Jérémie sous les eaux : des inondations plongent la ville dans le désarroi

Darbouze Figaro

Des pluies diluviennes se sont abattues sur Jérémie (Sud’ouest d’Haïti) dans la nuit du 6 au 7 novembre, provoquant d’importants dégâts matériels et contraignant de nombreuses familles à la rue. Plusieurs quartiers, dont celui de Békeye, ont été durement touchés : maisons inondées, routes submergées et biens emportés par les eaux. Sur place, des habitants encore sous le choc tentent de décrire la violence de l’événement et d’évaluer l’ampleur des pertes.

« C’est une grande première dans l’histoire de la ville. Je n’ai jamais vu ça de ma vie », raconte une septuagénaire. Visiblement affectée par l’étendue des dégâts, elle pointe du doigt la déforestation et les constructions anarchiques qui obstruent les écoulements naturels de l’eau, qu’elle estime être à l’origine de la catastrophe.

Après les inondations, plusieurs dizaines de familles se sont retrouvées coincées dans la rue, sans abri ni ressources. Certaines ont profité de la visite de l’agent exécutif intérimaire, venu constater les dégâts, pour lui lancer un appel à l’aide urgent.

Conscient de la gravité de la situation, l’agent exécutif intérimaire Ronald Yassaint a reconnu l’étendue des dégâts et les pertes subies par les habitants. Sans faire de promesses immédiates, il s’est engagé à rapporter les constats à ses supérieurs afin que des mesures soient prises pour venir en aide aux sinistrés.

En attendant une réponse concrète des autorités, les habitants de Jérémie s’organisent comme ils peuvent, entre solidarité spontanée et profond désespoir. Pour beaucoup, ces inondations resteront comme un douloureux rappel des conséquences directes du manque d’aménagement urbain et de la fragilité environnementale de la région.

Ces inondations surviennent quelques jours après le passage de l’Ouragan Melissa sur le pays, et dont le dernier bilan officiel communiqué par la direction de la Protection civile (DPC) fait état de 43 morts, 21 blessés et 13 disparus à travers le pays.

La DPC rapporte que sept départements du pays ont été affectés par le passage de Melissa, avec des inondations signalées dans 31 communes.

« Des milliers de maisons ont été submergées, tandis que plusieurs infrastructures critiques, notamment la route nationale # 2, ont été temporairement bloquées par des débris », précise le rapport.

Les crues des rivières La Digue et Rivière Grise ont accentué les inondations, causant d’importants dommages agricoles, en particulier dans les départements du Sud et de la Grand’Anse. Les submersions côtières observées à Port-Salut et Anse-à-Pitre ont provoqué de nouveaux déplacements de population. Au total, 11 952 maisons inondées, 176 détruites et 4 257 endommagées, à des degrés divers”, détaillait le dernier rapport de la protection.

Face à l’ampleur de la tragédie, les autorités haïtiennes avaient décrété trois jours de deuil national, du 3 au 5 novembre, en mémoire des victimes. Un état d’urgence a également été décrété pour trois mois – du 3 novembre 2025 au 2 février 2026 –dans les zones les plus touchées, telles que le Sud, la Grand’anse, le Sud-est, les Nippes, l’Ouest et l’Artibonite, afin de « permettre une meilleure coordination des secours et des interventions d’urgence. »

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