Le commissariat de Liancourt, dans le département de l’Artibonite, a de nouveau été pris pour cible lundi 15 septembre 2025 par des individus lourdement armés affiliés au gang Gran Grif de Savien. L’assaut, mené en pleine matinée, s’est soldé par l’incendie du bâtiment après plusieurs heures d’affrontements.
Selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et des témoignages recueillis sur place, les assaillants ont mis le feu au commissariat après avoir échangé des tirs nourris avec les agents de la Police nationale d’Haïti (PNH). Les policiers en poste ont dû battre en retraite pour échapper aux attaques. Aucun mort n’a été signalé parmi eux.
« Les terroristes du groupe criminel Gran Grif de l’Artibonite ont démoli le commissariat de Liancourt », a déclaré un habitant de la commune, exprimant son inquiétude face à l’absence de protection de l’État.
L’incendie du commissariat s’inscrit dans une série d’attaques récurrentes menées dans la région.
Début septembre, une opération policière à Liancourt avait entraîné la mort d’une dizaine de membres présumés du gang, la saisie d’une arme à feu et d’une motocyclette.
Mais les représailles ont été sanglantes. Le 22 juillet dernier, deux policiers et deux brigadiers de vigilance ont été assassinés lors d’une embuscade tendue par Gran Grif. Les assaillants avaient alors incendié un véhicule blindé de la PNH.
Depuis la nomination, le 23 août, du commissaire divisionnaire Jacques Ader à la tête de la direction départementale de la PNH, les gangs ont intensifié les actions violentes.
À Gros Morne, le 24 août, le gang Ti Bwadom avait massacré plusieurs habitants, malgré des changements opérés au sein du sous-commissariat local.
Un commissariat ciblé à plusieurs reprises
Le poste de Liancourt avait déjà été attaqué par les groupes criminels sous l’ancien directeur départemental de l’Artibonite, Paul Ménard Jean Louis, avant son transfert par l’ex-directeur général de la PNH, Normil Rameau.
À l’époque, les forces de police, appuyées par des contingents kényans de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), avaient réussi à reprendre le contrôle du bâtiment. Mais la nouvelle attaque témoigne de la fragilité du dispositif sécuritaire.
Dans le bas Artibonite, Gran Grif poursuit également ses exactions contre la population civile. Ce lundi, plusieurs maisons ont été incendiées par le groupe.
Les habitants de Liancourt dénoncent une situation intenable et appellent une nouvelle fois l’État à intervenir. Ils réclament l’envoi urgent de matériel et de renforts à la direction départementale pour permettre des opérations plus efficaces contre les gangs.
Cette insécurité croissante pèse également sur la rentrée scolaire, fixée au 1er octobre par le ministère de l’Éducation nationale. Nombre de parents et d’enseignants expriment leurs doutes quant à la possibilité du retour des élèves dans les classes dans un contexte où la violence armée continue de menacer la vie quotidienne.
Jamesson JN BAPTISTE
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