L’UNESCO a inscrit ce mercredi 10 décembre le Konpa d’Haïti sur sa Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Une consécration mondiale pour ce genre musical et cette danse mythiques, piliers de l’identité haïtienne, qui viennent rejoindre la soupe joumou, distinguée en 2021, et la cassave en 2024.
Le compas haïtien, une pratique musicale et dansée mythique vieille de plus de 70 ans, appartient désormais au patrimoine mondial. Le Comité du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, réuni à New Delhi en Inde ce mercredi 10 décembre 2025, a officialisé cette inscription historique.
Dans un communiqué conjoint, le Ministère de la Culture et de la Communication (MCC) et le Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes (MAEC) ont confirmé que le dossier soumis par Haïti « a satisfait l’ensemble des critères établis par l’UNESCO », et que l’organe d’évaluation « a validé à l’unanimité la candidature ».
Une reconnaissance officielle et symbolique
Cette reconnaissance consacre le Konpa non seulement comme le ciment culturel du peuple haïtien, mais aussi comme un patrimoine partagé. Les ministères soulignent que, né des rythmes traditionnels et nourri d’influences caribéennes, latino-américaines, européennes et africaines, le Kompa/Compas est « bien plus qu’un genre musical : c’est une voix, une identité, un souffle collectif ».
Ils ajoutent : « Le Compas porte également un symbolisme profond : comme le compas outil qui trace des cercles parfaits, il crée un espace commun où chacun se reconnaît, rassemblant les Haïtiens d’ici et d’ailleurs dans un même mouvement circulaire de partage, d’appartenance et de cohésion sociale. »
L’UNESCO, dans sa présentation, définit le compas comme « un genre de musique et de danse populaire qui revêt une grande importance culturelle pour les communautés praticiennes ». L’organisation note qu’il constitue « un facteur d’identification fort » qui rassemble des personnes de tous âges, genres et origines.
Un patrimoine qui rejoint d’autres symboles nationaux
Cette inscription vient « enrichir et consolider ce pan essentiel de notre mémoire collective », selon le communiqué, aux côtés du Parc national historique Citadelle, Sans Souci, Ramier (patrimoine mondial) de la Soupe Joumou et de la cassave, déjà reconnus.
Le gouvernement haïtien a salué une « journée de grâce, de fierté et de profonde émotion pour la nation ». Dans un communiqué séparé, la Primature a rendu un « hommage national » à Feu Maestro Nemours Jean-Baptiste, père du Konpa Direct, « artisan de génie ayant transformé nos traditions en un langage musical universel ».
« Cette inscription honore la mémoire, la lutte et la passion de tout un peuple, et confirme la place du Konpa comme l’un des symboles les plus vibrants de l’esprit haïtien », a déclaré le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé.
Hommage aux artisans et vision pour l’avenir
Les ministères ont salué « le travail de longue haleine » des fonctionnaires, musiciens, chercheurs, institutions culturelles et communautés artistiques. Ils ont également évoqué, en cette fin d’année 2025, la mémoire d’artistes récemment disparus comme Richard Duroseau et Ti Plume, pour qui cette reconnaissance constitue « une source de fierté nationale ».
Cette distinction est présentée comme un encouragement à « soutenir la création artistique, renforcer les industries culturelles et accroître le rayonnement d’Haïti », tout en œuvrant pour « la valorisation du patrimoine culturel immatériel haïtien, essentiel au renforcement de l’identité nationale ».
Avec cette décision, le compas haïtien, né dans les quartiers populaires et forgé par l’histoire, reçoit la consécration ultime : celle de l’humanité toute entière, reconnaissant en ses notes syncopées une part de sa propre diversité et de sa créativité.
