L’administration Trump admet une erreur en expulsant un immigrant sous protection légale des États-Unis vers une prison salvadorienne

Emmanuel Paul

L’administration Trump a confirmé avoir expulsé de manière inappropriée Kilmar Abrego Garcia vers El Salvador, malgré l’existence d’une protection légale contre son expulsion. Une admission tardive qui pourrait ne pas signifier grand-chose pour Abrego, considérant que le gouvernement refuse d’entamer des démarches pour faciliter son retour aux États-Unis.

Selon les documents juridiques examinés par The Hill, cette erreur administrative a entraîné l’incarcération d’Abrego Garcia dans un centre pénitentiaire de haute sécurité à El Salvador.

L’incident a été découvert lorsque les proches de M. Abrego Garcia ont reconnu son visage dans une séquence vidéo montrant un groupe de migrants transférés vers une prison salvadorienne. « Malgré la connaissance par l’ICE de son statut protégé contre l’expulsion vers El Salvador, Abrego Garcia a néanmoins été déporté suite à une erreur administrative », a déclaré le département de la Justice (DOJ) dans un document juridique cité par The Hill.

Les documents révèlent que les autorités américaines se trouvent dans l’incapacité d’obtenir le rapatriement de Kilmar Abrego Garcia. Il est actuellement incarcéré au Centre de Confinement du Terrorisme (CECOT), un établissement pénitentiaire à sécurité maximale où les prisonniers font l’objet de tortures et d’autres traitements dégradants. « Les États-Unis n’ont pas la garde d’Abrego Garcia », précise le DOJ, reconnaissant l’existence de « problématiques complexes de réparation » dans cette situation.

L’administration Trump avait procédé à l’expulsion d’Abrego Garcia le mois dernier dans le cadre d’une opération visant des individus présumés membres de gangs. Au total, 260 personnes ont été renvoyées vers El Salvador, principalement des citoyens vénézuéliens accusés d’appartenir à l’organisation criminelle Tren de Aragua, ainsi qu’un petit nombre de Salvadoriens suspectés d’être liés au gang MS-13. Toutefois, les représentants légaux d’Abrego Garcia réfutent fermement toute association criminelle de leur client.

Les avocats de la défense, cités dans The Hill, contestent vigoureusement les allégations concernant des liens avec un gang, soulignant l’absence totale de preuves tangibles. « Malgré les accusations d’affiliation à un gang, l’administration américaine n’a jamais fourni le moindre élément probant pour soutenir cette allégation », déclarent-ils dans leur document juridique initial. Ils soulignent également que leur client avait précisément quitté El Salvador pour échapper aux violences des gangs et qu’il a été renvoyé « en toute connaissance qu’il serait immédiatement emprisonné et soumis à des traitements inhumains dans l’établissement pénitentiaire le plus redoutable du pays ».

La situation d’Abrego Garcia est particulièrement délicate : marié à une citoyenne américaine et père d’un enfant en situation de handicap de nationalité américaine, il avait introduit une demande d’asile en 2019. Cette démarche lui avait accordé une protection juridique contre toute expulsion. Néanmoins, son renvoi a été exécuté, mettant en évidence les dangers inhérents à la politique migratoire de l’administration Trump, caractérisée par des expulsions massives sans garanties juridiques adéquates.

Abrego Garcia n’est pas la seule personne bénéficiant d’une protection légale à avoir été déportée par l’administration Trump. Plusieurs autres immigrants, dont un joueur de football professionnel vénézuélien, ont été déportés vers El Salvador. Le footballeur professionnel a été accusé d’appartenir au gang vénézuélien sur la seule base d’un tatouage du Real Madrid sur sa main, selon plusieurs médias américains.

 

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