La gouverneure du Massachusetts, Maura Healey, a annoncé vendredi la fermeture officielle de tous les hôtels utilisés comme refuges d’urgence pour les familles sans abri, plusieurs mois avant le calendrier prévu. Elle a également mis fin à l’état d’urgence qu’elle avait déclaré en août 2023, ouvrant ainsi la voie à une série de réformes qui, selon elle, ont permis de réduire de manière significative la taille et le coût du système d’hébergement d’urgence de l’État.
« Lorsque nous avons pris nos fonctions, des familles étaient placées dans des hôtels partout à travers l’État, et certaines y restaient pendant des mois, voire des années. Il n’y avait aucun plan pour réformer le système afin de gérer l’augmentation de la demande, protéger l’argent des contribuables ou aider les familles à sortir de ces hébergements. Nous pouvons tous nous accorder à dire qu’un hôtel n’est pas un lieu pour élever une famille. Alors nous avons agi », a déclaré la gouverneure Healey dans un communiqué officiel.
Elle affirme que ces actions ont permis à son administration de réduire de manière tangible le nombre de familles hébergées. « Grâce à mes réformes et à nos efforts pour aider les familles à obtenir un emploi et un logement stable, il y a aujourd’hui moins de familles en hébergement qu’au moment de notre arrivée au pouvoir, et tous les hôtels-refuges sont désormais fermés – avec plusieurs mois d’avance sur le calendrier. Nous faisons économiser des centaines de millions de dollars aux contribuables et nous mettons les familles sur la voie de l’autonomie », a-t-elle ajouté.
Le secrétaire à l’Habitat et aux Communautés vivables, Ed Augustus, a salué le travail des équipes de première ligne et des prestataires de services.
« Nous sommes profondément reconnaissants envers les équipes de terrain dont le travail extraordinaire fait toute la différence pour les familles. Le dévouement de nos prestataires d’hébergement a permis à des milliers de familles d’avoir accès à un refuge sûr et au soutien nécessaire au moment où elles en avaient le plus besoin », a déclaré Augustus. Il a également exprimé sa gratitude envers les communautés locales qui ont soutenu l’effort.
Lorsque l’administration Healey-Driscoll est arrivée au pouvoir en 2023, elle a hérité d’un double défi : une augmentation sans précédent du nombre de familles demandant un hébergement d’urgence et un système d’hébergement mal adapté à une telle pression. En réponse, la gouverneure Healey avait déclaré l’état d’urgence et imposé une limite de 7 500 familles dans le système en 2023. Sans cette limite, les projections estimaient que le nombre de familles hébergées aurait atteint 13 000 à l’été 2024.
La gouverneure a également travaillé avec la législature de l’État pour réformer la loi du « droit à l’hébergement » (Right to Shelter). Les nouvelles dispositions incluent notamment une limite de six mois de séjour, l’obligation de prouver sa résidence dans le Massachusetts et l’exigence que tous les membres de la famille aient un statut migratoire légal, sauf exceptions limitées. D’autres réformes comprennent l’élargissement de la formation professionnelle, l’aide à la recherche d’emploi, l’augmentation de la gestion de cas pour favoriser l’accès à un logement stable, ainsi que la mise en place de vérifications obligatoires des antécédents criminels (CORI) pour tous les adultes avant leur entrée dans le système.
Selon le gouvernement du Massachusetts, ces réformes ont déjà produit des effets notables. Le nombre de familles hébergées est désormais inférieur à celui de janvier 2023, date de l’entrée en fonction de l’administration Healey. Tous les hôtels-refuges ont été fermés à partir de ce jeudi. Depuis le début de l’année 2025, environ 4 500 familles ont quitté le système d’hébergement, contre seulement 1 500 nouvelles entrées. Par ailleurs, entre 85 % et 90 % des familles qui demandent aujourd’hui un hébergement seraient des familles vivant depuis longtemps dans le Massachusetts.
L’usage d’hôtels comme solution d’hébergement d’urgence n’est pas nouveau dans l’État. En 2014, on recensait 1 500 familles logées dans des hôtels, faute de places suffisantes dans les refuges traditionnels. L’administration précédente avait recommencé à utiliser les hôtels dès 2022, face à une forte augmentation de la demande liée à la crise du logement, à l’absence de politiques fédérales efficaces sur l’immigration, et à un manque de garde-fous pour limiter l’expansion du système.
Outre les hôtels, deux structures temporaires, le refuge rapide de Norfolk situé dans l’ancien centre correctionnel Bay State, et celui de Chelsea, ont également été fermées.
L’administration Healey a indiqué que les réformes adoptées resteront en vigueur afin d’assurer la viabilité du système d’hébergement d’urgence à long terme, tout en protégeant les finances publiques.
« Ces réformes ont été essentielles pour apporter une réponse durable à une situation d’urgence, tout en redonnant de l’espoir et de la stabilité à des milliers de familles vulnérables », conclut le communiqué officiel.
Avec cette annonce, l’administration Healey affirme avoir non seulement repris le contrôle du système d’hébergement d’urgence, mais aussi posé les bases d’une politique plus durable pour les années à venir.
La fin de ce programme représente un revers majeur pour les communautés immigrantes du Massachusetts, qui en dépendaient largement.
Si certaines familles nouvellement arrivées avaient pu être accueillies dans des abris temporaires l’année dernière, d’autres, moins chanceuses, ont été contraintes de passer plusieurs semaines à dormir à l’aéroport Logan de Boston — une situation qui a suscité de vives critiques à l’encontre de la gouverneure, notamment de la part des élus républicains de l’État.