Sous pression face aux critiques liées aux arrestations massives d’immigrants en situation irrégulière, l’administration Trump tente de rectifier le tir.
La Maison-Blanche a annoncé jeudi un nouveau programme de délivrance accélérée de visas pour les travailleurs immigrants, destiné à répondre aux besoins de main-d’œuvre dans les secteurs agricoles et alimentaires… tout en martelant qu’il ne s’agit pas d’une amnistie.
« Ce n’est pas une amnistie. Personne entré illégalement ne se verra offrir la citoyenneté ni une carte de résidence », a insisté un haut responsable de l’administration cité par Axios.
Concrètement, le programme vise à accélérer la délivrance de visas de travail temporaire pour les étrangers souhaitant venir travailler aux États-Unis, à condition qu’ils fassent leur demande depuis leur pays d’origine. L’Office of Immigration Policy a été chargé de superviser cette initiative, avec pour objectif affiché de rationaliser le système et de réduire la dépendance au travail clandestin.
La secrétaire au Travail, Lori Chavez-DeRemer, a salué la mesure dans un message publié sur X : « Le USDOL agit pour que les services de l’emploi financés par le contribuable soient réservés aux travailleurs américains — pas aux immigrants en situation irrégulière », a rapporté Newsmax.
En coulisses, cette annonce semble répondre aux inquiétudes exprimées par le secteur agricole, où la pénurie de main-d’œuvre s’aggrave. Plusieurs exploitants ont averti que les récoltes risquaient de pourrir faute de travailleurs. Face à cette alerte, Donald Trump aurait demandé, à la mi-juin, à ICE de suspendre temporairement les descentes dans les fermes, hôtels, restaurants et abattoirs, selon des sources relayées par Reuters.
« Il n’était pas conscient de l’ampleur de l’offensive. Une fois informé, il a décidé d’y mettre un frein », a confié un proche du président à l’agence.
Ce revirement partiel intervient dans un contexte tendu, marqué par les critiques des démocrates et de certaines villes contre les descentes spectaculaires menées par l’ICE à Los Angeles et ailleurs. Même au sein du camp républicain, plusieurs élus appellent à cibler prioritairement les délinquants étrangers, plutôt que les simples travailleurs sans papiers.
La Maison-Blanche tente donc de maintenir une ligne dure sur l’immigration illégale, tout en ménageant les besoins économiques de secteurs dépendants de la main-d’œuvre étrangère.
Reste à savoir si cette mesure suffira à calmer les tensions ou si elle sera perçue, des deux côtés du spectre politique, comme une concession trop molle — ou trop hypocrite.
Par Emmanuel Paul | D’après des faits rapportés par Newsmax et Reuters