Le représentant du secteur privé des affaires, Laurent Saint-Cyr, a été installé ce jeudi 7 août 2025 comme Coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), en remplacement de Fritz Alphonse Jean.
La cérémonie de passation, à la fois sobre et symbolique, s’est tenue au siège du Conseil à la Villa d’Accueil, en présence de membres du gouvernement, de représentants du corps diplomatique et d’acteurs de la société civile.
Dès son discours inaugural, Laurent Saint-Cyr a donné le ton. L’homme d’affaires, ancien président de la Chambre de commerce américaine en Haïti (AmCham), a livré un message sans détours : « C’est le chaos. Ce n’est pas le temps des beaux discours, mais celui des actions concrètes. » Il a lancé un appel explicite à rompre avec l’immobilisme et à répondre à l’urgence de la situation nationale.
Dans une allocution directe et dépourvue d’artifices, le nouveau coordonnateur du CPT a dressé un constat alarmant : une insécurité généralisée, une administration publique dysfonctionnelle et un quotidien de plus en plus invivable pour une large partie de la population. « Trop de morts, trop de sang versé. Il faut agir vite pour barrer la route aux criminels qui martyrisent la population », a-t-il déclaré d’un ton grave.
Laurent Saint-Cyr estime que la transition en cours ne peut être perçue comme un simple moment d’attente ou un épisode transitoire. Selon lui, elle doit viser des objectifs clairs : rétablir l’ordre, refonder les institutions et organiser des élections crédibles, conformément à l’accord du 3 avril 2024 qui a donné naissance au CPT.
Bien qu’il ne soit pas issu de la classe politique, le nouveau coordonnateur entend mettre à profit son expérience du secteur privé pour imposer une méthode de travail basée sur la rigueur, la planification et les résultats. « Mon rôle est de faciliter le dialogue entre les membres du Conseil, d’assurer la coordination avec le gouvernement, et de veiller à ce que des actions concrètes soient engagées au bénéfice de la population », a-t-il expliqué.
Cette orientation suggère une volonté d’efficacité et de compromis dans un Conseil souvent critiqué pour ses blocages internes et ses divisions persistantes.
La prise de fonction de Saint-Cyr intervient dans un contexte particulièrement tendu. Sur le terrain, la Police nationale d’Haïti, bien qu’elle soit appuyée par une Mission multinationale d’appui à la sécurité en manque d’effectifs et sous-équipée, reste débordée face à la violence des gangs, qui continuent d’imposer leur loi dans plusieurs quartiers de la capitale ainsi que dans d’autres départements. La défiance de la population vis-à-vis des autorités reste forte, et les doutes persistent quant à la capacité réelle de la transition à produire des résultats concrets.
Certains observateurs estiment toutefois que le profil de Laurent Saint-Cyr pourrait constituer un atout. Sa proximité avec le monde économique pourrait, selon eux, favoriser l’établissement de partenariats techniques et financiers pour appuyer la mise en œuvre de mesures concrètes en faveur de la stabilisation du pays.
Vers un sursaut national ?
Alors que le pays s’enfonce dans une crise multidimensionnelle, le discours de Laurent Saint-Cyr a été perçu par certains comme un appel à une mobilisation nationale. Il a invité les acteurs politiques, les membres de la société civile, la diaspora ainsi que les partenaires internationaux à s’unir autour d’un même objectif : empêcher l’effondrement total de l’État haïtien.
La tâche s’annonce difficile. Néanmoins, pour une partie de l’opinion, le changement de ton du nouveau coordonnateur, combiné à son profil technocratique, représente une lueur d’espoir. Encore faudra-t-il que les promesses d’action se traduisent rapidement en initiatives tangibles, dans un environnement où le temps joue contre la stabilité.
https://ctninfo.com/?p=36024&preview=true