L’administration Trump entend imposer une taxe de 100 000 dollars sur les visas H-1B

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Le président Donald Trump s’apprête à signer, ce vendredi, une mesure qui risque de bouleverser encore plus l’économie américaine et la mobilité internationale des talents.

Selon un responsable de la Maison-Blanche cité par CNN, un décret présidentiel imposera désormais des frais de 100 000 dollars pour toute demande de visa H-1B.

Cette décision, présentée comme une riposte contre « l’abus du programme H-1B » accusé d’avoir « déplacé des travailleurs américains », constitue l’un des actes les plus radicaux de la nouvelle offensive migratoire de l’administration Trump, selon ce qu’a fait savoir CNN, qui n’a toutefois pas précisé qui sera responsable de ce nouveau frais.

Le visa H-1B, très prisé par les entreprises américaines, permet aux travailleurs étrangers qualifiés d’occuper des postes dans des secteurs stratégiques, en particulier la technologie.

Valide pour trois ans et renouvelable une fois, ce visa est délivré chaque année à 65 000 personnes, auxquels s’ajoutent 20 000 visas réservés aux diplômés des universités américaines, selon des données citées par CNN.

Avec l’instauration de cette taxe exorbitante, l’accès au programme risque d’être profondément restreint.

Le responsable de la Maison-Blanche a indiqué à CNN que le décret vise à limiter l’usage du H-1B « sauf si le paiement accompagne la demande ».

Les observateurs estiment que cette mesure pourrait affecter directement la compétitivité de nombreuses entreprises, en particulier les firmes technologiques, qui affirment avoir besoin du H-1B pour recruter des talents spécialisés introuvables aux États-Unis.

La position de Donald Trump sur les visas H-1B a toujours oscillé entre ouverture et fermeté.

Pendant la campagne de 2024, il avait laissé entendre qu’il pourrait « donner un statut légal à certains travailleurs étrangers diplômés d’universités américaines ».

Pourtant, il n’a cessé de dénoncer le programme, l’accusant d’être utilisé « dans le but explicite de remplacer les travailleurs américains par une main-d’œuvre étrangère moins coûteuse », une critique qu’il portait déjà en 2016.

En décembre dernier, il défendait pourtant une position différente : « J’ai toujours aimé les visas, j’ai toujours été en faveur des visas. C’est pourquoi nous les avons », déclarait-il au New York Post, cité par CNN.

Cette alternance entre défense et rejet du programme illustre l’ambivalence d’un président qui doit composer avec des intérêts économiques puissants et une base électorale hostile à l’immigration.

Pressions économiques et divisions politiques

La nouvelle taxe est loin de faire l’unanimité, y compris parmi les soutiens de Donald Trump.

L’annonce fait suite à une série de débats internes déclenchés lorsque des entrepreneurs influents comme Elon Musk et Vivek Ramaswamy, qui avaient brièvement dirigé le Département de l’efficacité gouvernementale, ont publiquement défendu le H-1B.

Cette prise de position avait provoqué de vives réactions dans les rangs des partisans les plus radicaux du président, qui espéraient une restriction plus sévère de l’immigration légale.

Pour les économistes, la décision pourrait avoir des effets négatifs à long terme.

Beaucoup estiment que le programme H-1B permet non seulement aux entreprises américaines de rester compétitives, mais aussi de créer de nouveaux emplois sur le sol américain.

L’instauration de cette taxe s’inscrit dans la droite ligne de la première administration Trump. En 2020, en pleine pandémie de Covid-19, l’accès aux H-1B avait déjà été limité à plusieurs reprises, dans le cadre d’une politique visant à réduire l’immigration légale.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a multiplié les mesures pour contrôler de manière plus stricte l’immigration professionnelle, parfois en contradiction avec ses propres déclarations publiques.

Cette nouvelle initiative s’inscrit dans « une série d’efforts de l’administration pour s’attaquer à l’immigration », avec un impact direct sur les secteurs qui dépendent fortement de la main-d’œuvre étrangère, a souligné CNN.

Si la mesure est officiellement signée vendredi, elle devrait immédiatement provoquer des contestations, tant sur le plan juridique que politique.

Les entreprises du secteur technologique, principales utilisatrices du H-1B, risquent d’opposer une résistance ferme, en soulignant la nécessité de recruter des talents étrangers pour combler le manque de main-d’œuvre spécialisée aux États-Unis.

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