L’administration Trump prévoit des transferts massifs de migrants vers Guantanamo

Emmanuel Paul
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L’administration Trump s’apprête à lancer un vaste programme de transferts de migrants sans papiers vers la base navale de Guantanamo Bay, avec plus de 9 000 personnes actuellement en cours d’examen pour un éventuel déplacement, selon des documents consultés par Politico.
Il s’agirait d’une montée en puissance considérable par rapport aux 500 immigrants déjà passés par l’installation depuis février, dans le cadre de séjours temporaires.

Ce projet donne forme à l’annonce faite par Donald Trump en janvier, visant à utiliser cette base, historiquement associée à la détention de suspects de terrorisme, pour accueillir jusqu’à 30 000 migrants.
Selon les documents, les premiers transferts pourraient commencer dès mercredi. Officiellement, cette mesure vise à désengorger les centres de détention sur le continent. Officieusement, elle servirait également de message dissuasif contre l’immigration clandestine.
Les plans, bien que finalisés récemment, restent sujets à modification.
Le département de la Sécurité intérieure n’aurait pas l’intention d’informer à l’avance les pays concernés par ces expulsions, selon les sources citées.
Les porte-parole des départements de la Sécurité intérieure et d’État n’ont pas répondu aux sollicitations de Politico.
En parallèle, la Maison-Blanche exerce une pression croissante sur les services de l’immigration pour intensifier les arrestations. Le conseiller politique Stephen Miller aurait exigé 3 000 arrestations par jour.

L’agence ICE, confrontée à une saturation de ses installations, appelle le Congrès à financer davantage de personnel et de capacités de détention sur le territoire américain.

Le plan ne se limite pas à l’Amérique latine : environ 800 ressortissants européens sont également envisagés pour un transfert vers Guantanamo, dont 170 Russes, 100 Roumains et un Autrichien, a révélé Politico.

Cette inclusion a provoqué une vive inquiétude au sein du département d’État, certains diplomates soulignant que ces pays, alliés des États-Unis, coopèrent régulièrement pour la réadmission de leurs ressortissants. “ Le message est de choquer et d’horrifier les gens, de les bouleverser”, a déclaré un responsable du département d’État sous couvert d’anonymat à Politico. “Mais nous sommes des alliés.”

Un plan sous le feu des critiques judiciaires et logistiques

Ce projet intervient alors que des recours judiciaires cherchent à empêcher l’utilisation de Guantanamo comme centre de détention pour migrants.
Un recours collectif en cours à Washington affirme que 70 détenus y subissent des conditions qualifiées de “ punitives “: nourriture insuffisante, renouvellement hebdomadaire des vêtements et présence de rongeurs. “ Le gouvernement n’a identifié aucun objectif légitime qui soit servi en détenant des immigrés à Guantanamo, plutôt que dans des installations de détention à l’intérieur des États-Unis”, ont plaidé les avocats de l’ACLU, cités par Politico. Ils accusent l’administration d’utiliser la menace de détention sur la base pour intimider les migrants, provoquer des départs volontaires et dissuader d’autres arrivées.

L’affaire est actuellement entre les mains du juge fédéral Carl Nichols, nommé par Trump.

Dans le même temps, les documents judiciaires font état d’un coût de 100 000 dollars par jour et par détenu pour cette installation.
Le sénateur Gary Peters, principal démocrate de la commission sénatoriale de la Sécurité intérieure, a souligné la démesure d’un tel chiffre.
L’ordre de Trump de janvier, prévoyant jusqu’à 30 000 personnes à Guantanamo, aurait provoqué la stupéfaction au Pentagone, notamment en raison des contraintes climatiques, de la disponibilité réduite du personnel, de l’accès limité aux soins et de l’impact budgétaire.

Depuis février, 178 migrants y avaient été détenus avant que les autorités ne transfèrent précipitamment un groupe de Vénézuéliens hors de l’installation. À l’époque, le gouvernement avait affirmé que Guantanamo n’était destinée qu’à une détention temporaire. “L’expulsion souligne également que la détention d’immigration à [Guantanamo Bay] est destinée à un stationnement temporaire et non à une détention indéfinie, comme les pétitionnaires l’ont suggéré dans leurs dépôts”, avaient déclaré les avocats du département de la Justice à Politico. Mais les incertitudes demeurent sur la durée réelle de séjour des personnes transférées avant leur renvoi vers leurs pays d’origine.

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