Le chef de gang « Yonyon » condamné à perpétuité aux États-Unis pour l’enlèvement des missionnaires américains

CTN News

Port-au-Prince, jeudi 4 décembre 2025 – Le chef de gang haïtien Joly Germine, alias « Yonyon », a été condamné mercredi 3 décembre 2025 à la réclusion criminelle à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle par un tribunal fédéral des États-Unis. Âgé de 34 ans et originaire de Croix-des-Bouquets, le leader des « 400 Mawozo » a été reconnu coupable pour son rôle central dans l’enlèvement de 16 citoyens américains, dont cinq enfants, en octobre 2021.

Les victimes, membres de l’organisation missionnaire Christian Aid Ministries, avaient été capturées alors qu’elles revenaient d’une mission dans un orphelinat. La majorité d’entre elles ont été retenues en captivité pendant 62 jours, selon la procureure fédérale Jeanine Ferris Pirro.

Reconnu coupable le 16 mai 2025 à l’issue d’un procès de dix jours à Washington D.C., Germine a été condamné pour « complot en vue de commettre une prise d’otage » et seize chefs d’accusation de « prise d’otage contre rançon ». En plus de la peine de prison à vie, le juge John D. Bates lui a infligé une amende de 1 700 dollars.

« Le groupe de missionnaires comprenait douze adultes et cinq jeunes enfants, dont un bébé de huit mois. Seize des victimes étaient des citoyens américains », a rappelé la procureure Jeanine Pirro, ajoutant : « Cette condamnation démontre clairement que le plan de Germine pour obtenir sa liberté en instrumentalisant des chrétiens s’est retourné contre lui. »

Les documents judiciaires révèlent que Germine Joly dirigeait les opérations du gang depuis sa prison, grâce à des téléphones portables non surveillés. Il contrôlait les finances, fournissait les armes et supervisait toutes les activités criminelles, restant en contact constant avec d’autres chefs des 400 Mawozo, pour la plupart des membres de sa famille.

Le 16 octobre 2021, les dix-sept missionnaires ont été interceptés par des hommes armés et masqués du gang alors qu’ils revenaient d’un orphelinat. Conduits dans un champ, volés, puis emmenés dans un bâtiment en zone rurale, ils ont été retenus sous la menace d’une arme. Le gang, après avoir consulté Germine par téléphone, a exigé une rançon d’un million de dollars par personne, soit un total de 17 millions.

Selon l’accusation, Germine savait que cette somme était exorbitante. Son véritable espoir était d’inciter le gouvernement haïtien à négocier sa propre libération en échange de celle des missionnaires.

L’épreuve des otages a pris fin progressivement. Le 20 novembre 2021, deux d’entre eux, dont une personne gravement malade, ont été libérés. Le 5 décembre, trois autres otages (deux adultes souffrants et un enfant de six ans) ont été relâchés contre une rançon de 350 000 dollars.

Finalement, le 16 décembre 2021, les derniers otages ont profité d’un moment d’inattention de leurs geôliers pour s’échapper. Après cinq heures de marche à travers la brousse haïtienne pour quitter le territoire du gang, ils ont été pris en charge par le FBI, déployé sur place, qui a organisé leur transfert sécurisé avant que les ravisseurs ne puissent réagir.

Joly Germine avait déjà été condamné en juin 2024 à 35 ans de prison fédérale après avoir plaidé coupable pour trafic d’armes vers Haïti et blanchiment d’argent provenant de rançons. La peine de perpétuité prononcée mercredi vient s’y ajouter.

L’enquête a été menée par le bureau du FBI à Miami, avec l’aide du Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF). Elle a démontré de façon circonstanciée l’implication personnelle et continue de Germine dans l’ensemble de cette prise d’otages, depuis sa planification jusqu’aux décisions de libération.

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