Le maire de South Miami, dans le comté de Miami-Dade, Javier Fernández, et plusieurs avocats spécialisés en immigration appellent les villes de Floride à reconsidérer leur coopération avec les autorités fédérales de l’immigration. Cette prise de position intervient alors que l’administration du président Donald Trump poursuit une politique d’expulsion jugée “agressive” par les défenseurs des droits des migrants.
Lors d’une conférence de presse virtuelle organisée jeudi, Javier Fernández a affirmé que les responsables municipaux ne sont pas légalement tenus de signer les accords dits 287(g) avec l’agence U.S. Immigration and Customs Enforcement (ICE). Ces accords délèguent à des policiers locaux certains pouvoirs d’agents fédéraux de l’immigration, notamment pour identifier et détenir des personnes soupçonnées d’être en situation irrégulière.
Le maire de South Miami s’appuie sur des déclarations récentes des avocats de l’État, qui ont reconnu devant un tribunal, en août, que les municipalités ne sont pas contraintes par la loi de conclure de tels partenariats. “Nous nous sentons pleinement validés par cette reconnaissance”, a déclaré Fernández. La ville de South Miami a saisi la justice pour clarifier la portée légale de ces accords, arguant que leur imposition aux villes constituerait un abus de pouvoir de la part de l’État.
“Ces aveux devraient apporter un soulagement évident aux villes qui n’ont pas signé d’accord et qui ont été soumises à des pressions extrêmes, injustifiées et illégales”, a estimé Alana Greer, directrice du Community Justice Project, lors de la même conférence.
La municipalité de South Miami ne dispose pas de centre de détention et n’est donc pas soumise à l’obligation imposée aux comtés — les 67 du territoire — qui gèrent des prisons locales et doivent coopérer avec l’ICE. En revanche, plusieurs villes comme Fort Myers, Key West ou Tallahassee ont conclu des accords 287(g), souvent à la suite de menaces de l’exécutif de Floride. Le gouverneur Ron DeSantis et ses alliés ont averti qu’ils pourraient sanctionner des élus municipaux ou réduire des financements d’État pour contraindre les villes à collaborer avec l’agence fédérale. La ville de South Miami est située dans le comté de Miami-Dade, qui compte l’une des plus importantes communautés d’immigrants haïtiens aux États-Unis.
Jacqueline “Jack” Porter, commissaire de la ville de Tallahassee, a dénoncé un climat d’intimidation politique. “Les élus locaux sont menacés simplement parce qu’ils osent questionner ces accords”, a-t-elle déclaré. “Nous savons désormais que l’État lui-même a reconnu que ce n’est pas une exigence légale.” Mme Porter a ajouté que sa ville pourrait envisager de se retirer de l’accord en vigueur avec l’ICE, soulignant que la coopération actuelle “fragilise la confiance entre la police et les résidents immigrés”.
Selon des données recueillies par WLRN Public Media, environ un tiers de tous les partenariats actifs entre l’ICE et les forces de l’ordre américaines se trouvent désormais en Floride. Ce chiffre place l’État parmi les plus engagés dans l’exécution des politiques migratoires fédérales sous la présidence Trump.
South Miami reste à ce jour la seule ville de Floride à contester ouvertement, en justice, la position de l’État. La plainte vise à obtenir une clarification définitive : les municipalités peuvent-elles librement refuser de participer à la politique fédérale d’expulsion ?
En attendant la décision du tribunal, la déclaration des avocats de l’État constitue une victoire politique symbolique pour le maire Fernández et ses soutiens. Elle pourrait encourager d’autres villes à s’affranchir des pressions du gouverneur et à revoir leurs politiques locales.
“Cette affaire dépasse le simple cadre juridique”, a ajouté Me Alana Greer. “Elle concerne la protection de nos communautés, la séparation des pouvoirs et la capacité des villes à décider si elles veulent, oui ou non, participer à une machine d’expulsion qui détruit des familles.”
Pour l’heure, South Miami continue de rejeter les accusations selon lesquelles elle appliquerait une politique dite de “sanctuaire”, interdite par la loi de Floride. La ville affirme simplement vouloir “agir dans le respect du droit et des valeurs démocratiques locales”.
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