Kilmar Abrego Garcia et un autre immigrant illégalement expulsés pourraient bientôt retourner aux États-Unis

Emmanuel Paul
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Credit: Reuters

Des démarches seraient actuellement en cours auprès du Département d’État américain, en coordination avec le gouvernement salvadorien, pour organiser le retour de plusieurs immigrants expulsés sans respect des procédures légales, dont Kilmar Abrego Garcia.

Ce père de famille résidant dans le Maryland a été expulsé il y a plus d’un mois. Il est accusé par l’administration Trump d’avoir des liens avec le groupe criminel MS-13. Toutefois, aucun élément de preuve n’a été soumis pour étayer ces allégations.

Dans une interview accordée à ABC News il y a plusieurs semaines, le président Donald Trump avait laissé entendre que Kilmar Abrego Garcia pourrait revenir aux États-Unis très prochainement. « S’il est vraiment un homme honorable comme vous le dites, je le ferai », avait déclaré le président américain en réponse au journaliste qui lui demandait pourquoi il n’avait pas appelé son homologue salvadorien pour faire revenir Abrego Garcia.

Plusieurs juges fédéraux ont émis des injonctions à l’encontre de l’administration Trump, lui ordonnant de faciliter le retour de ce ressortissant salvadorien. La Cour suprême des États-Unis a elle aussi ordonné que M. Garcia soit rapatrié, mais il reste à ce jour incarcéré au Salvador.

Selon CBS News, le Département de la Justice a indiqué, dans des documents judiciaires déposés mercredi, que le gouvernement fédéral s’apprête à affréter un vol charter pour permettre le retour aux États-Unis d’un autre migrant expulsé sans respect du droit à une procédure régulière.

Ce migrant, identifié par les initiales O.C.G., a vu son retour ordonné par le juge fédéral Brian Murphy, qui a estimé que les garanties de procédure avaient été ignorées. « Ces étapes nécessaires, tout comme les appels à l’aide d’O.C.G., ont été ignorés », a écrit le juge dans sa décision, rapportée par le journaliste Jacob Rosen pour CBS News.

O.C.G., originaire du Guatemala, a déclaré avoir fui son pays après avoir été victime de violences à plusieurs reprises. Après une première expulsion en mars 2024, il est revenu aux États-Unis et s’est présenté aux autorités pour demander l’asile. En février 2025, un juge de l’immigration a reconnu le danger qu’il courait en cas de renvoi au Guatemala et a émis une mesure de « withholding of removal », interdisant son expulsion.

Malgré cette décision judiciaire, il aurait été placé dans un bus et transféré vers le Mexique deux jours plus tard. Selon ses avocats, il y avait déjà été enlevé et agressé sexuellement lors d’une tentative précédente de traversée. Le juge de l’immigration avait pourtant expressément statué que toute expulsion vers un pays tiers nécessitait des étapes supplémentaires,m a rapporté CBS News.

Depuis, O.C.G. a été expulsé du Mexique vers le Guatemala, où il se cacherait toujours.

L’administration Trump a fini par admettre que l’affirmation, faite sous serment, selon laquelle O.C.G. n’avait pas exprimé de crainte d’être renvoyé au Mexique, avait été soumise par erreur. Aucune déclaration crédible n’a pu venir confirmer cette version.

« La seule preuve présentée devant la Cour est donc l’affirmation non contestée d’O.C.G. selon laquelle il n’a reçu aucun préavis de son transfert vers le Mexique, ni aucune occasion d’exposer les dangers qu’il encourait », a écrit le juge Murphy dans son ordonnance de rapatriement.

Le juge a conclu qu « O.C.G. est vraisemblablement en mesure de démontrer que son expulsion a été menée en violation flagrante des principes du droit à une procédure équitable ».

Ces cas relancent le débat sur les pratiques de l’administration Trump en matière d’expulsion accélérée.

Plusieurs juges fédéraux ont exprimé des inquiétudes face à des décisions de renvoi prises en l’absence des garanties constitutionnelles élémentaires.

Sources : CBS News, ABC News

 

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