Gonaïves, 16 septembre 2025 — Le climat d’insécurité qui secoue le département de l’Artibonite vient de franchir un nouveau seuil.
Wilford Ferdinand, figure politique connue sous le surnom de « Tiwil », a été abattu mardi après-midi à « La Badie », à l’entrée nord de la ville des Gonaïves.
Selon plusieurs témoins, Ferdinand circulait à bord d’un véhicule en compagnie d’un autre homme, dont l’identité n’a pas encore été révélée, lorsqu’ils ont été pris pour cible par des individus lourdement armés.
Les assaillants auraient ouvert le feu à bout portant. Les deux hommes ont été tués sur le coup.
Des sources locales rapportent que les victimes se rendaient dans la zone de « Canal Bois » dans le cadre d’un conflit foncier opposant plusieurs familles influentes de la région.
Les motivations exactes des assassins demeurent toutefois floues, et aucune piste n’est pour l’instant écartée par les observateurs.
À ce stade, aucune enquête officielle n’a encore été annoncée, mais la société civile appelle à faire toute la lumière sur cette exécution, dans un contexte où l’impunité reste la règle pour la majorité des crimes politiques et des assassinats ciblés.
Un climat d’insécurité persistant
Cet assassinat survient alors que la ville des Gonaïves connaît une recrudescence d’attaques meurtrières.
Au cours des dernières semaines, plusieurs habitants ont été exécutés dans des conditions similaires, alimentant un sentiment de peur et d’abandon parmi la population.
Des tirs nourris ont d’ailleurs été entendus dans le centre-ville peu après l’assassinat de Ferdinand, plongeant plusieurs quartiers dans la panique.
La population locale dénonce le silence des autorités judiciaires et policières. Ni le commissaire du gouvernement ni la direction départementale de la Police nationale d’Haïti (PNH) n’avaient encore réagi mardi soir.
Wilford Ferdinand, alias « Tiwil », fut l’un des chefs de file du Front de résistance de l’Artibonite au début des années 2000. En 2004, il avait joué un rôle central dans les mobilisations armées et populaires qui avaient conduit au départ forcé de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide.
Ce passé l’avait rendu à la fois célèbre et controversé. Pour certains Tiwill est considéré comme un militant déterminé, alors que pour d’autres il est un acteur clé de la violence politique.
Depuis plusieurs années, Wilfort Ferdinand s’était retiré de la scène nationale, mais continuait d’exercer une influence locale, notamment dans les affaires foncières et les médiations communautaires.
L’assassinat de « Tiwil » risque de raviver les tensions dans l’Artibonite, une région marquée par des affrontements fréquents entre groupes armés et forces de l’ordre.
Plusieurs analystes estiment que ce meurtre pourrait déclencher de nouvelles vagues de violence, tant le personnage de Ferdinand symbolisait un pan de l’histoire récente d’Haïti.
Jamesson JN BAPTISTE
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