Près de 90 parlementaires américains ont adressé une lettre à un juge du tribunal de première instance, plaidant en faveur d’une décision favorable aux immigrants haïtiens.
Le sénateur Edward J. Markey (D-Mass.) et la représentante Sheila Cherfilus-McCormick (D-Fla., 20e district) ont annoncé lundi avoir conduit un groupe de 89 parlementaires dans le dépôt d’un mémoire amicus curiae devant le tribunal fédéral du district de Columbia, dans le cadre de l’affaire Miot v. Trump. Ce recours vise à contester la décision de l’administration Trump de mettre fin au statut de protection temporaire (TPS) accordé à Haïti.
Les élus appellent la Cour à suspendre la résiliation du programme, soulignant « l’immense intérêt public » que représente la présence des bénéficiaires haïtiens du TPS dans de nombreux États et communautés du pays. Dans le mémoire, ils préviennent que si la décision d’annulation est maintenue, « cela ne serait pas seulement une trahison de la promesse américaine ; ce serait un coup porté aux intérêts américains ».
Lors de l’annonce du dépôt, le sénateur Markey a insisté sur la gravité de la situation en Haïti : « La crise humanitaire en Haïti est grave et s’aggrave, et les bénéficiaires haïtiens du TPS ne peuvent pas rentrer chez eux en toute sécurité. »
Il a accusé l’administration Trump d’agir en dehors de la légalité : « Alors que Donald Trump dépouille illégalement la communauté haïtienne bénéficiant du TPS de protections juridiques essentielles, nous devons protéger les individus qui sont venus dans notre pays à la recherche d’un refuge sûr. »
Le sénateur du Massachusetts a également insisté sur les liens profonds qui unissent les bénéficiaires du programme à la société américaine : « Les bénéficiaires haïtiens du TPS sont profondément enracinés dans le Massachusetts et dans des communautés à travers le pays — ce sont nos amis, nos membres de famille, nos voisins et nos collègues. Nous ne devons pas leur tourner le dos aujourd’hui. »
La voix de la diaspora haïtienne
La représentante Sheila Cherfilus-McCormick, qui représente le 20e district de Floride, a souligné son expérience personnelle dans ce combat : « Je comprends de première main combien le TPS est vital pour les familles fuyant les crises persistantes en Haïti. »
Elle a dénoncé les risques encourus en cas de retour forcé : « Les renvoyer maintenant serait à la fois dangereux et inhumain. Ce mémoire amicus met en évidence cette réalité. »
Dans sa déclaration, elle a affirmé sa détermination à poursuivre le plaidoyer : « Je suis fière de me tenir aux côtés du sénateur Markey et des défenseurs pour protéger les ressortissants haïtiens. Il s’agit de plus qu’une simple politique ; il s’agit de vies humaines. Je continuerai à me battre pour un système d’immigration juste et compatissant qui protège la diaspora haïtienne. »
Le mémoire a été cosigné par un nombre important de parlementaires démocrates de premier plan. Côté Sénat, la liste inclut le chef de la majorité, Chuck Schumer (D-N.Y.), ainsi que Dick Durbin (D-Ill.), Elizabeth Warren (D-Mass.), Chris Van Hollen (D-Md.), Alex Padilla (D-Calif.), Adam Schiff (D-Calif.), Tammy Duckworth (D-Ill.), Peter Welch (D-Vt.), Andy Kim (D-N.J.), Jeanne Shaheen (D-N.H.), Jack Reed (D-R.I.), Sheldon Whitehouse (D-R.I.), Raphael Warnock (D-Ga.), Richard Blumenthal (D-Conn.), Angela Alsobrooks (D-Md.), Cory Booker (D-N.J.), John Hickenlooper (D-Colo.), Chris Coons (D-Del.) et Lisa Blunt Rochester (D-Del.).
Le TPS, un enjeu vital pour des milliers d’Haïtiens
Le statut de protection temporaire (TPS) a été accordé à Haïti à plusieurs reprises depuis le séisme dévastateur de 2010 et prolongé en raison des catastrophes naturelles, de l’instabilité politique et de la violence généralisée. Il permet aux ressortissants haïtiens vivant déjà aux États-Unis d’obtenir un droit de séjour temporaire et une autorisation de travail, en raison de l’impossibilité de retour dans des conditions sûres.
Dans leur mémoire, les parlementaires rappellent que les bénéficiaires haïtiens du TPS « participent pleinement à la vie économique, sociale et communautaire » des États-Unis. Ils insistent sur la contribution de cette population, non seulement dans des secteurs clés de l’économie, mais aussi dans la vie civique et associative.
Le texte souligne que l’expulsion massive envisagée par l’administration Trump mettrait en péril la sécurité et l’intégrité de familles entières, séparant parents et enfants, et priverait de nombreuses collectivités locales de travailleurs essentiels.
L’affaire Miot v. Trump constitue une étape cruciale dans le bras de fer judiciaire autour de l’avenir du TPS pour Haïti. Le mémoire déposé par les parlementaires vise à démontrer que la résiliation décidée par la Maison-Blanche est illégale et contraire aux obligations humanitaires des États-Unis.
Pour les signataires, il s’agit d’un signal politique fort envoyé à la communauté haïtienne installée sur le sol américain, mais aussi à l’opinion publique américaine plus large, à un moment où la question migratoire occupe une place centrale dans le débat national.