Après avoir observé une brève pause, l’agence américaine de l’immigration (ICE) tente d’envoyer un message clair aux immigrants : toute personne se trouvant aux États-Unis sans autorisation légale s’expose désormais à une arrestation, peu importe son casier judiciaire.
C’est ce qu’a affirmé Todd Lyons, directeur par intérim de l’ICE, dans un entretien exclusif accordé à CBS News.
Selon Lyons, l’agence continuera de cibler en priorité les personnes en situation irrégulière ayant un passé criminel sérieux. Mais il a clairement indiqué que les migrants sans antécédents judiciaires ne seront pas épargnés : s’ils sont découverts au cours d’une opération, ils seront interpellés, a-t-il prévenu.
Le chef de l’ICE affirme que les États et villes qui refusent de coopérer avec les autorités fédérales, en particulier en ne transférant pas les détenus étrangers aux agents de l’immigration, contraignent son agence à multiplier les interventions sur le terrain. Ces descentes conduisent à des arrestations dites « collatérales » de personnes sans papiers qui n’étaient pas ciblées initialement. « Nous préférerions intervenir directement dans les centres de détention, mais quand ce n’est pas possible, nous devons aller dans les communautés », a expliqué Lyons, cité par CBS News.
Il estime que l’ICE dispose désormais de moyens renforcés pour élargir son action.
Grâce à une enveloppe budgétaire massive accordée par le Congrès, l’agence pourrait, selon lui, atteindre l’objectif fixé par l’administration Trump : un million de reconduites à la frontière en un an.
Reprise des descentes dans les entreprises
Parallèlement, les grandes opérations dans les lieux de travail ont repris. CBS News rapporte que des centaines de personnes soupçonnées de travailler sans autorisation ont été arrêtées dans une usine de transformation de viande au Nebraska, un champ de courses en Louisiane et plusieurs exploitations de cannabis en Californie. Dix mineurs figurent parmi les personnes interpellées.
Sous la précédente administration, ces opérations avaient été suspendues. Mais la nouvelle équipe gouvernementale les a relancées, affirmant vouloir sanctionner non seulement les travailleurs sans papiers, mais aussi les employeurs. Todd Lyons a confirmé cette orientation : selon lui, certaines entreprises profitent de la vulnérabilité des immigrants, notamment dans des cas de travail forcé ou de traite des enfants. « Ce ne sont pas des infractions sans victimes », a-t-il souligné.
La stratégie actuelle marque une nette rupture avec les lignes directrices adoptées sous Joe Biden, où les agents étaient appelés à concentrer leurs efforts sur les auteurs d’infractions graves ou les menaces à la sécurité nationale. Cette politique a été abandonnée dès le début du second mandat de Donald Trump.
D’après les données obtenues par CBS News, environ 150 000 personnes ont été expulsées durant les six premiers mois de cette nouvelle présidence. Parmi elles, 70 000 avaient un casier judiciaire, bien que de nombreuses infractions soient liées à l’immigration ou à des délits routiers.
Crédit : CBS News– Propos de Todd Lyons recueillis dans l’émission Face the Nation, diffusée le 15 juillet 2025.
