospitaliers face à une perte colossale sans précédent.

Les élus relient enfin la fin du TPS à d’autres mesures budgétaires fédérales, pointant des coupes projetées dans Medicaid prévues dans le « One Big Beautiful Bill Act » voté il y a plusieurs mois par le Congrès.

Selon eux, l’addition de ces facteurs créerait un « parfait orage » pour le système de santé, avec des fermetures possibles d’établissements et une qualité des soins en baisse, en particulier pour les personnes âgées et les patients vulnérables. « Tandis que l’administration Trump prétend vouloir “Make America Healthy Again”, ses fins de TPS produiront l’effet inverse — en vidant davantage une main-d’œuvre déjà exsangue, sur fond de coupes massives de Medicaid qui feront perdre leur couverture à des millions d’Américains », écrivent-ils.

Outre Markey, Warren et Van Hollen, la lettre réunit 105 élus. Parmi les sénateurs : Cory Booker, Tammy Duckworth, Kirsten Gillibrand, Amy Klobuchar, Alex Padilla, Bernie Sanders, Tina Smith, Mark Warner, Adam Schiff (au Sénat depuis 2025) et Andy Kim. Côté Chambre : Alexandria Ocasio-Cortez, Pramila Jayapal, Ritchie Torres, Nydia Velázquez, Seth Moulton, Jerrold Nadler, Eleanor Holmes Norton, Jan Schakowsky, Eric Swalwell, Debbie Wasserman Schultz, Rashida Tlaib, Bennie Thompson, entre autres. Les signataires demandent formellement aux agences concernées de répondre d’ici le 13 octobre 2025 avec une analyse d’impact.

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