Le ciel de Port-au-Prince demeure fermé aux avions américains.
L’Administration fédérale de l’aviation (FAA) des États-Unis a annoncé, vendredi 5 septembre 2025, la prolongation de son interdiction des vols commerciaux en direction de Port-au-Prince. Initialement prévue pour expirer le 8 septembre 2025, la mesure restera en vigueur jusqu’au 7 mars 2026, renforçant l’isolement de la capitale haïtienne.
Concrètement, les compagnies aériennes américaines n’ont pas l’autorisation de voler en dessous de 10 000 pieds dans l’espace aérien de Port-au-Prince. Cette interdiction concerne exclusivement l’aéroport international Toussaint Louverture, jugé trop exposé aux risques sécuritaires.
La FAA justifie sa décision par la persistance d’un climat de violence, marqué notamment par la présence de la coalition criminelle « Viv Ansanm », récemment désignée par le Département d’État américain comme une organisation terroriste mondiale et étrangère et dont les têtes de certains chefs sont mises à prix. Malgré le déploiement de la force multinationale dirigée par le Kenya, les autorités américaines estiment que les gangs armés restent capables de menacer les zones autour de l’aéroport.
Dans son communiqué, la FAA souligne que les groupes criminels disposent toujours d’armes légères et de drones capables d’atteindre des phases de vol à basse altitude, ce qui accroît les risques pour les appareils civils. L’agence ajoute que les forces de sécurité haïtiennes et multinationales, confrontées à un manque de moyens humains et logistiques, ne sont pas en mesure de garantir une protection suffisante des couloirs aériens autour de la capitale.
Une interdiction en vigueur depuis près d’un an
La première suspension avait été imposée en novembre 2024, après qu’au moins deux avions commerciaux américains eurent rapporté avoir été touchés par des tirs en approchant de l’aéroport Toussaint Louverture. Depuis, l’interdiction a été régulièrement reconduite, coupant Port-au-Prince des principales compagnies américaines, dont American Airlines, Spirit Airlines et JetBlue.
Ces transporteurs ont suspendu leurs dessertes « jusqu’à nouvel ordre », invoquant des préoccupations majeures liées à la sécurité de leurs passagers et de leurs équipages. Dans une note publiée le 6 mars dernier, JetBlue avait déjà confirmé que ses vols vers Port-au-Prince resteraient interrompus au moins jusqu’au 11 juin 2025. Désormais, la perspective d’un retour est encore repoussée de plusieurs mois.
*Cap-Haïtien, unique alternative commerciale*
Face à la fermeture de Port-au-Prince, l’aéroport international du Cap-Haïtien demeure la seule porte d’entrée aérienne reliant directement Haïti aux États-Unis par des vols commerciaux. La compagnie haïtienne Sunrise Airways et d’autres transporteurs de moindre envergure assurent encore quelques liaisons, mais la capacité reste limitée.
Les autorités haïtiennes avaient pourtant tenté d’élargir l’offre. En mars dernier, le gouvernement avait inauguré l’extension de la piste de l’aéroport Antoine Simon des Cayes, désormais apte à accueillir des vols internationaux. Mais depuis, un seul vol d’essai a été effectué par la compagnie IBC Airways en provenance de Miami, le jeudi 12 juin dernier.
De même, des travaux similaires avaient été finalisés en janvier 2025 à l’aéroport de Jacmel. Ces initiatives visent à désenclaver le pays, mais leur impact reste pour l’instant marginal.
Une capitale coupée du monde
Pour de nombreux Haïtiens, cette prolongation de l’interdiction renforce le sentiment d’isolement. Alors que Port-au-Prince concentre la majorité des activités économiques, politiques et diplomatiques, son aéroport international reste inaccessible aux grandes compagnies.
Dans ce contexte, Sunrise Airways demeure l’une des rares compagnies à assurer une connexion directe entre Haïti et les États-Unis depuis le Cap-Haïtien, tandis que beaucoup de voyageurs sont contraints de passer par d’autres pays, au prix de trajets plus longs et plus coûteux.
Une situation sans issue à court terme
Alors que la mesure doit rester en vigueur au moins jusqu’en mars 2026, on n’entrevoit pas d’amélioration rapide. Le renforcement des gangs armés, les obstacles de la force multinationale et les difficultés persistantes des forces haïtiennes laissent craindre que les risques pour l’aviation civile perdurent bien au-delà de la nouvelle échéance fixée par la FAA.
En attendant, Port-au-Prince reste coupée du ciel, prisonnière d’une insécurité qui décourage les compagnies aériennes. Cette fermeture prolongée isole un peu plus la capitale haïtienne, déjà paralysée par les violences urbaines, et prive la diaspora d’un lien direct avec son pays d’origine. Un isolement qui pèse lourdement sur la mobilité des citoyens, fragilise davantage les échanges économiques et accentue la dépendance du pays vis-à-vis de ses maigres alternatives aériennes.
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