Jean Wiltene Eugene, Américano-Haïtien,  reconnu coupable par la justice américaine de trafic d’armes à destination d’Haïti

Mederson Alcindor

Jean Wiltene Eugene, 57 ans, citoyen américain d’origine haïtienne vivant dans le Key West, en Floride, a été condamné mercredi à 30 mois de prison pour avoir organisé une opération illégale d’envoi d’armes à feu vers Haïti.

Né en Haïti et devenu citoyen américain, Jean Wiltene Eugene a également écopé d’une amende de 20 000 dollars et devra observer une période de liberté surveillée de 24 mois après sa peine d’incarcération.

L’annonce a été faite par Jeanine Ferris Pirro, procureure fédérale du district de Columbia, dans un communiqué officiel émis par le Bureau du procureur des États-Unis. Eugene avait plaidé coupable le 11 avril dernier à un chef d’accusation de contrebande, dans le cadre d’une enquête conjointe menée par le FBI, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF), ainsi que le Département du Commerce américain.

Selon les documents judiciaires, entre 2020 et 2021, Jean Wiltene Eugene a supervisé personnellement l’envoi de plusieurs véhicules à destination d’Haïti à travers une société d’exportation basée en Floride. Il y avait dissimulé plusieurs armes à feu, cachées dans des conteneurs remplis de nourriture et de marchandises diverses afin d’échapper à la détection des autorités douanières.

Fait aggravant : Eugene avait signé les déclarations d’exportation en affirmant faussement que les véhicules ne contenaient ni armes ni munitions, en violation directe de la loi sur la réforme du contrôle des exportations de 2018 (Export Control Reform Act) et du règlement sur l’administration des exportations (EAR).

Lors de son interrogatoire, Eugene a admis avoir envoyé deux véhicules contenant des armes à feu dissimulées vers Haïti. Il a également révélé que neuf armes achetées légalement à Key West sous son propre nom étaient entreposées à sa station-service en Haïti, précisant qu’aucune ne se trouvait encore sur le territoire américain.

Il a reconnu avoir agi en connaissance de cause, sachant que l’exportation d’armes vers Haïti sans licence délivrée par le Bureau de l’industrie et de la sécurité (BIS) était illégale.

Jean Wiltene Eugene a été arrêté le 4 mai 2024 à son domicile de Key West. Il risquait jusqu’à 10 ans de prison et 250 000 dollars d’amende selon les lois américaines. En plaidant coupable et en coopérant activement avec les enquêteurs, il a obtenu une peine réduite.

Le juge fédéral Carl J. Nichols a prononcé une peine de 30 mois de prison, suivie de deux ans de liberté surveillée. Il a également ordonné la confiscation de plusieurs biens liés à l’opération de trafic d’armes.

Cette affaire met en lumière la gravité du trafic d’armes à feu entre les États-Unis et Haïti, dans un contexte de violence endémique dans le pays. De nombreuses armes achetées légalement aux États-Unis sont détournées vers Haïti, où elles alimentent les activités des gangs armés, aggravant l’insécurité dans des zones sensibles comme Port-au-Prince et l’Artibonite.

Les autorités américaines affirment vouloir renforcer les contrôles à l’exportation et accroître leur coopération avec les autorités haïtiennes pour endiguer ce phénomène. Selon les procureurs, cette condamnation envoie un message clair : ceux qui contribuent à l’instabilité en Haïti par des actes illégaux sur le sol américain seront tenus responsables.

L’enquête a été menée par une task force fédérale regroupant le bureau du FBI à Miami, l’ATF, le Bureau du contrôle des exportations du Département du Commerce, et le Bureau du procureur des États-Unis pour le district sud de la Floride.

Le dossier a été instruit par les procureurs adjoints Kimberly Paschall, Beau Barnes, et l’ancienne procureure Pravallika Palacharla, tous membres de la Division de la sécurité nationale.

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Source: justice.gov

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